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Pouvoir et opposition face à face à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures

24-02-2015 16:05  Abbès Zineb

Le pouvoir et l’opposition algérienne, en guerre, par médias interposés depuis des semaines , sur l’exploitation du gaz de schiste, la révision constitutionnelle, le dialogue politique, se retrouvaient face à face mardi dans la rue, à l’occasion de la célébration du 44ème anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, passés sous contrôle de l’Etat le 24 février 1971, sous le régime du président Boumediene (1965-1978).

L’opposition, regroupée au sein de la Coordination Nationale pour la Liberté Transition démocratique (CNLTD) composée de partis islamistes modérés (MSP, NAHDA, MRN), de démocrates (RCD , Jill Djadid) et de personnalités (l’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour, le président d’honneur de la Ligue Algérienne de défense des droits de l’homme, Ali Yahia Abdenour, l’ancien ministre de la communication Aziz Rahabi, les universitaires Nacer Djabi et Mohamed Adhimi, a appelé à des marches dans les wilayas et un regroupement national à Alger, devant la grande poste, une place carrefour de la capitale algérienne.

Ce regroupement, comme il était prévisible, n’a pas pu avoir lieu, car un dispositif policier imposant a été déployé déjà lundi soir dans la capitale, notamment au niveau des accès menant à la Grande poste où devaient prendre la parole les personnalités de l’opposition, mais aussi au niveau des grands axes routiers de l’est et de l’ouest jalonnés par des barrages de policiers et de gendarmes.

"La CNLTD n’a pas d’existence juridique"

«La CNLTD n’a pas d’existence juridique et par conséquent elle ne peut pas déposer une demande de manifestation publique, explique un membre du cabinet du wali d’Alger; mais si un des partis composant la CNLTD avait déposé une demande d’autorisation, il n’y a pas de raison qu’elle soit refusée, du moins pour tenir la manifestation dans un lieu fermé ». Ce responsable de la wilaya d’Alger justifie aussi le refus des autorités d’octroyer l’autorisation par « le risque de voir une telle manifestation déraper, d’autant plus que des provocations ne sont pas à exclure dans un climat général difficile ».

Histoire de torpiller la manifestation de l’opposition, les responsables de la wilaya d’Alger n’ont pas manqué d’imagination. Elles ont fait ramener de l’intérieur du pays des troupes folkloriques, (chanteurs, danseurs habillés en tenues locales) pour jouer de la gheyta (trompette), du tambour, avec des percussions accompagnés de danses rythmées. Ce qui a donné une ambiance surréaliste avec des manifestants, pas en grand nombre il faut le dire et des badauds qui n’ont d’yeux que pour les danseurs de Karkabou. « On n'a rien compris, je suis venue de Bab Ezzouar pour le rassemblement, et je découvre un spectacle », ironise Yasmine Larbi enseignante qui dit profiter de la grève des professeurs actuellement de lycées pour venir à l’appel de la CNLTD.

Dans l’impossibilité de se regrouper devant la Grande poste, certains militants, notamment des RCDistes , environ une vingtaine ont tenté de se rassembler un peu plus haut, à la place Audin, en face du tunnel des facultés, criant « Djazair Hora démocratia » (Algérie libre et démocratique)». Pas pour longtemps puisque la police ne tarde pas à les rattraper pour tenter de les disperser. Des informations circulant de bouche à oreille faisaient état d’une cinquantaine d’arrestations. Mais impossible de les confirmer. La manifestation s’est achevée au siège du RCD, rue Didouche Mourad, point de ralliement des leaders politiques qui se sont succédés au micro pour délivrer leur ressenti « nous avons réussi à faire sortir des milliers de policiers, à défaut de manifestants » a ironisé Abderazk Makri.

"incapables de rassembler les algériens"

Nouredine Bahbouh considére pour sa part que le dispositif policier déployé pour bloquer la manifestation « est proportionnel à la peur du pouvoir ». Benflis pour sa part, s’en est pris au régime en appelant à la fin du « pouvoir pharaonique ». Mais l’enthousiasme des animateurs de la CNLTD est loin d’être partagé par des observateurs neutres. C’est le cas de cet universitaire pour qui « la wilaya d’Alger a offert une sortie honorable à la CNLTD en interdisant la manifestation, car ils sont incapables de rassembler les algériens ». Sans prendre les gants, cet universitaire ajoute que « la CNLTD n’a aucun ancrage dans la sociéte, la preuve les citoyens présents à la grande poste étaient plus intéressés par le spéctacle du Karkabou que les gesticulations des Benflis, Bellabas, Makri qui n’ont rien compris à la société algérienne » Le pouvoir, pour sa part, préfère marquer l’évenement loin d’Alger. Saâdani à Annaba, pour un meeting où il a flingué Louisa Hanoune, alors que Sellal a choisi Hassi Messaoud pour délivrer son message.



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