Algérie 1

Icon Collap
...

Du Palais du Gouvernement au Palais de Justice : Ahmed Ouyahia ou l’ironie du sort

30-04-2019 12:48  La rédaction

Oui, quel destin pour un homme quipensait depuis son entrée par effraction à la haute hiérarchie de l’Etat, qu’ilétait taillé pour être un jour Président de la république !

Ahmed Ouyahia qui nourrissait le douxrêve de monter du Palais Dr Saâdane à celui d’El Mouradia, est forcé dedescendre vers un autre palais pas très glorieux celui-là, le palais de justice,rue Abane Ramdane.

Sa chute est aussi météorique que fut sonascension fulgurante aux cimes du pouvoir.

Ce mardi, Ahmed Ouyahia tentaitvisiblement par son air martial, d’arborer une certaine dignité face àl’indignité de devoir répondre devant le procureur sur des soupçons dedilapidation de deniers publics et octroi d’avantages illégaux à ses «amis»hommes d’affaires.

Au fond de lui-même, il sait que la routelui est définitivement coupée pour remonter vers le haut. Alger estbouché.

Il y a de vrais barrages de la gendarmeriequi de temps à autres, acheminent avec leur paniers à salade, quelquesillustres corrompus vers la prison d’El Harrach.

Et de faux barrages que sont cescentaines voire ces milliers d’Algériens qui voient en Ahmed Ouyahia, lapersonnification crue du drame algérien.

Ce matin, l’homme qui conjuguaitl’arrogance à tous les tons, au faîte de son pouvoir, affichait profile bas. Avait-ille choix face à ces enfants du peuple qui étaient venus «saluer» l’hommele plus impopulaire de l’histoire de la Numidie depuis Massinissa.

Ils auraient voulu l’arroser de Cresylpour lui faire payer ses mots blessants et sa posture presque déshumanisée faceaux souffrances des haragas, des syndicats, et tous ceux que sa politique a missur le bas-côté de cette Algérie à deux vitesses.

Mais ils ont préféré user d’une «arme» dedestruction massive. Elle est froide, mais Dieu qu’elle est diablement efficace !Le pot de yaourt.

Ironie du sort, le yaourt à giclé tel unboomerang sur le visage de l’ex chef de l’exécutif à quatre reprises. Ce matin,Ouyahia a dû prendre toute la mesure du mal qu’il a causé aux petitesgens. 

Lui l’amateur des aphorismes d’El Anqa,ne pouvait rien contre cette coulée d’anathèmes qui se déversaient sur lui. Lasagesse populaire l’a quitté.

L’enfant du quartier Clos Salembier d’oùil puise son répertoire de la sagesse «chaâbi», a perdu ses racines. Il s’estdéculturé au fil de sa longue vie dans les allées lugubres du pouvoir, etl’univers sans aménité et sans pitié des gens qui le peuplent.

L’ivresse de la puissance ayant fait lereste chez un homme au profil presque inédit dans le paysage institutionneldepuis plus de tente ans.

En l’occurrence, Ahmed Ouyahia a connules sept vies, entre des chutes, des remontées et des rechutes. Mais il nedonne jamais l’impression d’avoir appris de ses déboires et de ses échecs.

Il ne soigne pas son image maculéed’arrogance, de dédain et parfois même de cynisme. Et, à l’échelle du petitpeuple qui n’aime pas être humilié, cela ne se pardonne pas.

Ouyahia est marqué du fer rouge quoiqu’ilfasse. Irrémédiablement. Presque personne ne le regrettera si d’aventure sondestin- qui lui  joue décidément demauvais tours- le mène tout droit vers le pénitencier d’El Harrach.

Il est comme un personnage de cinéma,cassant et repoussant, qui tire une fierté non dissimulée de faire le «sale boulot»et de dire l’indicible en croyant «servir mon pays qui m’a tout donné».

Vu sous cet angle, Ahmed Ouyahia est unbureaucrate froid, méchant et pas forcément compétent qui jouit de salégendaire obséquiosité devant ses chefs du moment en espérant qu’ils luirenvoient l’ascenseur un jour.

Mais ne voilà,-t-il pas qu’il estcontraint de prendre les escaliers et descendre au palais de justice pours’expliquer sur ses envies irrépressibles d’offrir des cadeaux à ces nouveauxriches qui ont volé l’argent de ces petites gens qui brandissent des pots deyaourt à sa face.

En attendant, l’issue de ce premier passagedevant la justice, le tribunal populaire a prononcé ce mardi une condamnationsans appel d’Ahmed Ouyahia.  La séanceest levée.  

   

.

     

 

 

 



Voir tous les articles de la catégorie "A la une"