Les algériens sont désormais édifiés. Ils ne doivent pas rêver d’un prix du pétrole qui franchirait la barre des 70 dollars encore moins au-delà. Le royaume saoudien qui est le principal producteur au sein de l’OPEP et donc le régulateur des cours, n’est pas disposé à faire un effort supplémentaire qui ferait monter le baril à plus de 60 dollars.
C’est ce qu’a déclaré aujourd’hui son ministre l’Energie Khaled al-Faleh, lors des travaux du Congrès mondial de l’Energie qui se tient à Istanbul. «Nous voyons une convergence de l’offre et de la demande. Il n’est pas impensable qu’on arrivera à (un baril) à 60 dollars d’ici la fin de l’année », a-t-il estimé lors de son allocution au Congrès.
Mais attention, le ministre Saoudien prévient que son pays se soucie moins du prix du baril que de la quantité du brut à mettre sur le marché en fonction de la demande. «Ce n’est pas le prix que je regarde, mais plutôt l’offre et la demande », a-t-il précisé. Autrement dit, le royaume ne voudrait pas provoquer des soucis aux pays consommateurs du pétrole avec un baril cher même si son pays en profiterait.
L’OPEP doit selon lui «faire en sorte de ne pas trop resserrer (la production) afin de ne pas provoquer de choc sur le marché». Pourquoi donc ? «Nous ne voulons pas créer un choc sur le marché et déclencher un processus susceptible d’être nuisible», argumente-t-il. Par le «choc» le ministre saoudien entend bien sûr celui qu’accuseraient les importateurs de pétrole si d’aventure le cartel décidait de resserrer le plafond de production pour soutenir les prix.
Un cadeau de fin d’année
Bien que son pays soit lourdement impacté par la contraction de ses recettes à cause du baril au rabais, le patron du pétrole saoudien ne souhaite pour autant «nuire» aux intérêts des acheteurs… Le pétrole représente pourtant la principale source de revenus pour le royaume des Al Saoud. Mais Riyad a décidé de change de cap économique à travers un ambitieux plan de transformation économique orchestré par le vice-Prince héritier Mohammed ben Salmane. Un plan que les saoudiens ont décidé de faire aboutir quel que soit le prix du pétrole.
Khaled al-Faleh a affirmé en effet que le royaume «sera prêt à s’accommoder du prix quel qu’il soit». Il s’attend certes à une augmentation de la demande en pétrole sur le marché. Mais si la tendance s’inverse, «nous serons prêts à y faire face», c'est-à-dire résister à un baril pas cher et continuer le plan de transformation.
De fait, ce message s’adresse aux membres de l’OPEP moins costauds comme l’Algérie dont la déprime du marché pétrolier a contrarié gravement leurs plans d’investissements. Le royaume dispose d’une grande capacité de résilience par rapport à des pays comme l’Algérie ou le Venezuela qui sont mono exportateurs. Il y a au final une bonne et une moins bonne nouvelle. Le baril pourrait atteindre 60 dollars d’ici à la fin de l’année, mais il est illusoire de l’attendre au-delà de ce prix. Mais c’est déjà un petit acquis alors que le brut est descendu sous la barre des 30 dollars il y a quelques mois.