Des hommes armés ont abattu mardi un vaccinateur antipolio dans une région du centre du Pakistan jusqu'à présent épargnée par les attaques ciblant les campagnes d'immunisation contre cette maladie, dont le pays est devenu le premier foyer mondial. Les assaillants ont ouvert le feu sur Muhammad Sarfaraz, un enseignant de 40 ans qui vaccinait des enfants contre la poliomyélite à Faisalabad, ville industrielle plantée dans le coeur de la province centrale du Pendjab, a déclaré un haut responsale de la police locale, Ali Waseen.

"Ils ont tiré six balles et il est mort sur le coup", a déclaré ce responsable, alors qu'un cadre des services de santé a confirmé que la victime était bien un vaccinateur antipolio. Ce nouveau meurtre porte à au moins 67 le nombre de travailleurs antipolio tués au cours des deux dernières années au Pakistan, où les campagnes de vaccination se heurtent à l'hostilité d'une partie de la population et des extrémistes religieux.

Le Pakistan est le pays le plus touché et premier exportateur de cette maladie qui entraîne la paralysie. Depuis le début de l'année, au moins 268 cas de poliomyélite y ont été diagnostiqués, soit 85% des cas recensés cette année à travers le monde. Les campagnes de vaccination se heurtent à l'hostilité d'une partie de la population, des imams et des talibans qui attaquent les vaccinateurs, principalement dans le nord-ouest du pays, près de la frontière afghane, et dans certains quartiers de Karachi (sud), la métropole économique.

Dans ces régions où l'influence talibane est la plus forte, certains croient à tort que le vaccin contient du porc, et ne peut donc être administré aux musulmans, d'autres qu'il rend stérile, nourrissant la rumeur que la vaccination est un complot occidental contre la population musulmane. La province centrale du Pendjab, la plus peuplée du pays, restait toutefois jusqu'à présent en grande partie épargnée par ces violences. (Agences)