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Tripartite du 5 juin : les cinq écueils à éviter

02-06-2016 07:57  Pr Abderrahmane Mebtoul

La réunion de la Tripartite, gouvernement, syndicats et patronat, à laquelle j'y suis invité en tant qu'expert indépendant, aura lieu le 5 juin à Alger. cette rencontre sera l'occasion de dépasser l’entropie actuelle, l'Algérie de 2016 à 2020 a besoin d’un sursaut national, une plus grande  moralité et une vision  stratégique pour l’avenir.

Pour ce faire, le gouvernement doit éviter cinq  écueils s’il veut apporter des solutions positives face à la crise financière que traverse le pays et susciter l’adhésion à la nécessaire nouvelle politique économique.

Premièrement, la Tripartie doit être conçue comme une institution de contrôle  des décisions prises, n’étant pas dans son rôle de formuler un  programme, (rôle des partis politiques),devant donc éviter toute confusion, il appartient au gouvernement de venir avec un plan stratégique cohérent pour convaincre les partenaires sociaux, quitte à introduire quelques corrections  grâce à un véritable dialogue social (1).

Deuxièmement,  il serait souhaitable de convier d’autres organisations syndicales autonomes avec lesquelles notamment les ministres du Travail, de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Santé sont déjà en contact permanent. La composante est la même depuis plus de deux décennies alors que l’environnement économique et social algérien a profondément changé, ce qui explique que les anciennes Tripartites ont eu peu d’effets face aux tensions sociales. D’autres forces sociales et économiques sont apparues depuis, devant en tenir compte, faute de quoi cela s’apparenterait à un monologue du pouvoir avec lui-même, sans impact pour la résolution concrète des problèmes économiques et sociaux.

Troisièmement, le gouvernement doit se démarquer d’une vision culturelle largement dépassée des années 1970, tant sur le plan politique, économique qu’en matière diplomatique. Nous sommes en 2016 avec des mutations géostratégiques considérables entre 2016/2020 qui préfigurent de profonds bouleversements géostratégiques.

Quatrièmement, éviter que la Tripartite soit un lieu de redistribution de la rente (parts de marché et avantages divers supportés par le Trésor public de ceux présents via la dépense publique) en fonction d’intérêts étroits. Car lorsqu’un pouvoir agit bureaucratiquement, sans concertation, sans tenir compte de la réelle composante sociale, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner en dehors de l’Etat officiel, se traduisant alors par un divorce croissant Etat/citoyens.

Cinquièmement, on ne relance pas l’activité économique  par décret ou des lois d’investissement sans objectifs stratégiques et une nette volonté politique,  (combien de codes d’investissement depuis l’indépendance politique) ou par le volontarisme étatique, vision de la mentalité bureaucratique rentière. C’est l’entreprise libérée de toutes les contraintes d’environnement ( la liberté d’entreprendre avec un  rôle stratégique à l’Etat régulateur fort, mais fort  de sa moralité),  et son fondement, le savoir, au sein d’une économie de plus en plus mondialisée à travers des stratégies de segments de filières internationalisées que l’Algérie peut créer une économie productive à forte valeur ajoutée.

L’on ne doit pas, en ce XXIe siècle avoir une vison matérielle, (l’ère strictement mécanique  étant dépassée) mais inscrire l’ensemble des segments économiques industrie/agriculture/tourisme, y compris la culture,  tenant compte des  nouvelles technologies qui révolutionnent  tant le management politique qu’économique, au sein  de nouvelles filières qui s’internationalisent de plus en plus, étant à l’ère  de  la mondialisation qui est une réalité concrète  et non une utopie.



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