C’est une journée dont les Tunisiens se souviendront toute leur vie. Une date que les écoliers apprendront par cœur, au même titre que celle de l’indépendance, arrachée à la France en 1956, ou encore celle de la fin du régime de Zine Ben Ali, le 11 janvier 2011.
Aujourd’hui, pour la première fois de leur histoire, les Tunisiens vont voter librement pour élire leur président. Sans bourrage d’urnes. Sans que le scrutin soit connu à l’avance.
Depuis son indépendance jusqu’à la révolution de 2011, le pays n’a connu que deux raïs. Habib Bourguiba, déposé en 1987 par un coup d’Etat de son Premier ministre, Ben Ali, resté aux commandes du pouvoir jusqu’à sa fuite en Arabie saoudite après vingt-trois ans de règne sans partage.
Transition économique
Qui sera le premier président de cette nouvelle Tunisie démocratique ? 5,3millions d’électeurs vont en décider. Les Tunisiens ont le choix entre 27 candidats, dont une femme.
Mais les résultats des législatives du 26 octobre donnent une idée du rapport de force qui s’annonce. A la tête de Nidaa Tounes, la première formation du pays (36,85%), Béji Caïd Essebsi est donné favori des sondages qui circulent sous le manteau.
Agé de 87 ans, il a officié du temps de Bourguiba et de Ben Ali. Soutenu par les partisans d’Ennahda — environ 30% des électeurs —, qui n’ont pas présenté de candidat, Moncef Marzouki, le président transitoire sortant, pourrait bien passer le premier tour.
Quels que soient le visage et la coloration politique du futur président, ce scrutin va achever de doter la Tunisie d’institutions démocratiques pérennes, chose exceptionnelle dans la région.
Pour autant, les défis que devra relever le nouveau pouvoir sont nombreux. Comme la menace que représente la mouvance jihadiste.
Des groupes armés sont notamment actifs dans des zones proches de l’Algérie voisine. Le futur président devra aussi mener la transition économique du pays.
La précarité d’une très grande partie de la population et l’exaspération sociale à l’origine de la révolution, il y a quatre ans, n’ont pas été enrayées pendant la transition. Le taux de chômage s’élève à 15%. Tant que cette courbe ne sera pas redressée, la révolution laissera un goût amer.(Le Parisien)