Cette présente analyse est une synthèse de nombreuses contribuions parues au niveau national et international, notamment sur le site www.algerie1.com, sur la transition énergétique. La rencontre initiée par le FCE est une bonne initiative mais n’apprendra pas grand-chose au gouvernement et aux décideurs du pays qui ont été destinataires de nombreux rapports sur ce sujet parallèlement aux nombreuses contribution de nombreux experts (1). Il faut passer des discours aux actes. En effet , tenant compte de l’évolution des coûts croissants, des nouvelles mutations énergétiques mondiales et de la concurrence de nouveaux producteurs, des exportations et de la forte consommation intérieure induits par de nouveaux investissements dans le doublement des capacités des centrales électriques qui fonctionneront à partir des turbines de gaz, favorisé par des bas prix, l’Algérie sera importatrice de pétrole dans 10/ans et de gaz conventionnel dans 15 ans D’où l’importance, dès maintenant, de prévoir la transition énergétique que je résumerai en six axes directeurs
- Le premier axe est d’améliorer l’efficacité énergétique car comment peut –on programmer 2 millions de logements selon les anciennes normes de construction exigeant de fortes consommation d’énergie alors que les techniques moderne économisent 40 à 50% de la consommation ? . Par ailleurs s’impose une nouvelle politique des prix ( prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix international occasionnant un gaspille des ressources qui sont gelés transitoirement pour des raisons sociales. . A cet effet, une réflexion doit être engagé par le gouvernement algérien pour la création d’une chambre nationale de compensation, que toute subventions devra avoir l’aval du parlement pour plus de transparence, chambre devant réaliser un système de péréquation, segmentant les activités afin d’encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales, impliquant une nouvelle politique salariale.
-Le second axe, l’Algérie a décidé d’investir à l’amont pour de nouvelles découvertes. Mais pour la rentabilité de ces gisements tout dépendra du vecteur prix au niveau international et du cout, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables, posant le problème de la rentabilité des 100 milliards de dollars annoncés par le Ministère.
-Le troisième axe est le développement des énergies renouvelables devant combiner le thermique et le photovoltaïque dont le cout de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir. Or, avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. La production à grande échelle permettrait de réduire substantiellement les coûts tout en favorisant à l’aval une multitude de PMI-PME, renforçant le tissu industriel à partir des énergies propres (industries écologiques). La promotion des énergies renouvelables suppose des moyens financiers importants en investissement et en recherche-développement. Le fonds technologique pour les énergies renouvelables décidé en conseil des ministres dont le taux est passé de 0,5% à 1% de la rente des hydrocarbures devrait être revu à la hausse à 3% minimum afin de pouvoir permettre le soutien entre le tarif garanti permettant la rentabilité de l’investissement. Grâce aux recettes d’hydrocarbures alimentant ce Fonds, l’Algérie peut éviter de faire supporter ces investissements sur le consommateur à revenus faibles, à l’instar de l’Allemagne où la différence entre le prix garanti et celui du marché, est reportée sur les factures des consommateurs via une surtaxe, suite à sa décision de sortir du nucléaire d’ici à 2022. L’Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel, d’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. À cet effet, le CREG (l’agence de régulation) a annoncé la publication de décrets destinés à accompagner la mise en œuvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables. Des mesures incitatives sont prévues par une politique volontariste à travers l’octroi de subventions pour couvrir les surcoûts qu’il induit sur le système électrique national et la mise .en place d’un fonds national de maîtrise de l’énergie (FNME) pour assurer le financement de ces projets et octroyer des prêts non rémunérés et des garanties pour les emprunts effectués auprès des banques et des établissements financiers. Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation. D’ici 2030, l'objectif de l'Algérie serait de produire, 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Le montant de l’investissement public consacré par l’Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l’échéance 2030,qui était au départ fixé à 6O milliards de dollars s’élèverait, selon le Ministère de l’énergie, à 100 milliards de dollars. Le problème l’Algérie aura-t-elle les capacités d’absorption, la maitrise technologique pour éviter les surcouts, la maitrise du marché mondial et ne sera-t-il pas préférable de réaliser ces projets dans le cadre d’un partenariat public privé national, international et pourquoi pas dans le cadre de l’intégration de l’Afrique du Nord , pont entre l’Europe et l’Afrique, marché naturel du Maghreb et de l’Europe, continent à enjeux multiples qui horizon 2O3O/2040, tirera la croissance de l’économie mondiale.
- Le quatrième axe, l'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à une demande d'électricité galopante, selon le 19 mai 2013 du ministre de l'Énergie et des Mines, l'institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d'une capacité de 1.000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du Ministère de l'Énergie. La ressource humaine étant la clef à l’instar de la production de toutes les formes d’énergie et afin d’éviter cet exode de cerveaux massif que connait l'Algérie, le poste services avec la sortie de devises étant passé de 2 milliards de dollars en 2OO2 à 10/12 milliards entre 2O10/2015, dont une grande partie destinée au secteur hydrocarbures, Sonatrach se vidant de sa substance, il convient de résoudre le problème récurrent des chercheurs du nucléaire( cela s’applique à l’ensemble des chercheurs) qui depuis des années demandent l’éclaircissement de leur statut, la revalorisation de leur rémunération et surtout un environnement propice par la levée des obstacles bureaucratiques qui freinent la recherche.
- le cinquième axe, l’option du gaz de schiste introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures de 2013. En Algérie, devant éviter des positions tranchées pour ou contre, un large débat national s’impose, car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au Sud du pays. L’Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l’eau étant un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain, doit être opéré un arbitrage pour la consommation d’eau douce, (les nouvelles techniques peu consommatrices d’eau n’étant pas encore mises au point, malgré le recyclage, quel sera le coût, fonction de l’achat du savoir-faire), un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d’eau douce et être pris en compte les coûts (en plus de l’achat des brevets) devant forer plusieurs centaines de puits moyens pour un milliard de mètres cubes gazeux. Sans compter la durée courte de la vie de ces gisements et la nécessaire entente avec des pays riverains se partageant ces nappes.
-Le sixième axe, rentrant dans le cadre des résolutions de la COPE21 et de la COP22 est l’action climatique qui ne peut être conçue dans le cadre d’une Nation, impliquera une large concertation avec notamment les pays du Maghreb et de l’Afrique. D’une manière générale, pour le Maghreb dont l’Algérie, les ressources hydriques sont vulnérables aux variations climatiques. L’eau et sa gestion sont des problèmes conditionnant son avenir, le volume maximal d’eau mobilisable étant déficitaire d’ici à 2020 selon Femise (réseau euro-méditerranéen sur la région MENA. Dans la région du Maghreb, les effets négatifs toucheront la production de légumes dont les rendements diminueraient de 10 à 30 % et une baisse du blé à près de 40%. Ainsi, le changement climatique pourrait entraîner une véritable crise migratoire, l’or bleu, enjeu du XXIème siècle qui non résolu pouvant provoquer des guerres planétaires.
En résumé, la transition pouvant être définie comme le passage d’une civilisation humaine
(1) Synthèse des interventions du professeur Abderrahmane MEBTOUL membre de plusieurs institutions internationales sur l’énergie- –expert international- (directeur d‘études Ministère Energie Sonatrach 1974-1979-1990-1995- 2000-2007) -conférence devant le parlement européen octobre 2013 sur "le Maghreb face aux enjeux géostratégiques" - au séminaire international organisé par l’institution de la coopération allemande au développement (GIZ) le 17 octobre 2012 et sa conférence au Sénat français « l’Algérie face à la transition énergétique mondiale » ( décembre 2013) – voir deux importantes adits réalisés par le professeur Mebtoul assisté des cades de Sonatrach et d’experts nationaux et internationaux dont le bureau d ‘Etudes américain Ernest Young « le prix , la problématique de subventions des carburants dans un environnent concurrentiel ( 10 volumes Ministère Energie Alger- 2008) – audit pour le gouvernement « sur la stratégie pétrolière et gazière en Algérie , pétrole et gaz de schiste , opportunités et risques » ( 7 volumes 2015) – la stratégie gazière en Algérie et le marché européen , face la concurrence internationale » (revue internationale gaz d’aujourd’hui Paris janvier 2015)