Dans le tumulte de l’attentat meurtrier de Nice (France) qui a choqué le monde entier et évidemment les algériens dont on dénombre au moins trois victimes, on n’a pas prêté trop attention à une visite surprise. Celle de l'envoyé spécial du Roi du Maroc, Mohamed VI, Nasser Bourita, porteur d'un message du souverain marocain au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, accompagné, fait inédit, du directeur général des Etudes et de la Documentation (DGED), Yacine El Mansouri.
On avait presque peine à croire que ces deux hauts responsable royaume et proches collaborateurs du roi Mohamed VI étaient bien chez le Premier ministre Abdelmalek Sellal ! Et pour cause, cette visite de très haut niveau, intervient dans un contexte pas très joyeux des relations entre Alger et Rabat. Il est vrai que les deux pays voisins s’échangent des messages de circonstances à l’occasion des fêtes nationale et religieuses. Mais le niveau de représentation a été largement revu à la baisse lors des rencontres régionales depuis le fameux acte criminel commis au Consulat d’Algérie à Casablanca, quand un nervi du makhzen a profané l’emblème national en toute impunité.
S’en est suivie une escalade marocaine qui a relancé sa propagande haineuse contre notre pays qualifié à juste titre par la diplomatie algérienne de «stratégie de la tension permanente». Le fait est que le roi lui-même ne rate aucune occasion ni aucun discours pour tomber à bras raccourcis contre l’Algérie coupable d’après lui, de tous les maux de son royaume.
Le roi se rend…
Les médias marocains aux ordres se chargent eux aussi de débiter toute sorte de balivernes sur l’Algérie et ses responsables produisant des «analyses» fantaisistes allant jusqu’à a prédire une guerre civile. Rien que ça ! Le pic de cette stratégie de tension a été atteint à New York lors de l’assemblée général des Nations Unis quand le représentant de sa majesté, l’innommable Omar Hellal a cru bon d’annoncer le soutien de son pays aux droit, tenez vous bien, à l’autodétermination du peuple kabyle et au mouvement séparatiste le MAK.
Ce fut quasiment une déclaration de guerre froide de la part du royaume qui pensait pouvoir pousser l’Algérie à retirer son soutien au combat du peuple Sahraoui à son autodétermination. Et voilà, après toutes ces gestes inamicaux et ces déclarations provocantes, le roi Mohamed VI, se rappelle qu’il y a un pays voisin qu’il doit consulter au double plan politique et sécuritaire !
Mission sécuritaire
Cela parait paradoxal voire hallucinant de voire l’envoyé spécial de M6 et le patron de la redoutable DGED rirent aux éclats lors de leur tête à-tête avec Abdelmalek Sellal. Qu’est ce qui fait courir finalement le makhzen pour dépêcher ses représentants dans un pays qu’il n’hésite pas à désigner dans ses discours comme «ennemi» ? Sans doute que les risques terroristes dans son royaume lui ont commandé de s’appuyer sur l’expérience algérienne.
La coïncidence de cette visite avec l’attentat de Nice laisse penser qu’il y aurait une relation de cause à effet. La France pourrait avoir conseillé le roi de se rapprocher d’Alger pour éviter de mauvaises surprises à Casa ou Marrakech. D’ailleurs, le communiqué des services du Premier ministre, précise que l’audience a porté sur les «les relations bilatérales, tout comme elle a permis un échange de vues sur les défis auxquels sont confrontés l'Afrique et le monde arabe».
Plus précis encore, on y lit que «l'accent a été particulièrement mis sur la sécurité régionale, notamment la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé… » Il va sans dire que la présence du Conseiller auprès du président de la République, chargé de la coordination des services de sécurité rattachés à la présidence, M. Athmane Tartag, souligne un peu plus la dimension sécuritaire de la mission des marocains à Alger. De là à trancher que les ponts sont remis entre Alger et Rabat, c’est un pas difficile à franchir.