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Visite de MBS en Algérie : tapis rouge pour une poignée de dollars...

04-12-2018 11:42  Amel Benabi

Le prince héritier, vice-président duConseil des ministres et ministre de la Défense d’Arabie Saoudite, Mohammed BenSalmane (MBS) est reparti d’Alger comme il était arrivé ; c’est-à-dire lesbras ballants. Sa visite qui était déjà encombrante pour un prince qui trainecomme un gros boulet l’horrible liquidation du journaliste Jamal Kashoggi, estvisiblement mal goupillée.

Il se savait indésirable dans la majoritédes pays arabes qui ne rentrent pas dans la besace des Al Saoud notammentl’Algérie. Les médias se sont largement fait l’écho de la colère citoyenne devoir le commanditaire désigné par la CIA du meurtre de Kashoggi fouler la«terre d’un million et demi de martyrs».

Les réseaux sociaux ont servi dedéfouloir face à cet invité encombrant dont la visite est arrivée au trèsmauvais moment à tous points de vue.

Et ça n’a pas raté. Malgré le tapis rougeet tout l’attirail protocolaire mis en place, la visite de Mohamed Ben Selman afini par être casée dans la rubrique des faits divers. MBS savait évidemment qu’ilétait en territoire presque ennemis et qu’il allait traverser un champ demines.

Mais son désir de se débarrasser du sangde Kashoggi après l’avoir fait avec son cadavre pour se rendre fréquentable, ilétait obligé de faire ce déplacement en Algérie. Mais au final, que faut-ilretenir de ce crochet algérien de MBS ? Rien ou presque.

L’accueil du Premier ministre AhmedOuyahia à l’aéroport Houari Boumediene, un petit échange au palais dugouvernement, un simulacre de rencontre d’affaires puis direction l’aéroportpour dire adieu à un prince visiblement déçu et surtout « déchu ».

Sur un terrain miné

Tout ce tapage médiatique pour unrésultat aussi pitoyable en termes d’accords et de promessesd’investissements ? En effet les engagements financiers du royaume enAlgérie se limitent à une poignée de dollars qui couvrent à peine le séjour duprince et sa cour, ont ironisé certains observateurs.

On a parlé vaguement de cinq projets departenariat dans les secteurs des industries chimiques, des médicaments, de lapapeterie et de l’agro-alimentaire sans trop de précisions. Par contre il y alieu  de retenir l’inauguration de deux usinespour produire du papier hygiénique et des jus….

C’est dire que l’argent des Al Saoud necoule pas à flot en Algérie. Chiffres à l’appui, les échanges commerciaux entreles deux pays ne dépassent pas les 570 millions de dollars. Pas de quoiconsidérer le royaume des Al Saoud comme un partenaire stratégique dont leshommes d’affaires voulaient surtout forcer la main au  gouvernement pour supprimer la règle 51/49relative à l’investissement. L’un d’entre eux n’a d’ailleurs pas hésité àlancer devant les caméras : «l’appétit vient en mangeant».

Une déclaration insipide qui en dit longsur les réelles intentions de MBS et ses accompagnateurs à travers cettevisite. A titre de comparaison, en Tunisie ils ont laissé un chèque de 5,2milliards dollars entre aides et investissements au grand bonheur de Béji CaïdEssebssi qui n’en croyait pas ses yeux.

Une grippe qui tombe à pic

Ceci d’autant plus que la rue tunisoise aviolement vibré contre la venue de «l’assassin de Kashoggi», en réussissant même àécourter son séjour à seulement deux heures. Mais c’était tout de mêmesuffisant pour renflouer les caisses de la Tunisie. 

Chez nous, MBS n’a pas fait de cadeau. Ilest vrai qu’il n’en pas reçu non plus. Tablant sur un tête- à-tête avec leprésident Bouteflika pour soigner son image, une «grippe aigue» en a décidéautrement. Une grippe qui tombe à pic sommes-nous tentés d’écrire.

La présidence a informé le prince via uncommuniqué qu’il n’aurait pas cet insigne honneur. On ne sait évidemment pas s’ils’agissait d’une grippe réelle ou diplomatique. Quoi qu’il en soi, elle tombecomme un cheveu sur la soupe en ce sens qu’elle relancera à coups sûr lesspéculations sur la santé du président à cinq mois de la présidentielle. Unimprévu dont le pouvoir se serait passé volontiers.

Ce qui est en revanche certain, c'est qu’ily avait un malaise dans l’air froid d’Alger que la chaleur d’Arabie n’a puréchauffer. Il était écrit quelque part que les rapports entre Alger et Ryadcontinueront d’évoluer en dents de …scie.

Ceci bien qu’officiellement, on en serépand de part et d’autres en formules ronflantes qui célèbrent une «fraternité».Mais ces incantations sont souvent battues en brèche par les coups bas saoudienssur le marché pétrolier qui pénalisent l’Algérie et des positionnementsgéopolitiques du royaume aux antipodes des nôtres.

Fallait-il  alors attendre autre chose de la visite deMohamed Ben Salmane ? En tout état de cause, et aussi ratée que soit lavisite de MBS elle aura eu le mérite de remettre à jour le «BMS» diplomatiqueentre Alger et Ryad plus que jamais valable, même quand il fait beau chez nous.      



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