Daech, l'organisation criminelle constituée de légions de mercenaires venus du monde entier pour combattre en Irak et en Syrie, fait encore parler d'elle, non pas pour des "exploits" sanguinaires mais pour avoir décrété l'interdiction de porter des basquets Nike.
Ainsi donc, à Raqqa et à Hassaka, en Syrie, villes contrôlées depuis mars 2013 par les djihadistes de l'Etat islamique (EI), bien des comportements et des produits ont été interdits : cigarette, alcool, musique (à l'exception des chants religieux)... Depuis peu, certaines marques et inscriptions sont proscrites. Nike d'abord, non pas qu'il s'agit d'une marque occidentale mais parce que, selon les djihadistes, en arabe comme en français, le mot fait référence à l'acte sexuel...
En cause donc, une homophonie entre le nom de la marque et le mot arabe qui signifie avoir des rapports sexuels. Il est donc désormais interdit à tous de mettre, vendre ou acheter des articles de cette marque. Ceux qui en possèdent doivent les détruire rapidement. Les peines pour le "délit Nike" peuvent aller de l'emprisonnement à la flagellation, et dans certains cas, assorties d'amendes.
La semaine dernière, Daech a distribué aux commerçants de Raqqa et de Hassaka une fatwa sous forme de tracts les sommant de ne plus vendre ou porter certains vêtements. "Méfiez-vous les jeunes, les slogans des mécréants sont sur nos vêtements", peut-on lire sur sur le document qui contient un tableau listant les vêtements indésirables, accompagnés de courtes explications."
Gross, Croix, Crux, Vicar (vicaire en anglais) sont indésirables au motif qu'ils font référence à des termes religieux chrétiens. Les mots "whore" ("putain" en anglais), "vixen" (femme fatale), "bad boys" (mauvais garçon) ou encore "I'm a pretty bitch" qui pourraient figurer sur des vêtements sont bannis.
Nike, faudrait-il rappeler, est le nom de la déesse grecque ailée de la victoire dans le sport et dans la guerre. Une divinité dont les qualités ont inspiré les créateurs de la marque Bill Bowerman et Phil Knight en 1964.