Ouyahia est décidément passé maître dans un certain art : il dit, avec tout l’aplomb dont il est capable, le contraire de ce qu’il pense. Il n’a pas froid aux yeux, il use de qualificatifs péjoratifs sciemment choisis par lui pour ensuite plaider que ces derniers ne s’appliquent pas au Président. Cette façon de procéder relève, pour le moins qu’on puisse dire, de la satyre exprimée sous une forme laudative.
Il invente une accusation d’inclination au monarchisme faite, soit disant, par ses détracteurs au Président et il s’égosille ensuite à l’en disculper. Le Président ne compte pas instaurer le monarchisme ni rendre son pouvoir héréditaire. Il faut entendre : le Président doit se contenter d’achever son mandat et s’en aller. Le Président n’est pas Néron pour que l’on craigne qu’il brûle le pays : c’est un message sibyllin disant au Président que sa persistance à ne pas vouloir rappeler Ouyahia aux commandes du pays équivaut à le bruler.
Lors de sa prestation du Samedi 12 septembre, Ouyahia a atteint le score le plus élevé dans la flagornerie sous laquelle se cachent ses sentiments réels pour les bénéficiaires de ses envolées dithyrambiques. Cette fois, le mieux servi entre tous a été Ahmed Gaïd Salah, celui-là même qui ne le porte pas en son cœur parce qu’il le tient pour être obéissant au doigt et à l’œil au général Toufik auquel il doit sa carrière.
Après avoir encensé son bienfaiteur, en revendiquant publiquement son amitié ("mon ami Toufik") à instar de Amar Ghoul qui se targuait d'être son partenaire de football, voilà Ouyahia, à l’occasion de son retour à la tête du RND, faire un bon geste en gratifiant Gaïd Salah de ce qui lui reste de louanges. En matière de dissimulation, notre orateur, chargé d’animer la scène politique sans plus, a atteint une performance olympique !
Par ailleurs, il n’a pas manqué de bien souligner son historicité par rapport à tout ceux qui sont actuellement en tête de la nomenclature du pouvoir, à savoir le Président lui-même, Saïd Bouteflika, Gaïd Salah, Sellal, Bensalah, etc… et de rappeler qu’il est le géniteur de la garde communale et des autres formations d’auto-défense qu’il a évoquées avec beaucoup de paternalisme.Sellal, quant à lui, n’a eu droit qu’à de la condescendance venant d’un « maître de l’art inégalable » qui a bien voulu lui dire quelques mots d’encouragement.