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Retraite anticipée : Sellal face à l’esbroufe des syndicats

23-06-2016 20:03  Abbès Zineb

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a profité de sa visite à Tiaret pour délivrer des messages politiques. A commencer par cette retraite anticipée dont la suppression, décidée lors de la Tripartite, est entrain de cristalliser les crispations dans le monde du travail. Bien que la décision est cautionnée par Sidi Said, le patron de la centrale syndicale, en tant que membre de la Tripartite, ce sont bien les travailleurs de l’UGTA qui sont les premiers à être vent debout contre cette décision, suivis par les syndicats autonomes.

En effet, au lendemain de l’annonce, des centaines de travailleurs ont observé un sit in de protestation. Une protestation qui est entrain de se propager aux secteurs de l’éducation, de la fonction publique, des collectivités locales. Les syndicats autonomes activant dans ces secteurs ont mis en garde le gouvernement contre la remise en cause de cette forme de retraite considérée comme « un acquis des travailleus », pour reprendre la formule des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba.

Le gouvernement doit faire un travail pédagogique

Face à la fronde que la décision de la Tripartite a provoquée, Abdelmalek Sellal a apporté un bémol en expliquant que « la disposition peut être allégée pour les métiers pénibles ».  Dans ce dossier, le gouvernement ne doit en aucun cas reculer, car la retraite sans conditions d’âge est une aberration algérienne. Elle a fait partie du paquet de mesures consécutives à l’application de la thérapie du FMI par l’Algérie, dans les années 90.

Oui, le gouvernement doit faire un travail de pédagogie pour expliquer le bienfondé de la mesure, qui fait courir un péril sur la pérennité de la caisse des retraites, mais il ne doit en aucun cas faire plus de concessions, car cela reviendrait à faire aveu d’un manque d’autorité devant les syndicats qui sont au demeurant dans leur rôle. D'autant que cette histoire de retraite sans conditions d’âge, qui ne concerne pourtant qu’une infime partie de la société, risque d’avoir des conséquences à l’avenir.

On se demande ce que fera le gouvernement quand il sera dans l’obligation d’annoncer des mesures impopulaires comme par exemple la fin des subventions généralisées qui concernent tout le peuple. Pourtant le gouvernement sera bientôt dans l’obligation de la faire à son corps défendant, faute de pouvoir continuer sa politique généreuse de soutien des prix tous azimuts. Tous les experts sont unanimes à ce sujet.

Plutôt que d'insister sur le caractère social de l’Etat, une option désormais intenable dans sa forme actuelle, le gouvernement doit se montrer intransigeant sur cette retraite, qui est au demeurant un luxe, en ce sens que la plupart des bénéficiaires, entament une seconde carrière dans le privé, ou un travail comme contractuels dans le public. Exception faite pour les personnes souffrant de maladies chroniques, qui relèvent de la Sécurité sociale.

Face aux syndicats autonomes qui font dans l’esbroufe, le Premier ministre doit assumer et pratiquer un discours de vérité. Un discours à la Churchill. On se souvient de ce fameux discours du Premier ministre britannique, au sortir de la seconde guerre mondiale, promettant aux anglais des larmes et du sang. Une vérité bien ordonnée, vaut mieux que des fausses espérances qui accouchent souvent d’insondables frustrations collectives, porteuses de désordre. Il faut dire la vérité aux algériens, sans euphémisme, sans litotes, sans mots couverts, comme l'a recommandé le président Bouteflika, lors du dernier Conseil des ministres.



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