La mesure de suspension à l’importation de 851 produits devrait permettre à l’Algérie d'économiser un montant en devises de l'ordre de 1,5 milliard de dollars sur une année, a indiqué le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, dans un entretien accordé dimanche à l’APS.
"Nous espérons gagner 1,5 milliard dollars sur une année grâce à la suspension à l’importation des 851 produits comprenant 400 produits industriels dont l'importation avait coûté 1 milliard de dollars en 2016, et 451 produits agricoles et agroalimentaires", estime le ministre.
Concernant les craintes de certains opérateurs quant au risque de voir leurs activités entravées en raison de la suspension de l'importation de certains intrants, le ministre considère que s'il est légitime que ces derniers s'inquiètent, mais il n'en demeure pas moins qu'ils doivent savoir que "le but est de les protéger". "Ceux qui sont en train de contester cette mesure sont ceux qui activent dans des filières que nous avons totalement protégées puisque nous avons interdit l'importation du produit fini. Donc déjà, nous leur avons offert un marché sur un plateau", explique le ministre.
Plus explicite encore, M. Benmeradi relève que le problème dans l’économie nationale réside dans le fait que des opérateurs, par méconnaissance de ce qui est produit dans le pays ou pour des objectifs inavoués, préfèrent importer les intrants alors qu'un certain nombre est produit localement. Selon lui, de nombreux opérateurs ont réalisé des investissements mais sont restés dans l'aval de l'activité et ne remontent pas en amont pour développer les intrants locaux à quelques très rares exceptions.
Interrogé sur la difficulté d'endiguer les importations en dépit des différentes mesures prises durant ces toutes dernières années, M. Benmeradi explique qu’elles sont nombreuses dont, en premier, le système de subventions indirectes et involontaires des importations. En effet, explique-t-il, avec un taux de change tel qu'il est pratiqué actuellement, "l'Etat est en train de subventionner les importations dans le sens où les importateurs obtiennent, auprès des banques, des devises contre dinars à un prix qui n'est pas réel, c'est-à-dire ne reflétant pas la réelle parité entre le dinar et la devise. En plus, les produits importés sont très souvent subventionnés dans leur pays d'origine. Donc, il est préférable pour les opérateurs nationaux d'aller les acheter à l'étranger que de les produire localement".
La deuxième principale raison de la persistance des importations à un niveau élevé est l’incapacité du secteur industriel privé de réaliser la diversification et de contribuer, significativement, à la couverture de la demande nationale, détaille encore le ministre qui déplore la "très faible" production industrielle du pays.