Algérie 1

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Un pays en panne

13-01-2011 08:54  Khidr Ali

Grand branle- bas de combat depuis la fin des émeutes sur le front des prix des produits alimentaires. Baisse des prix, exonération de taxes, subvention,  plafonnement, guerre de chiffres, État régulateur, les grossistes  sur le ban des accusés,  mise en demeure à  un producteur soupçonné  d’avoir une position monopolistique, un ministre du commerce qui communique d’une manière pléthorique, des contrôleurs des services de répression des fraudes qui se manifestent aux bons  souvenirs des producteurs, importateurs et autres grossistes.

Le sucre et l’huile sont devenus des super stars et occupent le haut du pavé. Pathétique tout ce cirque. On a réduit l’algérien à un tube digestif. Bouffe et tais toi. La facture alimentaire, de l’ordre de 6 milliards de dollars, n’a pas d’équivalent dans le monde.  Les leçons de la révolte qui a faillit emporter le pays sont entrain de se perdre dans ce tohu-bohu. N’étaient-ce les pillages et les saccages qui ont provoqué une grande inquiétude dans la population, le mouvement se serait amplifié jusqu’à faire tomber le pouvoir en place.

Celui-ci, tétanisé par la tournure prise par les évènements,  s’est confiné dans un silence absolument révélateur de son incapacité à trouver ses marques et à répondre dans le vif aux impératifs immédiats. Le Président de la république, pourtant fin politicien et grand tribun, avait une occasion en or de botter les obstacles et de confier à une nouvelle équipe le soin d’insuffler de vraies réformes  qui corrigeraient toutes les politiques appliquées qui ont  fait  manquer à notre pays le train de l'expansion économique et industrielle.

C’était aussi l’occasion de bouger les lignes, de siffler la fin de la récréation, de stabiliser les émotions, de  rétablir la confiance et mettre un terme au manque de repères qui ont déboussolé les algériens. Or  rien de tout cela ne s’est produit. Le président n’avait aucune alternative, il était absent de son pays, absent de son peuple, absent des  préoccupations de ces jeunes qui criaient leur désespoir, absent et sourd à l’attente de millions d’algériens qui scrutaient un geste, une parole vainement et ne comprenaient pas cette attitude.

Le premier ministre, quant à lui, d’habitude si éloquent, si emphatique, si grandiloquent, si sentencieux  s’est tout d’un coup vaporisé en faisant pschitt. Disparu ou caché qu’importe, ça ne pouvait pas être pire.

Le pays est en panne et le peuple n’arrête pas de se poser les mêmes questions, pourquoi et comment en est-t-on arrivé là, pourquoi le pays ne démarre pas, pourquoi les mêmes insuffisances, pourquoi l’école s’est éloignée des standards internationaux, pourquoi ne lui offre-t-on que la mal vie, pourquoi les cadres n’ont-ils pour objectif que de quitter le pays, pourquoi les jeunes n’ont-ils pour espoir que de traverser la mer, pourquoi ne lance-t-on pas des réformes audacieuses du système bancaire, de l’école, de l’administration… et déterminer définitivement l’orientation économique en corrigeant les erreurs qui n’arrêtent pas de se renouveler...

Comme le pouvoir n’a pas de réponses, la question qui se pose aujourd’hui n’est pas de savoir s’il y aura des émeutes mais quand auront lieu les prochaines.



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