Algérie 1

Icon Collap
...

Visas refusés/Valls et Ayrault: La valse à deux temps

10-04-2016 17:58  Rafik Benasseur

La visite en Algérie du Premier ministre français, Manuel Valls, s’est plutôt très bien déroulée. On attendait que la polémique née du refus des autorités algériennes d’accorder le visa à deux journalistes du Monde et du petit journal de Canal+, pollue l’atmosphère, mais rien n y fait.

Valls tenait manifestement à ne pas céder à la pression médiatique française pour éviter de se mettre à dos un pays comme l’Algérie où les entreprises pouvaient décrocher d’importants contrats. Et il a vu juste, puisque pas moins de neuf contrats de coopération ont été signés aujourd‘hui au terme de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN).

C’est donc une visite très précieuse pour Manuel Valls qui a, subtilement botté en touche tous les sujets qui fâchent entre la France et l’Algérie, y compris l’incident du journal Monde. Pour autant, le Premier ministre français qui est soucieux de son image et de son opinion publique, a pris le soin de placer un mot pour ne pas être lynché à son retour à Paris. «J’ai déjà exprimé mes profonds regrets sur cette affaire» a-t-il glissé en conférence de presse avec Sellal, suggérant ainsi qu’il s’en est plaint auprès des responsables algériens.

«Les messages étaient passés, tournons-nous vers l’avenir», a ajouté Valls. Pour les médias français, le Premier ministre à fait ce qu’il avait à faire comme convenu en petit comité.

La parade opportuniste de Valls

«Moi je me suis exprimé, j’aurais l’occasion si vous m’interrogez de le redire, de regretter le refus de visas pour des journalistes français, s’est-il engagé devant les quelques journalistes français qui l’accompagnaient. Ce qui fut fait, puisque la question lui a été effectivement posée par un journaliste qui a lu un message de soutien à ses confrères, et Valls a fait sa petite mise au point.

Pour autant, il lui fallait désamorcer la bombe pour ne pas plomber les relations avec l’Algérie qui sont à ce point volatiles. « Valls a tôt fait d’inviter les journalistes français «à se tourner vers l’avenir». «Ce qui compte pour moi c’est cette vision stratégique que nous avons, qui est indispensable au vu des difficultés et des défis que nos pays connaissent», a-t-il lâché.

Ce ton plutôt conciliant du Premier ministre tranche sensiblement avec celui de son ministre des Affaires étrangères, Jean Marc Ayrault qui lui, ne s’est pas encombré de formules diplomatiques pour dénoncer une «atteinte à la liberté de la presse». «C’est toujours pour nous un drame de voir que des atteintes peuvent être portées à la liberté de la presse », a-t-il déclaré à l’AFP à son arrivée à Hiroshima (Japon) pour participer au G7 des Affaires étrangères.

Les mots sont forts de la part d’Ayrault, qui vient à peine de séjourner à Alger.

Réaction de dépit d’Ayrault

Il est vrai que l'ex Premier ministre français a reçu une volée de bois de la part de son homologue algérien Ramtane Lamamra la semaine dernière. «M. Ayrault est ministre depuis quelques semaines alors que le conflit Sahraoui dure depuis 40 ans… !», lui a-t-il asséné lors d’une conférence de presse conjointe. Décodé, le message de Lamamra suggère qu’Ayrault ne maitrise pas le dossier et que la France est responsable du blocage du processus de décolonisation du Sahara Occidental.

On peut donc comprendre le haut-le-cœur du MAE français qui a dû se sentir humilié à Alger. Dans le même temps, Les propos d’Ayrault permettent au gouvernement Valls d’obtenir son quitus de la part des médias français d’avoir critiqué la décision algérienne de refuser le visa aux journalistes français. En un mot ; Valls et Ayrault ont partagé les rôles pour gagner sur les deux tableaux.



Voir tous les articles de la catégorie "Actualité"