L’opinion publique et lesobservateurs politiques attendent avec impatience de savoir de quoi sera fait le plan d‘action dugouvernement Ouyahia. S’il est vrai qu’il ne chamboulera pas complètement celuide Tebboune déjà adopté par le parlement, Ouyahia va sans doute lui imprimer satouche. Certains milieux seraient tentésde croire que le nouveau Premier ministre va foncer comme un rouleaucompresseur et imposer des taxes et des impôts tous azimuts.
Mais il semble bien que ce n’estplus son style. L’homme a terriblement souffert en termes de réputation pouravoir eu le courage de prendre des mesures absolument inévitables dans descontextes extrêmement difficiles. Il a été souvent attaqué par ses adversaires enlui remettant au goût du jour les fameuses ponctions sur les salaires quiavaient servi à payer les salaires de milliers de travailleurs du BTPH en 1996.Il a trainé des années durant cette mesure comme un boulet bien qu’elle ait permis d’éviter au pays de gravesmanifestations de rue difficilement maitrisables à l’époque.
C’est dire que Ahmed Ouyahian’est pas prêt à rallumer le brasier et se tirer une balle dans le pied. Lorsde la réunion avec les partenaires de la tripartite, il arborait un ton gravequi seyait à la situation économique.
Il avait glissé qu’il n’était pasquestion de remettre en cause les acquis sociaux et encore moins faire payer aupeuple la note de la conjoncture. En termes clairs, Ouyahia va jouerl’apaisement et tentera de se départir de cette étiquette qui lui colle à lapeau d’être Le «serreur» des ceintures.
Il va jouer son va tout
Il va de soi que l’imminence del’élection présidentielle l’empêchera de prendre des risques, lui qui court àla rencontre de son destin depuis des années. Il sait que son retour en grâceen terme de popularité passe par un bon plan d’action de son gouvernement quisoit à la fois, économiquement pratique et moins couteux en matière d’image.
Tout porte à croire donc que leplan d‘action de Ouyahia ne fera pas vraiment bouger drastiquement les lignes.Tout au plus va-t-il essayer de piocherl’argent dans de nombreuses niches inexplorées jusque-là.
Sans doute qu’il va axer sonaction sur la fuite des capitaux à travers les surfacturations, en mettant undispositif de traçabilité. La même parade est envisageable pour les projets lancésen Algérie dont la majorité s’était avérée être de véritables tonneaux deDanaïdes qui engloutissent des milliards de dinars au fil des retards et dessurcouts.
Ahmed Ouyahia sait qu’il y abeaucoup d’argent à récupérer dans le circuit formel et informel. Il saitsurtout que le peuple ne peut plus supporter davantage d’austérité et de haussedes prix alors même que son pouvoir d’achat s’est gravement érodé. Le Premierministre, assuré d’avoir l’onction du parlement, n’a strictement plus le droit àl’erreur dans cette dernière ligne droite qui s’apparente à une dernière chancepour lui rêver encore d’un destin national. On en saura davantage au terme de l’adoptiondu texte par le CDM.