La violence faite aux femmes sous diverses formes est un phénomène qui ne cesse de se propager dans la société algérienne. En neuf mois, de janvier à septembre 2015, pas moins de 7.375 cas de mauvais traitements, ont été enregistrés, selon les chiffres de la Direction générale de la sûreté nationale.
Ces chiffres ont été avancés mercredi par la ministre de la Solidarité nationale, Mounia Meslem Si Ameur, lors de son passage à la radio. La ministre a fait une autre annonce d’une importance capitale, à, savoir la révision prochainement du fameux code de la famille. "Le code de la famille doit être revu, et un travail se fait actuellement dans ce sens au ministère de la Justice", a souligné la ministre.
Est-ce que ce travail aboutira ? La question reste posée car toutes les tentatives de faire bouger les choses, notamment à travers le combat des organisations féminines depuis plus de vingt ans, ont buté sur une opposition des islamistes tant au niveau du parlement que de la justice. Ce sont d’ailleurs ces forces islamo-conservatrices, au sein du Conseil de la nation qui bloquent toujours le projet de loi amendant et complétant le code pénal portant de nouvelles procédures inhérentes à la protection de la femme contre toutes les formes de violence. Mme Meslem affirme avoir eu "des assurances" quant à son adoption.
Pour rappel, les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) avaient adopté le 5 mars 2015 le projet en question. La séance de vote a été marquée par l'absence des députés des partis islamistes qui avaient appelé au retrait du projet estimant qu'il allait à l'encontre des principes et de la culture de la société algérienne.
Parmi les nouvelles dispositions de ce texte, actuellement bloqué au Sénat, un article portant sur la protection de l'épouse des coups et des blessures volontaires, provoquant un état d'invalidité ou causant l'amputation, la perte d'un membre, une invalidité permanente ou la mort de la victime, en introduisant des sanctions en fonction du préjudice. Le pardon de la victime met fin à toute poursuite judiciaire sauf dans certains cas.
Le projet de loi prévoit un autre article criminalisant toute forme d'agression, de violence verbale, psychologique ou maltraitance notamment en cas de récidive. La violence peut prendre plusieurs formes dont des agressions physiques n'entraînant pas forcement des blessures visibles. Par ailleurs, il a été procédé à l'amendement de l'article 330 du code pénal relatif à l'abandon de famille pour ne pas priver l'épouse de ses biens et ressources financières.