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Paris : la manifestation pro-palestinienne prévue samedi interdite

25-07-2014 18:16  Abbès Zineb

La manifestation pro-palestinienne prévue samedi à Paris a été interdite ce vendredi par la préfecture de police. Les organisateurs ont aussitôt saisi la justice pour contester l'interdiction.

«J'appelle les organisateurs à renoncer à la manifestation de samedi», a déclaré le ministre de l'Intérieur en marge d'un déplacement à Mont-de-Marsan.

«On sait à quels débordements a conduit la manifestation de samedi dernier», a-t-il rappelé en évoquant un «trajet à haut risque» proposé par les organisateurs, qui avait appelé à se rassembler à 15 heures place de la République.

«J'introduis un mémoire en référé-liberté auprès du tribunal administratif de Paris», a aussitôt réagi Me Hosni Maati, l’avocat des organisateurs. «On épuisera tous les recours juridiques», a prévenu Omar Alsoumi, membre du «Palestinian Youth mouvement» qui fait partie des organisateurs de la manifestation de samedi.

Le NPA et le PCF prostestent

Le PCF, le Parti des Indigènes de la République (PIR), le NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) contestent également la mesure. Le NPA faisait déjà partie des organisateurs du rassemblement interdit qui avait dégénéré samedi dernier à Barbès. «Le cas de figure est le même (que samedi dernier) : on ira manifester même si le rassemblement est interdit», avait déclaré dimanche dernier Alain Pojolat porte-parole du NPA.

Aujourd'hui, il se dit «stupéfait» de cette nouvelle interdiction, alors que les organisateurs devaient selon lui «négocier aujourd'hui un parcours de manifestation» pour samedi. «Les arguments, a-t-il poursuivi, c'est qu'il y aurait beaucoup de monde et qu'on serait incapables d'encadrer la manif». Or selon lui, les organisateurs auraient pu mobiliser 200 personnes pour assurer le service d'ordre.

Aussitôt connue l'interdiction, Me Hosni Maati, avocat des organisateurs, a «introduit un mémoire en référé-liberté», la procédure d'urgence, auprès du tribunal administratif de Paris, où une audience est prévue vendredi à 18H30.

Omar Alsoumi, du «Palestinian Youth movement» accuse quant à lui le gouvernement de créer «une division entre des citoyens qui seraient légitimes à s'exprimer et d'autres non.»

De son côté le PCF estime que «les autorités ouvrent la porte à tous les débordements». Les autorités «ne prennent déjà aucune initiative politique à la hauteur de la gravité du drame qui se déroule à Gaza» et «bâillonnent la voix de milliers de jeunes Français qui veulent faire entendre la voix de la solidarité», précisent-ils dans un communiqué.

Le parti communiste exige également «des autorités françaises de suspendre tous les accords de coopération économique et militaire avec Israël, et d'agir avec détermination pour la suspension des accords d'association qui lient l'Union européenne et Israël». Il appelle enfin «à démultiplier partout en France dans les jours qui viennent, et particulièrement ces 26 et 27 juillet, les initiatives de signature de la pétition exigeant de placer le peuple palestinien sous protection internationale et d'une assistance humanitaire et sanitaire internationale».

Cazeneuve : «Ce sont les mêmes organisateurs» qu'à Barbès

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve en a dit davantage aux journalistes du Scan, le site politique du Figaro, quant à sa décision d'interdire la manifestation de samedi. «Ce sont les mêmes organisateurs que la manifestation de samedi dernier, a-t-il expliqué, et on sait à quel débordement elle a conduit». Autre motif : le parcours choisi au départ de la place de la République. «A haut risque» selon le ministre, compte tenu de la proximité des lieux de culte, qui évoque également la «grande émotion» après le crash d'Air Algérie.

Ainsi, les forces de l'ordre ont reçu des «consignes de fermeté» pour intervenir «très rapidement et interpeller» en cas de non-respect de l'interdiction de manifester, mais aussi si «des slogans ou manifestations antisémites» se produisent. Plus de 1200 policiers et gendarmes seront mobilisés pour protéger les lieux de culte. Des surveillances auront également lieu dans les gares desservant des trains de banlieue. Des interpellations se feront «si besoin est».

Pour la manifestation du 19 juillet, qui avait été le théâtre d'émeutes dans le quartier de Barbès, le tribunal administratif avait confirmé l'interdiction de la préfecture de police. Mercredi, la manifestation parisienne de soutien aux Palestiniens autorisée, à l'appel du «collectif national pour une Paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens», s'était déroulée dans le calme. Au micro d'Europe 1, jeudi, Bernard Cazeneuve avait déjà expliqué que la décision d'interdire ou d'autoriser les manifestations serait prise «au cas par cas».

"Coupables indulgences"

Une décision soutenue par le groupe socialiste, qui s'exprime sous la plume de son porte-parole Thomas Thévenoud, dans un communiqué : "Le PS soutient la décision du gouvernement d'interdire le rassemblement de samedi. Ses organisateurs ont montré de trop coupables indulgences pour les violences et les actes antijuifs"

"Les manifestations de solidarité en France et dans le monde envers les habitants de Gaza sont légitimes lorsqu'elles expriment cette volonté de paix comme ce fut le cas mercredi, mais elles sont inacceptables quand elles propagent l'antisémitisme et la violence au sein de la République", ajoute le porte-parole.

Jeudi, Amnesty international s'était inquiété de «la menace qui pèse en France sur le droit fondamental qu'est la liberté de réunion pacifique». Human Rights Watch a déploré vendredi cette nouvelle interdiction, qui constitue selon l'ONG «une entrave disproportionnée à la liberté de réunion et d'expression».(Afp)



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