Plusieurs fois annoncées par la presse, le remaniement du gouvernement Sellal a été rendu public cet après midi. Partiel, mais il n’est pas pour autant exempt de surprise.
A commencer par le ministère de l’Intérieur. Si tout le monde savait Tayeb Bélaiz partant depuis longtemps, pour des raisons de santé, pour les uns et incompatibilité politique avec Sellal pour d’autres; son successeur, c’est l’invité surprise de ce changement.
Abdelkader Ouali le juste retour
Alors que les observateurs de la scène politique algérienne attendaient de voir Abdelkader Ouali, un grand commis de l'Etat, hériter de ce maroquin qui lui sied comme un gant, pour être un fin connaisseur des affaires de la maison, et qui a été évincé de la manière la plus injuste lors du dernier remaniement en septembre 2013, c’est donc Noureddine Bédoui, qui se voit ainsi propulser à ce poste, après avoir été wali et un passage par le ministère de la formation professionnelle.
La malheureuse expérience de Sellal avec Belaiz l'a t-elle obligé de faire le choix du poulain qui obéit au doigt et à l’œil du chef ? c'est possible.
Cela étant, le choix de ce ministre qui a un profil technique pourrait se prêter à une lecture politique. Jusque-là, les ministres de l’intérieur ont été des proches du président Bouteflika ( Zerhouni , Dahou, Bélaiz), qui ont été des fers de lance dans ses quatre mandat successifs. Avec l’arrivée de Bédoui, on pourrait comprendre que ce département n’est plus aussi stratégique, du point de vue de la succession. Cela dit, l’Intérieur reste un département phare.
Autre départ marquant : celui de Youcef Yousfi. Pour son cas les choses sont claires. Il paie certainement pour la polémique autour du gaz de schiste qui a mis le gouvernement en grande difficulté avec une révolte dans le sud et une opposition qui a trouvé dans ce dossier très mal géré une occasion de se fédérer et surtout d’enfoncer un coin à l’exécutif qui a fait dans l’approximation, le cafouillage, et la cacophonie. Visiblement le plaidoyer de Louisa Hanoune pour Youcef Yousfi « ministre nationaliste », selon elle, n’a pas suffi pour son maintien.
Mohamed Djellab, a fait les frais de son incapacité à mettre en musique les orientations du président Bouteflika, en matière de gestion des finances, à l’ombre de l’effondrement des revenus pétroliers. Avec Benkhlafa, à la tête du ministère des finances, c’est la discipline bancaire, face à la mafia des importateurs et des barons du marché parallèle des devises. Benkhalfa a multiplié ces derniers temps les interventions médiatiques qui sont autant de pierres jetées dans le jardin de Djellab.
Parmi les départs phare, il y a aussi celui de Nécib et Nadia Labidi. Le premier s’est vu accusé d’avoir obtenu à son frère et son fils des hectares de terrain du côté de Khenchla, accusation contre laquelle il s’est défendu. Pour la désormais ex ministre de la culture, son départ était prévisible après tous les retards et les scandales qui ont accompagné Constantine capitale de la culture arabe, devenue « Constantine des scandales arabes ».
Mme Dedouri, pour les nouvelles technologies et Nouria Zerhouni, pour le tourisme, sont « remerciées » pour leur « incompétence avérée », selon leurs entourages respectifs. Amar Ghoul, bien que cité dans le scandale de l’autoroute Est-Ouest, reste dans le gouvernement même s’il hérite du portefeuille du tourisme, une sorte de voie de garage, souvent donnée à des ministres islamistes.
Pour ce qui est du départ de Tahmi, il est lié à l’échec de l’Algérie pour l’organisation de la coupe d’Afrique 2017. Cela en plus de ces prises de bec récurrentes avec Raouraoua , le président de la FAF. Lui aussi doit partir d’ailleurs, car il a sa part dans l’échéc.
C’est Abdelkader Khomri, qui revient succéder à Tahmi avec un retour au schéma classique de « jeunesse et sport ». Tahar Hadjar qui rêve depuis des années d’être ministre de l’enseignement supérieur réalise enfin son rêve, alors que son prédécesseur retourne à la formation professionnelle.