Ahmed Ouyahia a choisi la ville de Skikda pour entamer sa campagne en vue de se réapproprier la direction du RND. Ce qui ne sera qu’une formalité contre laquelle la pseudo volonté de Belkacem Mellah, de briguer le poste de SG, ne pourra strictement rien. D'autant que ce dernier n'est qu'un lièvre, Ouyahia voulant montrer qu'il ne ressemble en rien à Nicolae Ceaușescu, ce malheureux président roumain qui s'est fait trucider avec sa moitié.
Ahmed Ouyahia, en optant ainsi pour Skikda comme première halte sur son chemin dans la reconquête du pouvoir au sein du RND, entend visiblement réaffirmer l’ancrage anti terroriste du RND, dans une région qui a souffert le martyr durant la décennie noire. Ce qui est somme toute légitime. Ce qui l’est moins, c’est sa harangue contre l’opposition.
Au cours de ce meeting à Skikda, on a retrouvé un Ahmed Ouayhia tel qu’en lui-même, c’est à dire suffisant, arrogant, donnant cette détestable apparence de détenir la vérité absolue sur la réalité de l’Algérie, du monde, pendant que les autres, c'est-à-dire ceux qui ne partagent pas ses certitudes, ne seraient que d’indécrottables ignares qui n’ont rien compris au problème palestinien, selon l’expression consacrée.
A Skikda, il a encore renouvelé son soutien au président Bouteflika et fait les yeux doux à Amar Saâdani. C’est son choix. Mais la manière est contestable, voire exécrable. Ouyahia a fait encore dans l’excès, dans le zèle, voire dans l’obséquiosité qui rend d’ailleurs son appui au président un peu suspect et ses mamours au SG du FLN un brin hypocrites. C’est bien connu, en politique, la tartuferie et l’hypocrisie sont deux sœurs jumelles qui ponctuent les rapports entre les hommes.
En nostalgique d’une époque révolue, et qu’il est le seul à convoquer comme référence, il se livre encore à un exercice de punching anti opposition. A Skikda, cette opposition en a encore pris pour son grade. A croire Ahmed Ouyahia, tous les maux dont souffre l’Algérie sont imputables à cette opposition qu’il traite avec mépris, avec morgue, lui le mortellement patriote, lui l’homme providentiel.
Cette opposition, dont il ne supporte visiblement pas l’existence, lui l’incurable nostalgique du Boumediénisme, dans ce qu’il a d’autoritaire, il veut l’éradiquer, car elle est le miroir grossissant de son inconsistance politique. Une inconsistance, une puérilité qu’il s’obstine à cacher derrière son allure trompeuse de "Monsieur qui sait tout".
A l'entendre vitupérer, on serait enclin à penser qu'il aurait suggéré au président Bouteflika de profiter de la révision constitutionnelle pour abolir le pluralisme et rétablir le parti unique. De la sorte, il n’y aura plus personne pour contester les oracles de M. Ouyahia, l‘homme qui croit avoir la science infuse.
Pourtant cette opposition qu’il se fait chaque fois un plaisir sadique de tourner en bourrique a plus de légitimité que son parti fabriqué de toutes pièces dans le bureau du général Mohamed Betchine et depuis pris en charge par son mentor Toufik.
Pour finir, un conseil approprié à M Ouyahia : quand on a la prétention d’être un homme d’Etat, qui, de surcroit croit à un destin national, on doit avoir du respect pour ses adversaires, leur apporter la contradiction avec des arguments politiques. Non pas avec des anathèmes et des raccourcis qui, assurément, sapent les chances d’un consensus politique dont l’Algérie a aujourd’hui besoin.