Le document portant programme du gouvernement (1) montre que l'Algérie a alloué plus de 561 milliards de dollars. pour financer les importations au cours de la période entre 2000 et 2017, une période qui a vu monté la valeur des importations de biens non inclus les services, qui est passé de près de 10 milliards $ en 2000 à plus de 58 milliards $ en 2014 , avant de baisser la facture des importations de biens à plus de 51 milliards en 2015 et 47 milliards dollars en 2016 , non inclus les services. Avec la chute du cours des hydrocarbures, le montant des investissements ont diminué, passant de près de 3500 milliards de dinars en 2015 à 1900 milliards de dinars en 2016, et environ 1 400 milliards de dinars 2017, cela a été accompagné par des dettes qui ne sont pas payés pour beaucoup d’opérateurs économiques au niveau des différentes branches de l'État. Mais que sont les 105 milliards de dollars de réserves de change en juillet 2017, avec une sortie de devises biens- services et transferts de capitaux de 60 milliards de dollars en 2016 (rentrées 29 milliards de dollars) et entre 55/60 milliards de dollars fin 2017 avec des entrées en devises de 32/33 milliards de dollars si le cours du baril se maintient entre 50/55 dollars malgré toutes les restrictions à l’importation ?Le financement non conventionnel non maîtrisée est un impôt indirect que paieront les revenus fixes salariés et fonctionnaires dans la mesure où l'inflation entraînera une diminution de leur pouvoir d’achat. Par ailleurs il est hasardeux de comparer non le comparable, les USA, le dollar étant une monnaie internationale, ou le Japon (en déflation) ou la dette bien qu'importante par rapport au PIB repose sur une économie productive, l’Algérie étant une économie rentière ou presque tous les équipements et inputs sont importée et le dinar étant une monnaie non convertible. Analysons les expériences du Venezuela et du Nigeria pays rentiers comparables pour éviter de renouveler les mêmes erreurs. Un simple bémol, elle permettra de payer les entreprises ayant terminés leurs projets surtout le BTPH en espérant leur dynamisation pour atténuer le processus inflationniste.
1.-Dans ce cadre comme analysé dans plusieurs contributions le gouvernement se propose d’utiliser le financement non conventionnel. L’ avant projet de loi amendant la loi sur la monnaie et le crédit, concerne, selon le document en notre possession , l’article important 45 qui dans sa version de 2003, stipule que « la Banque d’Algérie peut, dans les limites et suivant les conditions fixées par le Conseil de la monnaie et du crédit, intervenir sur le marché monétaire et, notamment, acheter et vendre des effets publics et des effets privés admissibles au réescompte ou aux avances », autorisant dans sa modification la Banque d’Algérie de « prêter directement » au Trésor ». Contrairement à ce qu’a été rapporté par certain experts, cet avant projet de loi ne concerne pas l’article 46 de 2003 qui stipule : « sur une base contractuelle, et dans la limite d’un maximum égal à dix pour cent (10 %) des recettes ordinaires de l’Etat constatées au cours du précédent exercice budgétaire, la Banque d’Algérie peut consentir au Trésor des découverts en compte courant dont la durée totale ne peut excéder 240 jours, consécutifs ou non, au cours d’une année calendaire. Les découverts autorisés donnent lieu à la perception d’une commission de gestion dont le taux et les modalités sont fixés en accord avec le ministre chargé des finances. Ces avances doivent être remboursées avant la fin de chaque exercice. La Banque d’Algérie est autorisée, également, à consentir exceptionnellement au Trésor public une avance, destinée exclusivement à la gestion active de la dette publique extérieure. Les modalités de mise en œuvre de cette avance et de son remboursement, notamment l’échéancier de ce dernier, sont fixées par voie de convention entre la Banque centrale et le Trésor public, le Conseil de la monnaie et du crédit entendu. Le Président de la République en est informé ». Rappelons que la loi sur la monnaie et le crédit a été instaurée par la loi 90-10 du 14 avril 1990, légèrement modifiée par l’ordonnance 03-11 du 26 aout 2003 et récemment par l’ordonnance 10-04 du 26 aout 2010 . Il faut distinguera le financement de la partie dinars auquel s’adresse le financement non conventionnel et de la partie devises. Or , 97% des recettes en devises directement et indirectement proviennent des hydrocarbures, la superficie économique est constituée à plus de 80% de petits commerce/services avec la dominances de la sphère informelle, les exportations hors hydrocarbures entre 2010/2016 variant entre 1 et 1,5 milliards de dollars donc marginales et 70% des besoins de l’économie nationale des entreprises publiques et privées proviennent de l’extérieur dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% donc des achats en devises Le financement conventionnel parfois utilisé dans une économie de marché concurrentielle structurée ayant un potentiel productif, loin de tout monopole et assis sur une bonne gouvernance où existent des facteurs de production oisifs afin de relancer la demande globale (consommation et investissement), devant faire attention car l'Algérie souffre de rigidités structurelles. Si ce financement s'adresse aux secteurs productifs concurrentiels en terme de coût/qualité, tenant compte de la quatrième révolution économique mondiale, les tensions à court terme seront amortis par les effets positifs à moyen terme du fait de la création de valeur ajoutée. Entre-temps il sera nécessaire une mobilisation de la population passant non par des actions bureaucratises mais un langage de vérité pour lui expliquer concrètement les enjeux et une moralisation de la société afin de susciter son adhésion. Au cas où n'existerait pas de dynamisation du secteur productif, de versements de salaires sans contreparties productives et l'apparition de nouvelles rentes spéculatives par la planche à billets le risque du fait que ménages et entrepreneurs anticipant l’inflation conduirait l’Algérie dans une spirale inflationniste à la vénézuélienne avec des conséquences politiques.
3.-Entre le budget de fonctionnement et d’équipement selon les données du FMI entre 2012/2015 l’Algérie a fonctionné sur la base d’un cours variant entre 110/120 dollars le baril, le cours du gaz conventionnel qui représente un tiers des recettes de Sonatrach étant indexé sur le prix du pétrole qui a chute depuis juin 2017 à ce jour d’environ 45%.Pour les lois de finances 2016/2017, l’Algérie fonctionne sur la base d’un cours fluctuant entre 85/ 88 dollars expliquant les vives tensions budgétaires malgré toutes les restrictions aux importations. L’Algérie a un répit de seulement trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions sociales 2018/2020. Alors que faire pour maintenir le niveau des réserves e change à un niveau acceptable qui tient la valeur du dinar car à 20/30 milliards de réserves de change la cotation officielle du dinar serait à plus de 200 dinars un dollar ? Comment compresser les rubriques importation de biens et services, dynamiser les rentées annuelles de Sonatrach qui dépendront à la fois de la forte consommation inférieure, de la concurrence internationale et des cours futurs, dont l’Algérie n’a aucune emprise ? Car l’annonce euphorique des gouvernements précédents annoncé avoir seulement une sortie de devises de 30 milliards de dollars/an entre 2017/2018 est irréalisable. En effet , nos calculs largement publiés dans la presse nationale et internationale à partir des statistiques douanières donc officielles, année par année , montrent qu’entre 2000/2016 les sorties de devises de biens ont été d’environ 520 milliards de dollars( 560 milliards de dollars à juillet 2017 selon certaines sources ), plus les services 120/140 souvent oubliés dans les déclarations officielles ( 10/11 milliards de dollars/an entre 2010/2016) et les transferts légaux de capitaux de plus de 730 milliards de dollars , pour une entrée de devises d’environ 850 milliards de dollars, la différence étant les réserves de change au 31/12/2016 de 114 milliards de dollars et de 105 milliards de dollars juillet 2017. L’économie algérienne est totalement rentière avec 98% d’exportation d’hydrocarbures et important plus de 70% des besoins des ménages et des entreprises. Tout est irrigué par la rente des hydrocarbures donnant ainsi des taux de croissance, de chômage et d’inflation fictifs. La richesse nationale créée puise sa source dans la relation du triptyque: stock physique (stock ressources naturelles d’hydrocarbures) - stock monétaire (transformation: richesse monétaire) - répartition (modalités et mécanismes de répartition: investissement-consommation-fonds de régulation). La société des hydrocarbures ne créant pas de richesses ou du moins très peu, elle transforme un stock physique en stock monétaire (champ de l’entreprise) ou contribue à avoir des réserves de change qui par le passé, du fait de la faiblesse de capacité d’absorption ont été placées à l’étranger. Aussi, la solution la plus sûre est d’avoir une vision stratégique, loin de tout replâtrage, les tactiques pour paraphraser les experts militaires, devant s’insérer au sein d’une fonction objectif stratégique ce qui fait cruellement défaut actuellement. L’objectif stratégique est d’accélérer les réformes structurelles et une mobilisation générale de toutes les composantes de la société sans lesquelles, l’on ne pourra pas faire émerger une économie diversifiée. Sans réformes, au-delà de 2020, il sera impossible de maintenir le niveau des réserves au vu de la situation économique actuelle. Evitons toutefois la sinistrose. L’Algérie du fait de ses potentialités avec une nouvelle politique économique peut surmonter la crise. Car toute récession économique aurait des incidences sociales et politiques internes mais également déstabilisatrice sur le plan géostratégique au niveau de la région méditerranéenne et africaine.
En résumé, Le financement non conventionnel non maîtrisée est un impôt indirect que paieront les revenus fixes salariés et fonctionnaires dans la mesure où l'inflation entraînera une diminution de leur pouvoir d’achat. Par ailleurs il est hasardeux de comparer non le comparable, les USA, le dollar étant une monnaie internationale, ou le Japon (en déflation) ou la dette bien qu'importante par rapport au PIB repose sur une économie productive, l’Algérie étant une économie rentière ou presque tous les équipements et inputs sont importée et le dinar étant une monnaie non convertible. Analysons les expériences du Venezuela et du Nigeria pays rentiers comparables pour éviter de renouveler les mêmes erreurs. Un simple bémol, elle permettra de payer les entreprises ayant terminés leurs projets surtout le BTPH en espérant leur dynamisation pour atténuer le processus inflationniste et que ce renflouement monétaire ne servira pas encore à accroître les importations pour leur fonctionnement donc une sortie de devises. . Mais sans le retour à la confiance et une vision stratégique d'adaptation au nouveau monde (étant à l’aube d’une quatrième révolution économique mondiale) évitant les schémas utopiques du passé des années 1970/1990 , aucun développement n'est possible. L'on devra privilégier uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie à moyen et long terme et non des intérêts étroits d'une minorité de rentiers avec des solutions de facilité face aux tensions budgétaires. Une éventuelle modification de la loi sur la monnaie et le crédit notamment n’est pas une opération technique mais a des incidences sociales politiques et sécuritaires. Une éventuelle modification de la loi sur la monnaie et le crédit notamment n’est pas une opération technique mais a des incidences sociales politiques et sécuritaires. Et ce contrairement aux propositions parfois contradictoires se fondant sur des modèles économétriques appliquées aux pays développés de certains experts déconnectés des réalités nationales, les mêmes, épaulés par certains expert du Conseil économique et social (CNES) pour "plaire" qui avaient pronostiqué en 2014 le retour d‘un cours du pétrole à plus de 80 dollars. Devant l’ex premier ministre et les membres de son gouvernement dans ma conférence au Club de Pins le 26 novembre 2014, dans plusieurs interviews les médias publics et privés nationaux et médias internationaux ( voir www.google.com Mebtoul 2014/2016) j’avais mis en garde gouvernement de ne plus compter sur un baril supérieur à 70/80 dollars entre 2015/2020 et préconisé des mesures opérationnelles de réformes. Un ministre m’a même répondu en affirmant que l’Algérie s’en sortirait avec 10 dollars le baril ; et je lui avais répondu qu’il vivait de l’illusion de la rente. Induit en erreur par certains experts ou intellectuels organiques aux ordres, , les responsables ne nous ont pas écouté et nous en payons aujourd’hui en 2017 les conséquences de cette imprévision. Un modèle n’a aucune portée opérationnelle, avec des effets pervers, s’il ne tient pas compte des réalités du pays, sa réussite dépendant avant tout des forces économiques, sociales et politiques qui le portent. L’Algérie a un répit de seulement trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions sociales 2018/2020. Avec le niveau des réserves de change bien qu’en baisse, l’Algérie en ce mois de septembre 2017, ne connait pas encore de crise financière mais une crise de gouvernance. Mais le risque sans correction de l’actuelle politique économique et notamment industrielle dont le résultat est mitigé, contrairement à certains discours démentis par le terrain, est d’aller droit vers le FMI horizon 2019/2020 ou cohabiteront crise financière et crise de gouvernance. Ce qu’aucun un patriote ne souhaite. [email protected]
(1)- références
- Programme du gouvernement sept. 2017(52 pages en arabe/français) avec 2 annexes chiffrées
- Site - Mena /Forum diffusion internationale Londres/ Bruxelles Amendment to the Law on Currency and Credit in Algeria by Dr A. Mebtoul | Sep 14, 2017
- Avant projet de loi modifiant la loi sur la monnaie et le crédit article 45
-Interview du professeur Abderrahmane MEBTOUL Expert International au quotidien financier international français La tribune/Afrique .fr (Paris France) sur la situation économique et financière de l’Algérie et ses perspectives à paraitre courant septembre 2017