Le gouvernement donne la nette impressionde ne pas savoir exactement sur quel pied danser, s’agissant singulièrement desimportations. Après la décision de suspendre à l’importation touteune liste de 800 produits, voilà que le ministre du Commerce annonce aujourd’huimême un énième changement de braquet.
Lasuspension des produits à l'importation sera levée dans deux ou trois ans pourêtre remplacée par un dispositif d'encadrement du commerce extérieur baséessentiellement sur les tarifs douaniers, a, en effet, affirmé dimanche leministre du Commerce, Mohamed Benmeradi.
"Ledispositif de suspension de 851 produits à l'importation a un caractèretemporaire (...), probablement pour deux ans, trois ans peut-être, mais nousreviendrons à la levée de ces mesures", a indiqué M. Benmeradi quis'exprimait sur les ondes de la radio nationale.
Il a également avancé que les marchandisesconcernées par la suspension à l’importation feraient l'objet d'un suivipermanent durant la période de la suspension. A ce propos, il a expliqué que lasuspension des importations vise fondamentalement à redresser la balancecommerciale qui demeure déficitaire et à promouvoir la production nationale:
"J'aientendu dire par ici ou par là que nous voulions priver les Algériens deconsommer ce qu'ils veulent. Non, ce n'est pas du tout ça l'objectif (...) Ilfaut arriver à tout prix à assurer progressivement une intégration de tout cequi se produit localement pour faire de la substitution à l'importation".
Pour lui, il s'agit d'un "choc" àprovoquer dans l'économie nationale où l'ensemble des filières horshydrocarbures présentent une balance commerciale déficitaire.
Citantl'exemple de la filière boissons qui a importé entre 400 et 450 millions dedollars en 2017 contre 12 millions de dollars d'exportations, M. Benmeradi asouligné que le gel des importations visait à assurer les intrants de laproduction nationale au niveau local en donnant aux entreprises nationalesl'opportunité d'émerger.
"Lesinvestissement consentis en Algérie depuis des années tournent seulement entre20% et 25% de leurs capacités du fait que les entreprises, qui interviennent enaval, ne recourent souvent pas aux produits (fabriqués localement)",a-t-il constaté.
Par contre, les importations représentent 80%du chiffre d'affaire de l'industrie nationale, selon M. Benmeradi qui a mis enexergue la nécessité de faire des ajustements économiques visant à mieuxintégrer l'économie domestique.
Dansce sens, a-t-il préconisé, le taux d'intégration national dans la filière dumontage automobile en CKD/SKD doit monter en cadence pour freiner le niveautrès élevé d'importation dans cette filière, qui a atteint 1,7 milliard dedollars en 2017 et pourrait augmenter à 2 ou 3 milliards de dollars dans lesprochaines années.
Maisaprès la levée de la suspension à l'importation, le gouvernement envisage derecourir à un encadrement du commerce extérieur basé principalement surl'instrument tarifaire qui est "une pratique plus transparente que lessuspensions qui sont de nature administrative", estime-t-il.
Interrogési les mesures tarifaires attendues vont être intégrées dans une éventuelle loide finances complémentaire, le ministre a indiqué qu'aujourd'hui, legouvernement ne prévoit aucun projet dans ce sens.