La réunion tripartite dont les travaux s’ouvrent dimanche 5 juin sera l’occasion d’acter le nouveau plan économique du gouvernement, dans le cadre de sa stratégie de riposte à la crise économique. En vérité, ce modèle économique est élaboré, dans ses grandes lignes, par le Conseil économique et social (CNES) en 2014. C’est ce qu’explique, un de ses membres l’économiste Mustapha Mékidéche. Selon lui, ce modèle est basé sur six fondamentaux, à savoir : la ré-industrialisation, la rigueur budgétaire, la liquidation progressive des rentes et des activités informelles, la mise à plat du système des subventions, l'amélioration du climat des affaires et l'émergence d'un secteur privé national productif .
"Nous voyons bien que la résilience dont a fait preuve l'économie algérienne sous l'emprise de l'ancien modèle économique arrive, progressivement, à son extinction. L'essentiel, à présent, est dans la mise en œuvre effective de ce nouveau modèle car le temps nous est compté", avise-t-il. En effet, prévient cet expert, les enjeux de la prochaine Tripartite sont "existentiels" pour le pays et que "toute sous-estimation de l'ampleur et de la durée de la crise relève de l'irresponsabilité" surtout que les prévisions d'une remontée des cours autour de 70 à 80 dollars pour la fin 2016 ne relèvent, pour sa part, que de "spéculations non fondées".
Pour sa part, l'économiste Mohamed Chérif Belmihoub propose d'articuler le nouveau modèle économique autour de deux grands objectifs. "Nous sommes dans une situation de crise, et dans une telle situation, un modèle économique, ou plutôt une politique économique, doit viser deux objectifs principaux: une stabilisation financière par la rationalisation des dépenses et la maîtrise de la dérive du taux de change du dinar, et une dynamisation de la production nationale", indique-t-il à l'APS.
M. Belmihoub préconise, à ce titre, des propositions qui devraient former, selon lui, les grandes lignes d'une politique économique de sortie de crise. Il prône, tout d'abord, la limitation du déficit budgétaire à un certain niveau en rationalisant la dépense et en cherchant d'autres sources de financement, tout en maîtrisant l'inflation et en évitant une détérioration continue de la balance commerciale. Si les dépenses destinées à garantir le service public de l'Etat doivent être maintenues, cet universitaire suggère, en même temps, de contenir les "dépenses de prestige".
Sur le plan monétaire, il relève la nécessité de freiner la dévaluation continue de la monnaie nationale: "Notre économie n'est pas compétitive, et si nous poursuivons cette dévaluation du dinar, nous allons encore réduire cette compétitivité car notre production, qui dépend des matières premières importées, sera plus chère". Quant à la mise en place d'une industrie performante, elle devrait passer par une liberté totale de l'investissement productif mais accompagnée de contrats de performance exigeant de l'investisseur la réalisation d'un certain nombre d'objectifs en contrepartie des facilitations accordées, insiste Belmihoub.