Les experts réunis lundi dernier par le gouvernement pour prendre le pouls de l’économie algérienne ont livré leur verdict. Il est implacable et sans état d’âme. Ils préconisent des mesures à court terme qui devront se traduire par des coupes budgétaires, à travers la remise à plat du système de subvention, pour un ciblage plus pertinent, l’abandon de certains projets et la bancarisation de l’argent de l’informel. Il y en a d’autres… pour le long terme, car il s'agit surtout de poser les fondements d’une nouvelle économie débarrassée à jamais de l’addiction aux hydrocarbures.
Telle est donc la thérapie à administrer pour anticiper et amortir tant que faire se peut, les contrecoups de la crise qui commence à s’installer. Mais la question est de se demander qui va appliquer cette thérapie. Avec le gouvernement actuel ? Les observateurs sont sceptiques. Et même les citoyens lambda, forts de leur bons sens, se demandent à juste titre « comment un gouvernement qui a échoué à gérer une corne d’abondance avec des milliards de dollars coulant à flot puisse mener une politique d’austérité, puis la vendre surtout à une opinion qui ne veut rien entendre.
Pour cela un petit tour sur les réseaux sociaux permet d’ailleurs de prendre la température. « Il n’est pas question d’infliger au peuple des privations sous prétexte d’austérité, ils n’ont qu’à récupérer les milliards volés par tous les responsables qui ont profité pendant quinze ans pour faire des dépots faramineux dans les paradis fiscaux », prévient Lyés. « Comment parler d’austérité quand un responsable a sacrifié pour le mariage de son fils 120 moutons dans un grand hôtel d’Alger », se demande, pour sa part Sarah qui recommande aux « décideurs » de « chercher là où il se trouve ».
De tels avis sont largement partagés sur la Toile et traduisent, en définitive, la difficulté du gouvernement Sellal à pouvoir donner suite aux recommandations des experts en économie, vue justement que les algériens sont vent debout contre l'austérité. C’est d’autant plus impossible que dans le gouvernement actuel il y a des ministres dont le nom reste lié à des scandales financiers, dans le cadre de la politique des grands projets.
Avec de telles casseroles, difficile pour Sellal de convaincre les algériens à serrer la ceinture. C’est la raison pour laquelle, nous semble-t-il, le président Bouteflika, ne pourra pas faire l’économie d’un changement de gouvernement. Il faut une équipe commando avec pour mission de faire traverser au vaisseau algérien la zone de tempête dans laquelle elle vient à peine d’entrer. Pour cela, il faut des hommes nouveaux, qui n’aient pas d’ambition politiques, qui ne soient pas impliquées dans des considérations claniques. Bref, des hommes, forts de leur vertu, qui peuvent aller au- devant des algériens pour leur tenir un discours de vérité.
Mais ce futur gouvernement, qui doit d’abord gérer la crise, a besoin d’un soutien politique. Et c’est là que des partis comme le FLN et le RND, qui se chamaillent actuellement sur de puériles histoires de leadership, doivent, au contraire, remiser leurs querelles picrocholines pour aller sur le terrain, sonner l’alerte à leurs élus nationaux et locaux afin d’aller au devant pour les convaincre de la nécessité d’accepter des sacrifices. C’est, à l’heure actuelle, le meilleur service que ces partis et d’autres, qui se disent au service du programme du président, doivent rendre au président Bouteflika. Car après tout, le gouvernement, c’est le sien.