Un des signataires du «Manifeste des 121» en 1960, le compositeur et chef d’orchestre, Pierre Boulez, connu pour ses engagements politiques, est décédé mardi soir à l’âge de 90 ans, à Baden-Baden, en Allemagne, où il habitait.
Signé par des intellectuels, universitaires et artistes en septembre 1960, rappelle-t-on, le Manifeste voulait informer l’opinion française et internationale de ce mouvement de contestation contre la guerre en Algérie livrée par l’armée française.
Tous les signataires de cette déclaration ont été inculpés ou suspendus de leurs fonctions. Pierre Boulez qui résidé en Allemagne, a été empêché de passer la frontière à cause de son engagement pour l’indépendance de l’Algérie. Connu pour son esprit critique, sa culture universelle et polyvalente, il a voulu d’abord ouvrir cet art à toutes les classes sociales, parce qu "il était exaspéré par l'attitude conservatrice du monde musical français".
«Pour tous ceux qui l'ont côtoyé et qui ont pu apprécier son énergie créatrice, son exigence artistique, sa disponibilité et sa générosité, sa présence restera vive et intense», indique sa famille dans un communiqué diffusé mercredi par la Philharmonie de Paris, dont il était l'initiateur. Pour ceux qui l’ont connu, il a toujours défendu l’idée de trouver une place de la musique nouvelle dans les programmes de concerts et encouragé la création musicale la «plus exigeante».
Durant toute sa carrière, Boulez prônait un décloisonnement des arts entre peinture, théâtre et concert. «C'est à ce prix que l'on touchera un public jeune, renouvelé dans son aspect social comme dans ses aspirations esthétiques», disait-il.
«Esprit critique redoutable, enseignant au Collège de France, il ne cessait de penser les disciplines les unes avec les autres, faisant dialoguer peinture, poésie, architecture, cinéma et musique, toujours au service d'une société plus humaine», a indiqué le président français dans un hommage à l’artiste qui symbolise le 20e siècle musical avant-gardiste.(Aps)