La ministre de l’éducation, Nouria Benghabrit devra faire preuve d’ingéniosité et de force de persuasion pour convaincre demain les syndicats autonomes d’annuler leur grève de deux jours prévue à partir de dimanche, (17 et 18) puis 24 et 25 de ce mois. La ministre devra en effet réunir demain une rencontre de la dernière chance pour tenter d’arracher l’accord avec les syndicats autonomes qui ne lâchent pas leur revendication de jouir de la retraite anticipée.
Pour ce faire, Mme Benghabrit va faire appel à son collègue du travail et la sécurité sociale, Mohamed El Ghazi ainsi que le directeur général de la caisse nationale des retraites (CNR) pour appuyer sa ligne de défense. Une mission qui s’annonce extrêmement difficile tant les 17 syndicats autonomes de l’éducation et de la santé sont plus que jamais soudés autour de leur revendication de voir le gouvernement céder sur la suppression de la retraite anticipée.
«Nous nous mobilisons pour la protection des droits des travailleurs de tous les secteurs. Notre démarche est en consensus avec d’autres formations conscientes des enjeux qui entourent l’emploi et les droits des travailleurs et nous n’abandonnerons pas avant d’arracher une rectification de cette aberration», précise Boualem Amoura, responsable du Satef.
Le ministre du travail en renfort
Il faut rappeler que Mme Benghabrit avait déjà organisé une première réunion avec l’intersyndicale en présence du DG de la CNR pour les sensibiliser sur les «dangers» qui pèseraient sur l’équilibre financier de cette caisse. «La retraite proportionnelle entraînera un sérieux préjudice pour les équilibres financiers de la CNR, d’autant plus que plus de 52% du nombre total de pensions de retraites directes sont servies aux retraités avant l’âge de 60 ans, soit une charge financière annuelle de plus de 405 milliards de dinars», avait plaidé le patron de la CNR.
Et d’ajouter que la retraite proportionnelle et sans condition d’âge a été instituée en 1997 «dans les circonstances particulières du programme d’ajustement structurel élaboré par le gouvernement suite à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).» Mais les syndicats n’ont pas été convaincus de ces arguments et ont renvoyé la balle au gouvernement de chercher d’autres moyens d’éviter les déséquilibres financiers de la CNR au lieu de supprimer carrément la retraite anticipée.
Les syndicats intraitables
Cette mesure contenue dans la code du travail, amendé par le gouvernement, est jugée attentatoire aux acquis sociaux des travailleurs par ces syndicats en plus de certaines disposions qui, selon eux, réduiraient les libertés. C’est dire que la réunion de demain risque de connaitre le même sort que la précédente en ce sens que l’intersyndicale ne semble pas décidée à lâcher du lest. Pis encore, la réunion risque de tourner court si la ministre s’entêtait a ramener à ses côtés les syndicats de l’éducation et de la santé affiliés à l’UGTA. Pour les syndicats grévistes, cela s’apparente à une diversion qui ne ferait qu’élargir le fossé entre eux et les pouvoirs publics. Quoi qu’il en soit, la réunion de demain s’annonce décisive et si les deux parties se séparent sans accord, les services publics (éducation et santé notamment) seront gravement impactés dimanche.