Le premier ministre Abdelmalek Sellal a assuré, vendredi, que "le président est là et reçoit cet après-midi [jeudi 19 novembre] le premier ministre maltais. Je suis en liaison tous les jours avec lui. Il n’a pas quitté le pays. Son état de santé est toujours le même. Il suit les affaires du pays et donne ses instructions au jour le jour" en réponse à une question du journal français Le Monde sur les rumeurs selon lesquelles Bouteflika aurait récemment quitté l’Algérie pour se faire soigner en Europe.
Sellal, qui s'exprimait dans un entretien accordé au quotidien français dans son édition à paraître demain samedi, a soutenu que "le pays est dirigé par le président de la République. Je le sais car je suis son premier ministre. Les grandes décisions ne sont prises que par lui-même ou avec son assentiment. Il a la vision sur tout".
A la question si le fait que la dernière fois que Bouteflika s'était adressé au peuple algérien remonte au 12 mars 2012 ne soit pas une source de désarroi chez les Algériens, le premier ministre a souligné que "je me déplace beaucoup dans le pays. Tout le monde sait que le président a beaucoup fait pour le pays. Si aujourd’hui nous arrivons à faire face à une chute drastique de nos recettes [avec une perte de 40 % des recettes en dollars], c’est grâce à deux mesures prises par le président : la décision de rembourser notre dette par anticipation et celle de créer un fonds de réserve qui peut nous permettre de passer le cap sur trois à quatre années. A condition de prendre des mesures pour réduire nos importations et réorienter l’économie pour créer de la richesse en dehors des hydrocarbures".
Mieux, Sellal affirme dans le même entretien qu'il n'est pas "inquiet mais vigilant" par rapport à la situation économique du pays en soutenant que "Nous ne sommes pas dans la situation de crise des années 1980 où le pays était endetté et n’avait presque plus de réserves. Nous avons devant nous trois ou quatre ans. Il faut absolument que l’on réussisse le pari de la diversification économique".
A la question liée aux derniers attentats de Paris s'ils ne sont pas comparables à la décennie noire que l’Algérie a connue, le premier ministre a répondu que "nous avons vécu en Algérie ce qui se passe aujourd’hui dans certains pays, notamment en France. Nous connaissons bien cette question. Mais à l’époque nous étions, pour ainsi dire, seuls à combattre le terrorisme islamiste. Certaines théories – comme le " qui tue qui ? " – remettaient même en cause l’action du gouvernement. Mais nous avons mis un terme à ces violences".
Sellal n'a pas manqué d'avertir, dans le même sillage, que " si nous ne faisons rien en Libye, il y aura Daech aux portes de l’Europe" avant de préconiser "une réponse globale du monde civilisé face au phénomène Daech" et qu'"il est nécessaire que l’ensemble des pays jouent le jeu dans cette affaire, sinon nous n’arriverons pas à venir à bout de ces groupes. Voyez ce qui se passe en Syrie : ces différents pays qui agissent par mouvements interposés. Daech profite de ces divisions internationales et arrive, comble du comble, à exporter du pétrole pour acheter des armes. Ce sont des contradictions qu’il nous faut absolument dépasser".