Le remaniement ministériel, opéré jeudi par le président Bouteflika, a connu lundi un prolongement inattendu. C’est que ce remaniement se caractérisait par une aberration constituant un précédent dans les annales de la diplomatie, qui obéit au critère de l’unicité de la représentation.
L’aberration, c’est une diplomatie à deux têtes : Lamamra comme ministre des affaires étrangères et Abdelkader Messahel, jusque-là, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères, chargé des relations maghrébines et africaines, devient ministre chargé des relations maghrébine et africaines et de la coopération internationale.
Une telle distribution des rôles entre les deux hommes a donné lieu à des gorges chaudes dans les chancelleries, à un déchaînement de dérision sur les réseaux sociaux, tout en créant un embarras auprès des ambassadeurs algériens qui ne savent plus à quel chef obéir, Lamamra ou Messahel ?
Le président Bouteflika, s’étant certainement rendu compte de la bourde qu’on lui a fait faire, a tenté de réparer les dégâts en procédant à la redéfinition du rôle au niveau des AE. Ainsi Ramtane Lamamra est rétabli dans son rôle de chef de la diplomatie avec rang de ministre d’Etat, le seul d’ailleurs, alors que dans le gouvernement sortant les ministre de l’intérieur et d e la Justice l’étaient aussi.
Quant à Messahel, il garde le titre de ministre en charge des affaires liées aux organisations régionales, à savoir le Maghreb, l’Union africaine et la Ligue arabe. Même si l’aberration est réparée, le mal est fait, car ce qui vient de se passer est une véritable forfaiture qui abîme un peu plus l’image de l’Algérie dans le monde.
Mais au-delà de l’image qui prend le coup, ce qui vient de se passer nous renseigne surtout sur la manière dont sont prises les décisions au sommet de l’Etat. Une manière emprunte de légèreté, de contradiction d’intérêts qui est en dernier ressort le signe d’une incompétence criarde.