Le malentendu entre Abdelmadjid Tebboune et Ali Haddad semble avoir été dépassé. Et tant mieux ! Mais à l’origine, il faut bien le reconnaitre, c’est le Premier ministre qui a fait preuve d’un manque de tact à l’égard du patron du FCE à l’école supérieure de la CNAS quand il a ordonné à son protocole de chasser Haddad de la salle.
En agissant de la sorte, Abdelmadjid Tebboune a sans doute cru, en toute bonne foi, appliquer à la lettre les instructions du président Bouteflika, qui lui avait demandé de mettre fin à l’irruption brutale des hommes d’affaires et des détenteurs d'argent sale dans la sphère politique, en particulier dans les institutions étatiques tant au niveau national, qu’à l’échelle des wilayas.
A l’inverse de ses prédécesseurs, Abdelmadjid Tebboune a eu le privilège d’être reçu par le président de la république en tête à tête lors de sa nomination. Aucun autre responsable, de quelque grade qu’il soit n’était présent à cette rencontre entre le président Bouteflika et Tebboune, choisi pour succéder à Abdelmalek Sellal, après cinq années de primature pendant lesquelles il avait donné, en toute loyauté, ce qu’il put.
Mais en demandant à Tebboune de faire la séparation entre les affaires et en particulier l'argent sale et la politique, le président Bouteflika, ne ciblait pas spécifiquement Ali Haddad. C’est le phénomène lui même et l’ampleur qu’il a prise, suscitant la grogne de l’opinion publique, qui s'est manifestée par une faible participation aux législatives du 4 mai, qui lui a été demandé de combattre.
Et l’humiliation dont Ali Haddad avait été l’objet, en tant que président du FCE, allié objectif du Gouvernement, n’a pas été appréciée d’où cette fameuse rencontre à l’hôtel Aurassi entre les organisations patronales avec le patron de l’UGTA. La présence de Abdelmadjid Sidi Said à cette rencontre "n’est pas une initiative personnelle", nous a-t-on assuré.
Au cimetière d’El Alia, où l’on a vu le frère du président, Said Bouteflika, échangeant avec des sourires ostensibles, avec Ali Haddad, c’est un message de soutien à ce dernier et une façon de signifier qu’il compte encore dans l’équation. Et lorsque Said Bouteflika est reparti en voiture avec à ses cotés Ali Haddad, c'est le boomerang que Tebboune avait lancé à l’école supérieure de la CNAS qui lui est revenu sur sa tête.
D’ailleurs à la rentrée on verra côte à côte Tebboune, Haddad et Sidi Said, dans le cadre de la tripartite prévue le 23 septembre, à l'initiative du président de la république lorsqu'il avait sifflé la fin de la récréation. Reste à savoir s’il s’agit d’une vraie réconciliation ou d’un faux arrangement.