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Remaniement : Les ministres limogés paient pour leur incompétence

11-06-2016 17:20  Khidr Ali

Le président Bouteflika a opéré samedi un remaniement ministériel partiel, du reste attendu par l’opinion publique, dès lors qu’il en a été question depuis l'adoption de la Constitution par le parlement réuni en ses deux chambres. Ce remaniement peut se lire au moins à deux niveaux : un niveau politique et un niveau technique.

En effet, les départs de Abderrahmane Benkhalfa et Salah Khebri, respectivement des finances et de l’énergie sont liés indéniablement à leurs échecs dans leurs départements. Benkhalfa, n’a pas mis longtemps à faire preuve de son incompétence dans le secteur des finances où il a échoué à mettre de l’ordre dans les finances publiques, à faire bouger les lignes dans le secteur bancaire, encore confiné dans des carcans bureaucratiques qui l’empêchent d’être au cœur de la réforme économique.

Malgré sa boulimie médiatique, Abderahmane Benkhalfa, n’a pas réussi à cacher un autre fiasco : le peu d’engouement public autant pour la bancarisation de l’argent de l’informel que l’emprunt obligataire sur lequel le gouvernement a pourtant beaucoup misé pour réduire le déficit budgétaire. Benkhalfa s’en va donc rejoindre son ami Mohamed Laksaci, président de la Banque d’Algérie, limogé dernièrement, et laisse sa place à Baba Ammi Hadji, un enfant du secteur qui connait bien le secteur financier.

Il sera secondé par Boudiaf Mouatassem, ministre délégué auprès du ministre des Finances, chargé de l'économie numérique et de la modernisation des systèmes financiers. Il faut dire aussi que Benkhalfa a cristallisé ces derniers temps des exaspérations politiques au point d’être d’ailleurs la cible de charges récurrentes de la part de Amar Saâdani, chef du FLN qui l’a traité dernièrement de « ministre incompétent ».

Salah Khébri est un peu dans le même cas de figure que Benkhalfa, même s’il n’est pas porté sur la communication. Salah Khébri, bombardé ministre de l’énergie, à l'étonnement général, après avoir été à la tête d’un institut du pétrole, donnait cette impression d’être perdu dans un département qui lui va trop grand. Avec la crise pétrolière, qui place le ministère de l’énergie en première ligne, Salah Khebri n’a pas pu être à la hauteur du défi.

Son remplaçant, Noureddine Bouterfa fera-t-il mieux ? Son profil de manager de Sonalgaz lui sera sans doute d’une grande utilité pour poser les fondements d’une transition énergétique, confinée jusque-là dans de belle formules discursives.

L’autre poids lourd qui quitte le gouvernement, c’est Amar Ghoul. Cela fait plus de seize ans qu’il est au gouvernement passant de la Pêche, au Travaux publics, le Transport et enfin le Tourisme. Le président de TAJ quitte le gouvernement en trainant à jamais les casseroles de l’autoroute Est/Ouest. Réputé proche de l’ex patron du DRS, dont il a essayé de se démarquer ces derniers temps, Ghoul aura désormais tout le loisir de s’adonner avec lui à d’interminables parties de football.

Le limogeage de Ghoul peut être aussi interprété comme un signal du président de la République au MSP pour le ramener dans le giron de la présidence. Ce n’est pas innocent que ces derniers temps Abderazak Makri, n’a pas cessé de faire un plaidoyer pour « un gouvernement d’union nationale ».

Cette éviction de Ghoul, président du parti TAJ après celui de Amara Benyounes, chef du MPA, doit déboucher sur un départ de Ahmed Ouyahia, nouveau SG du RND, du cabinet présidentiel, dans un souci de justice et d'équité d'autant que le patron du parti majoritaire, Amar Saâdani, n'occupe aucune fonction dans l'exécutif.

Quant à Tahar Khaoua, ministre chargé des relations avec le parlement, il a incontestablement payé pour son insubordination à l’égard de son secrétaire général Amar Saâdani contre lequel il même tenté, mais vainement, d’organiser une dissidence, allant jusqu'à tirer des plans sur la comète pour devenir secrétaire général du FLN alors qu'il ne dispose ni de troupes ni de l'aura nécessaire. Son ambition démesurée et l'inimitié de la majorité des députés à son égard, l'ont perdu à jamais.

Mme Eddalia Ghania, députée FLN, le remplacera au ministère des Relations avec le parlement. Amar Sâdani aura eu également raison de Sid Ahmed Ferroukhi, ministre de l’agriculture. Non seulement il a réussi à obtenir son départ du gouvernement en critiquant sa politique « archaïque et proche de la révolution agraire »mais il le fait remplacer par un proche à lui Abdesslam, Chelghoum, membre du Comité central du FLN.

Parmi les ministres toujours en poste, il y a lieu de relever le cas de Nouria Benghabrit, la ministre de l'Education Nationale, dont la tête a été demandée avec beaucoup d'insistance par les islamistes. Bouteflika lui maintient sa confiance malgré les fuites massives organisées par les mêmes milieux rétrogrades pour la discréditer.



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