Un ancien gendarme installé en France a confié, samedi, avoir été torturé par deux anciens adjoints du maire de Relizane durant l'année 1995 en pleine guerre contre le terrorisme. Sous un pseudo prénom, Yassine(69 ans) a relaté son témoignage dans les colonnes du quotidien français Le Parisien.
Alors qu'il venait de prendre sa retraite au début de l'année 1995, on lui avait proposé de faire partie des groupes de légitime défense (GLD) pour lutter contre les groupes armés terroristes mais il avait refusé.
Son refus, toujours selon cet ancien gendarme, lui a coûté son enlèvement à l’aube du 17 février 1995 de son domicile sis Jdiouia (35 km de Relizane) avant d'être conduit vers un "sous-sol du département du renseignement et de la sécurité"(DRS) à Relizane. Parmi ses "bourreaux", il a confié avoir reconnu "Hocine et Abdelkader Mohamed, ex-adjoints du maire de Relizane" membres des GLD.
Il raconte que cette nuit là vers 5 heures du matin il est poussé dans "une 405 gris métallisée, qui rejoint un convoi de véhicules où se trouvent d’autres personnes enlevées, direction Relizane. Au bout de six kilomètres, la voiture s’arrête à une station-service pour prendre un jerrican d’essence : "Elle servira à vous brûler", lui lance l’un de ses bourreaux".
Toujours selon Yassine, à Relizane, les détenus sont emmenés au sous-sol du département du renseignement et de la sécurité. Après deux jours sans nourriture, enfermés dans des cellules gelées en plein ramadan, l’un des miliciens prévient ses prisonniers : « C’est vendredi, la journée du bon Dieu, mais demain, on s’occupe de vous".
Toujours selon cet ancien gendarme, chaque jour, une victime est torturée. Le quatrième jour, deux détenus sont libérés. Il les avait supplié d’indiquer à sa sœur le lieu précis de sa captivité bien que sa femme avait déjà alerté la gendarmerie.
Au cinquième jour, Yassine est torturé par Hocine Mohamed selon ses propos. Forcé d’avaler du détergent, battu à coups de barre de fer, brûlé à l’électricité, il perd connaissance : "Ils m’ont dit que demain ils en finiraient avec moi".
Sa remise en liberté, il la doit à un officier supérieur, qui venait de rencontrer le geôlier de Yassine au département du renseignement et de la sécurité.
Le même journal poursuit son récit en indiquant que même libre mais terrorisé à l’idée d’être tué à l’extérieur, l'ancien gendarme s'était enfermé deux semaines dans une chambre au rez-de-chaussée avant de réapparaître le 9 mars 1995.
Toutes ses tentatives de reprendre son cours normal de vie ont été vaines d'autant plus qu'il revoyait ses codétenus et aussi son tortionnaire, Hocine Mohamed, "qui baisse les yeux à son passage dans la rue".
Yassine reprend un travail dans la sécurité. "Au moins, j’étais toujours armé", raconte-t-il au journal LeParisien. Dès 1995, il portait plainte mais la loi d’amnistie générale promulguée par le président de la République Abdelaziz Bouteflika quatre ans plus tard mettait fin à sa plainte.
Ce n’est qu’en 2003, à Paris, où il vit qu’il découvrit à la télévision que plusieurs familles avaient porté plainte en France. Elles accusent les frères Mohamed d’avoir enlevé leur père ou leur fils. Yassine les avait alors rejoint pour faire aboutir leur plainte.
Il ne souhaite qu’une chose aujourd’hui, leur condamnation : « Même une nuit de prison. Ça suffit pour qu’ils réfléchissent à notre douleur".
Poursuites judiciaires
Pour rappel, deux anciens patriotes algériens, Hocine Mohamed et Abdelkader Mohamed, établis en France, font objet de poursuites judiciaires sur ordre d’une juge d’instruction qui les renvoyés devant la cour d’assises du Gard pour des « actes de torture » qu’ils auraient commis pendant les années de lutte contre le groupes armés terroristes criminels en Algérie.
Des associations parties civiles, qui oublient les exactions abominables perpétrées par des sanguinaires sans foi ni loi, ont annoncé, le mois dernier la réouverture de ce dossier puisque Hocine et Abdelkader Mohamed, deux frères résidant en France, avaient été mis déjà en examen en mars 2004 à Nîmes pour « tortures et actes de barbarie », des faits commis selon l’accusation dans la région de Relizane dans les années 90.
Des hommes vaillants et courageux
Pour rappel, Hocine Mohamed, occupait le poste de premier adjoint du président de la Délégation exécutive communale (DEC) de Relizane, et son frère, Abdelkader Mohamed, président de la Délégation exécutive communale (DEC) de H’madna étaient à la tête d’un groupe de patriotes qui luttaient contre les terroristes des GIA. Abdelkader Mohamed, habitait près de Nîmes, lorsque son père, en 1994, lui demande de revenir en Algérie pour participer au Groupe de Légitime Défense (GLD) de la wilaya de Relizane. Abdelakader n’hésite pas une seconde pour répondre à l’appel du devoir.
Il n’était du reste ni le premier ni le dernier puisque dès 1993, mais surtout à partir de 1994, des dizaines de milliers de civils ont été armés par les autorités algériennes afin de participer à la lutte anti-terroriste au nom de la légitime défense. Et c’est grâce à ces hommes vaillants et courageux et aux différents services de sécurité que l’Algérie a pu éradiquer les criminels assoiffés de sang qui ont opéré des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en procédant à des massacres à grande échelle contre les populations civiles au nom de l’Islam.
Alors que ceux qui sont à l’origine de ces procès n’ont jamais élevé, ne serait ce qu’une seule fois, la voix pour dénoncer ces exactions; bien au contraire ils introduisaient le doute avec leur fameux « qui tue qui » qui dédouanait en vérité les terroristes criminels de leurs méfaits.