Par Djamel Bouatta
Scénario totalement inédit dans les présidentielles françaises. Un an tout juste après avoir lancé son propre mouvement, le candidat d’’’En Marche’’, encore inconnu il y a deux ans, prend la tête du premier tour. A 39 ans, Emmanuel Macron est bien placé pour devenir le plus jeune Président de la Ve République française. Soulagement en France et un peu partout dans le monde, y compris chez nous.
Normalement c’est la ligne droite pour Emmanuel Macron. Le second tour des présidentielles françaises lui est acqui, selon tous les sondages. Les reports de voix en sa faveur ont plu dimanche soir à la proclamation des résultats de la première manche. Le locataire de l’Elysée, le socialiste François Hollande a téléphoné au gagnant du premier tour, dimanche soir, pour le féliciter.
Pas de suspense :
Hollande appelle à voter Macron qui ‘’bénéficie du soutien de la très grande majorité des français’’. Marine le Pen qui est passée de justesse devrait se contenter de son propre gisement électoral, qui ne dépasse pas les 23%. La gauche, tous courants confondus, a immédiatement annoncé, refaire son coup de 2002 lorsque elle a voté Jacques Chirac, même en se bouchant le nez- pour briser le rêve des Le Pen dont le père avait cloué au pilori le candidat socialiste, Lionel Jospin. Une partie de la droite traditionnelle, un tiers au moins, votera également pour Macron dont elle partage la vision sur le libéralisme et l’Europe.
Et puis, elle se déclare toujours républicaine. Le reste des ses électeurs se répartira entre Marine Le Pen et l’abstention. La droite, comme la gauche, va entrer dans une profonde crise identitaire dés lors que son candidat François Fillon avait fait montre de postures en tous points de vue ressemblantes à celle du Front national, notamment en ce qui concerne l’immigration du sud, l’Islam et la francité dont il a exclu les naturalisés, même de vieille souche, copiant sans retenue Marine Le Pen.
Le tocsin a d’ailleurs sonné au sein de la droite française dés l’annonce des résultats du premier tour. Comme chez les socialistes, ses jeunes ont commencé à tirer sur les vielles gardes appelant à des aggiornamentos. Au parti socialiste la bérézina est encore plus accentuée : son candidat a fait 6,5% ! C’est tout dire de la descente aux enfers du Mitterrandisme.
Au delà des personnes désignés pour la suite des présidentielles, le scrutin d’hier a également marque la fin du bipartisme à l’œuvre en France depuis Mitterrand, alternant la vie politique et institutionnelle comme un métronome, entre socialistes et la droite républicaine. Un séisme, un choc, selon les politologues français qui s’interrogent sur l’avenir de la cinquième république.
Premier test grandeur nature : les prochaines législatives
Que va faire Macron de sa ‘’France en marche’’ ? Un symbole, Un rassemblement, un parti! Beaucoup parmi les siens, les jeunes voudront certainement tâter la politique. Pour Macron qui avait fait le pari d’un positionnement ‘’ni gauche ni droite’’, les Français ont exprimé leur désir de ‘’renouvellement’’. Quant aux partis traditionnels, des partis de gouvernement depuis un demi siècle, qui sont laissés sur le carreau, ils essayeront de rebondir, a-t-on, d’ores et déjà, promis au sein de leurs états-majors.
L’arrivée à l’Elysée de Manuel Macron marquera un tournant dans les relations entre son pays et le notre. Des relations qu’Alger avait estimé sortir de leur froid cyclique avec l’arrivée au pouvoir de François Hollande, il n’en fut rien puisque les promesses de tourner la page sont restées au stade de promesses.
Emmanuel Macron a visité notre pays en février 2017, avant le début de sa campagne électorale, où il a qualifié le colonialisme de “crime contre l’humanité”, ‘’une vraie barbarie’’, soulevant de vives polémiques en France. Contrairement aux partis du gouvernement français, le leader d’’‘En Marche’’, a affirmé depuis Alger que Paris doit regarder en face en présentant aussi ses ‘’excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes”. Alger ne s’y est pas trompé lui réservant un accueil digne d’un chef d’Etat. Il a été reçu par les plus hautes autorités, le premier ministre et le ministre des affaires étrangères, sans compter les rencontres avec la société civile, les acteurs économiques et notamment le FCE, la puissante organisation patronale.
De son côté, en accordant à l’Algérie sa première visite au Maghreb de sa campagne électorale, le futur locataire de l’Elysée, entendait afficher la priorité qu’il accorde à l’axe Paris Alger. Maintenant si c’est Marine Le Pen qui sera élue, sait-on jamais, ça sera un autre scénario. La fille du tortionnaire de la guerre de l’indépendance et des nostalgiques de l’Algérie française va directement réduire drastiquement la libre-circulation entre l’Algérie et la France, s’attaquer à la communauté algérienne, évaluée à plus de deux millions de personnes. Pus de soins gratuits pour les étrangers, plus d’écoles gratuites pour leurs enfants. Les Algériens de France, les musulmans d’une manière générale, sont donc prévenus.