Amara Benyounès aurait certainement aimé être à la tête d’un autre département que celui du commerce. Et d’ailleurs, selon des indiscrétions, il aurait boudé Abdelmalek Sellal pendant tout un mois après sa nomination à ce ministère qui a vu défiler à sa tête plusieurs ministres islamistes du MSP.
Amar Benyounès se retrouve malgré lui à ce département où il doit faire le sale boulot, à savoir l’adhésion de l’Algérie à l’OMC. Une adhésion qui est loin de faire l’unanimité.
Mais toujours est-il que Benyounès a annoncé samedi que le prochain round de négociation, le treizième du nom est prévu pour le premier trimestre 2015.
Cette réunion "sera décisive dans la mesure où elle permettra à l'Algérie de se fixer sur la date de son accession à l'OMC qui compte 160 pays membres", a expliqué Amar Benyounès qui est convaincu que "le prochain round va faire encore avancer notre dossier et nous saurons, très probablement, l'échéance de notre adhésion à l'OMC si ce sera pour la fin de l'année 2015 ou pas".
Après avoir reçu le président du groupe de travail chargé de l'accession de l'Algérie à cette organisation mondiale, Alberto Pedro D'Alotto, en octobre dernier, et le secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, en décembre, M. Benyounès devrait rencontrer, en ce début d'année, de hauts responsables des Etats-Unis et de l'Union européenne afin de discuter de cette accession, fait savoir M. Benyounes, dans le cadre de la poursuite des négociations.
"Les Etats-Unis et l'UE sont les plus grands partenaires dans ce dossier d'adhésion. Il faut que nous arrivions à des accords bilatéraux avec ces deux parties"dit-il. Mais dans le même temps, le ministre du commerce tente de tempérer son propos en assurant que l'accession de l'Algérie à l'OMC "ne constitue pas une obsession" pour le gouvernement algérien: "La décision politique a été prise et nous sommes en train de discuter et de négocier à notre rythme. Il faut dire que l'accession à l'OMC ne soit pas une obsession mais plutôt un projet mûrement réfléchi".
Plus loin, il assure les adversaires de cette adhésion notamment le Parti des Travailleurs et l’UGTA que l’Algérie « ne va pas brader »ses intérêts économiques. Et pour cause a-t-il expliqué à l’appui « l'Algérie a consenti un grand nombre d'investissements, durant ces dernières années, notamment dans le secteur public industriel avec plus de 12 milliards de dollars ».
Donc, selon lui pas question de sacrifier ses investissements sur l’autel d’une adhésion hypothétique. Ces investissements, ajoute le ministre, "doivent arriver à maturité et commencer à donner leur fruits".
Questionné sur le sort des subventions, telle que celle relevant de l'énergie, suite à une accession à cette organisation, M. Benyounes répond que l'Algérie maintiendra sa politique de subventions. "Nous avons eu des discussions avec l'UE sur les subventions de l'énergie, nous leur avons dit qu'il était hors de question que l'Algérie y renonce", fait-il savoir.
"La question des subventions est une politique sociale décidée par l'Etat en toute souveraineté", insiste-t-il.
Pour rappel, le prix des produits énergétiques subventionnés est un des points de discorde entre l’Algérie et ses partenaires dans les négociations bilatérales qui exigent des prix alignés sur ceux qui sont pratiqués par les pays mebres de l’organisation.