Des policiers, environ 200 à 250 continuaient de se rassembler jeudi devant l’esplanade de la Présidence, dont l’édifice est protégé par des grilles métalliques et des militaires armes au poing. Les militaires, visiblement sur les dents, ordonnaient aux passants qui traversent la place d’El Mouradia (quartier ou se trouvent la présidence) de ne pas s’arrêter et surtout de ne pas faire usage de leurs téléphones portables pour prendre des photos du rassemblement. « Eloigner-vous ! Circulez ! la manifestation est terminée », ordonnent t-ils auprès des badauds qui voulaient s’approcher.Les policiers, quant à eux étaient éparpillés en groupes sur le trottoir, devant le jardin de l’ex siége des ministères des affaires étrangères. Trois bus de couleur blanche sont justement alignés devant ce jardinet, portes ouvertes, mis à la disposition des policiers récalcitrants qui hésitaient encore à rejoindre leurs casernes. « On hésite encore à quitter les lieux, car nous ne sommes pas convaincus par les promesses du Premier ministre et surtout, il n’est pas question de faire marche arrière sur la revendication du départ du général Hamel (patron de la police) », raconte un de ces jeunes policiers frondeurs croisé à sa sortie d’un kiosque à journaux.
« Le départ du directeur général de la Sureté nationale est une question politique qui reléve des compétences du président Bouteflika qui m’a donné des instructions pour prendre en charge les préoccupations exprimées par les policiers » avait déclaré mercredi soir Abdélmalek Sellal, après une réunion de trois heures au siège de la Présidence avec les représentants des délégués des manifestants.
Si Abdélmalek Sellal s’est gardé de prendre le moindre engagement au sujet du sort du patron de la police, il a promis en revanche de prendre « rapidement en charge » les revendications socio professionnelles, comme les augmentations des salaires, l’avancement, le réaménagement du rythme de travail, les primes de zone, les années de services dans le sud ».Un conseil interministériel doit se tenir dimanche prochain pour mettre sur la table les doléances socioprofessionnelles des policiers avait encore annoncé mercredi Sellal qui, avait également exprimé une réserve par rapport à la création d’un syndicat de policiers, suggérant à sa place « une commission nationale ».
Jeudi, la presse algérienne, dans sa totalité a fait ses « une » sur cet événement inédit dans l’histoire de l’Algérie, alors que les éditorialistes et les experts interrogés font le lien entre la grève de la police et le malaise au sommet de l’Etat du fait de l’absence du président Bouteflika. « La guerre pour la succession est déjà commencée et chaque partie cherche à désarçonner l’adversaire et la façon dont est gérée cette fronde est un aveu d’une vacance du pouvoir », écrit Liberté dans son édito.
« Le pouvoir est agité par une course à la succession », estime pour sa part l’universitaire Nasser Djabi dans un entretien au journal El Watan qui parle aussi de « grave crise au serail au moment où le président est affaibli » En revanche, le journal Ennahar a barré sa « une » avec une manchette : « retour aux casernes ».