Les dirigeants africains, qui participaient depuis lundi au sommet USA/Afrique ont dû regretter leur déplacement dans la capitale fédérale américaine. Et pour cause, ils ont eu droit à une véritable leçon de démocratie de la part du vice-président Joe Biden et du secrétaire d’Etat, John Kerry.
Respect de l'alternance politique
Ces deux responsables américains ont évoqué à l’ouverture des travaux lundi, la lutte contre la corruption, la protection de la liberté de la presse, mais surtout le respect de l'alternance politique. Si Joe Biden a préféré circonscrire son propos au « cancer de la corruption », en invitant la cinquantaine de dirigeants africains à mener une lutte contre ce phénomène, le secrétaire d’Etat a mis carrément les pieds dans le plat en évoquant le sujet qui fâche : l’alternance au pouvoir en citant l’exemple de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, qui a quitté volontairement le pouvoir au terme d’un seul mandat.
"Nous presserons les dirigeants de ne pas modifier les Constitutions pour leurs bénéfices personnels ou politiques", a-t-il assuré, soulignant que des "institutions fortes" étaient préférables à des "hommes forts". Même s’il est absent, représenté par son Premier ministre Abdelmalek Sellal, la leçon vaut aussi pour le président Bouteflika qui vient de se faire élire pour un quatrième mandat. C‘est pire dans son cas, car il n’a pas la force physique d’assumer les obligations du mandat à cause des séquelles invalidantes de son AVC.
Des présidents indéboulonnables
En insistant sur l’alternance, le chef de la diplomatie américaine, a eu le tact de ne citer nommément personne alors qu’il avait en face de lui les présidents de la Guinée équatoriale, du Rwanda, de l'Ouganda, de l'Angola ou encore du Cameroun, les indéboulonnables présidents Teodoro Obiang Nguema, Paul Kagame, Yoweri Museveni, Eduardo dos Santos et Paul Biya.
Dans la matinée, M. Kerry a rencontré le président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila, à qui il avait demandé directement, lors d'une visite à Kinshasa en mai, de respecter la limite à deux mandats imposée par la loi fondamentale congolaise, dans la perspective des élections de 2016.
"Un État de droit, c'est aussi le fait que les dirigeants ne gardent pas le pouvoir éternellement", avait lancé il y a quelques jours Barack Obama devant des étudiants africains. "Une société civile forte, le respect pour la démocratie, l’État de droit et les droits de l'homme, ce ne sont pas seulement des valeurs américaines, ce sont des valeurs universelles", a martelé le chef de la diplomatie américaine qui a également promis que les Etats-Unis continueraient à défendre "la liberté de la presse, y compris pour des journalistes poursuivis pour terrorisme ou emprisonnés pour des raisons arbitraires".