Algérie 1

Icon Collap
...

Pourquoi tant d’acharnement contre Benghabrit ?

16-09-2016 17:12  Rafik Benasseur

De tous les ministres du gouvernement Sellal, Nouria Benghabrit est incontestablement et de loin  celle qui a reçu le plus de peaux de banane. Il ne se passe presque pas une semaine sans que son nom ne soit associé à la «menace» sur l’école,  aux «dangers» qui menaceraient l’unité nationale voire à une prétendue démarche visant à «dé islamiser» l’école algérienne.

On a collé une infinité d’étiquettes peu glorieuses à cette femme que les milieux islamo-baâthiste n’ont jamais acceptée à ce poste si stratégique qu’ils contrôlaient depuis 1962. On comprend bien leur souci de garder la main et la tutelle sur un secteur à forte valeur ajoutée populiste. Mais il y a des attaques aussi indignes que maladroites dont ils doivent se garder de lancer. Et cette histoire de remplacement de la Palestine par l’entité sioniste dans le manuel scolaire de géographie des classes de 1ère année moyenne n’en est pas la moindre.

C’est un weekend fortement mouvementé que la ministre de l’éducation a dû vivre en découvrant la bévue commise par l’éditeur de ce fameux livre scolaire. Certes nul n’apprécie que l’entité sioniste soit proposée comme «Etat» dans la carte géographique destinée à nos enfants à fortiori en lieu et place de la Palestine. Soit. Mais peut on imaginer une seconde que Mme Nouria Benghabrit qui se sait attendue au tournant, puisse se permettre personnellement d’injecter ce poison dans le livre scolaire sachant la sensibilité des algériens et notamment les islamistes à ce sujet ?

Patate chaude

Il faut être de mauvaise foi pour considérer que la ministre l’a fait sciemment. A preuve, elle ordonné illico presto de retirer ce manuel et pointé du doigt l’éditeur de livres qui, d’après elle, a reçu une mouture originelle où il était bien écrit Palestine et non pas Israël. Pourquoi alors tant d’acharnement contre une ministre tenue à chaque fois de montrer  patte blanche devant ses contempteurs qui se recrutent parmi les milieux conservateurs et rétrogrades ? A vrai dire tout le monde a compris le grand fossé qui sépare Benghabrit partisane d’une école performante et ouverte, à ces milieux qui prêchent l’intégrisme culturel dans notre école pendant qu’ils envoient leurs rejetons étudier dans les meilleures universités occidentales.

L’indécrottable chef du MSP Abderrazak Makri en mal de créativité, a bondi sur l’affaire pour crier au scandale. Dans sa page Facebook et le site de son parti il a dénoncé la «pagaille totale qui règne dans le secteur de l’éducation» ; histoire de planter un autre couteau dans le dos de Benghabrit.

Du pain béni pour le Makri

Bien que la ministre ait ordonné l’ouverture d’une enquête pour débusquer le ou les auteur(s) d’une telle supercherie, le chef islamiste n’en démord pas. A quelques mois des législatives il ne pourra pas lâcher ce morceau «venu du ciel» pour haranguer les foules en espérant que son parti touche le gros lot. Il annonce même la création d’une «commission spéciale» pour, tenez-vous bien-  «examiner l’ensemble des manuels scolaires (… et établir un rapport circonstancié sur tous les aspects identitaires et pédagogiques»».

Voici résumé l’alpha et l’oméga du programme de ce parti islamiste qui ne se soucie guère de savoir que Mme la ministre ne soit pour rien dans cette scabreuse affaire. Mais qu’importe, Abderrazak Makri se prend pour ce qu’il n’est pas. Il veut faire face «aux périls qui planent sur le système éducatif».

Un travail d’Hercule pour un homme qui a même du mal à maîtriser son frère ennemi Abou Djerra Soltani qui le flingue à tout bout de champ. Il est vrai que le MSP qui maîtrise la stratégie de l’entrisme et qui se découvre aujourd’hui une âme d’opposant, ne sait rien faire d’autres que surfer sur la vague islamiste. Mais comme le dit la sagesse bien de chez nous : Faqou ! ( Nul n’est dupe).



Voir tous les articles de la catégorie "Actualité"