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Soins à l’étranger : miroir de la faillite des hôpitaux algériens devenus des mouroirs collectifs

09-12-2018 14:06  Khidr Ali

La  France et l’Algérie ont signé en avril 2016 à Alger unprotocole annexe à la convention générale sur la sécurité sociale, relatif auxsoins de santé programmés dispensés en France, aux ressortissants algériensassurés sociaux et démunis non assurés sociaux résidant en Algérie.

Pour les algériens, rendus malades chroniques par leur système desanté, cette annonce faite il y a deux semaines a eul’effet d’un baume sur une plaie.  Denombreux affiliés à la CNAS ont cru comprendre que désormais ils peuvent allerse soigner en France. Que nenni!

Le communiqué de l’Ambassade de France, rendu public dimanche, vadoucher plus d’un parmi ceux qui ont eu la naïveté de rêver, de fantasmer surce protocole, qui n’est en définitive qu’un leurre mis en valeur par un effetd’annonce.

Les soins en France, en vertu de ces nouvelles dispositions, sontsoumis à un accord préalable de la CNAS.  En définitive, rien de bien nouveau parrapport à la loi déjà en vigueur qui pose pour tout transfert à l’étranger lafameuse prise en charge, un luxe accessible uniquement à la Nomenklatura du systèmeet sa progéniture.  

Le professeur Kamel Bouzid, ponte de l’oncologie à l’hôpitalMustapha à Alger n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer ce protocole qu’ilqualifie de « mépris pour le système de sons algérien ». Ajoutant qu’ en l’occurrence il s’agit d’un « outil de clientélisme qui vaprofiter à certains privilégiés du système ».

Nous comprenons la réaction du Pr Bouzid qui défend par patriotismele médecin algérien, lui-même prisonnier d’un système qui ne lui donne pas lesmoyens techniques pour exercer ses compétences qu’il est contraint d’aller monnayerailleurs. En France en particulier où les médecins algériens, toutesspécialités confondues font le bonheur des hôpitaux français, notamment dans cequ’on appelle « les désert médicaux ».

Une Faillite

Ce protocole qui prend à revers l’orgueil de nos médecins restésenvers et contre tout en Algérie, met tout de même en lumière la failliteavérée du système national de santé que ni les « lois d’orientation », nion ne sait combien d’ « états généraux de la santé » n’ont réussià guérir. Les hôpitaux algériens et c’est une lapalissade de le redire sont desmouroirs où les patients attendent de s’éteindre, à petit feu, fautede prise en charge adéquate.

Le seul hôpital de référence, si tant est que l’on puisse parlerde référence est l'hôpital Mustapha Bacha d’Alger, une ancienne caserne reconvertie du temps de la colonisation en structure hospitalière.

L’Algérie, ensoixante ans d’indépendance, et rien que depuis 1999, a dépensé pour son développement 1200 milliards de dollars sans avoir été en mesure de construire un hôpital dignede ce nom. Il est vrai que les boss du régime, tous présidents confondus, mêmepour des choses qui relèvent de la simple « bobologie », préfèrentprendre l’avion pour se faire soigner en France, prise en charge assurée.   

Dans les années soixante-dix, les tunisiens, les africains venaientfaire leurs études de médecine en Algérie pour retourner dans leurs pays. Aujourd’hui,le système de soins mauritanien, avec tout le respect pour ce pays frère estplus performant que le nôtre.  

Qant à la Tunisie, elle est devenue au fil des années, la premièredestination des algériens pour toutes sortes de pathologie, moyennant espècessonnantes et trébuchantes.  A Annaba,nous a-t-on indiqué, il existe des  « taxieurs »qui font quotidiennement des allers et retours à Tunis pour chercher des médicamentsintrouvables chez nous. Depuis quelques temps, c’est également leretour du cabas avec des trabendistes qui font rentrezr clandestinement desmédicaments de Turquie, de Jordanie, de Dubai, de Hong kong...

« Avec l’argent consacré pour la construction de la Grande mosquéed’Alger, c’est de quoi construire  dix hôpitaux ultramodernes pourle pays. Au lieu de soigner, on va donc  se mettre à prier à la Grande  Mosquée pour que lesalgériens ne tombent pas malades », ironise un spécialiste en rythmologieà l’hôpital Mustapha Bacha qui dénonce, en creux, la folie des grandeurs des pouvoirs publics.         



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