Pourquoi Ouyahia retombe toujours dans le même piège ? C’est la brûlante question que se posent les observateurs à propos d’un homme politique au long cours qui se retrouve assez souvent dans une pitoyable posture. Plusieurs fois humilié par des limogeages secs de la chefferie du gouvernement, et autant de fois dégagé sans ménagement du secrétariat général du RND, Ahmed Ouyahia s’entête tout de même à poursuivre sa ligne de conduite de ne pas écouter ceux qui lui demandent de partir.
Et pour cause, ce sont pourtant les mêmes Hafsi, Zitouni, Kacem Kébir qui ont eu sa peau en décembre 2012 qui reviennent aujourd’hui à la charge pour l’empêcher d’être élu vrai patron du RND à la faveur du Congrès extraordinaire du parti devant avoir lieu du 5 au 7 mai prochain.
Ahmed Ouyahia sait évidemment que ce groupe de frondeurs ne sont pas seuls. Il sait aussi qu’ils ont reçu ordre de lancer l’assaut contre lui, avec cette garantie qu’ils ne risquent absolument rien. Ces membres du Conseil national du RND qui viennent de faire entorse au règlement intérieur de leur parti en affichant publiquement leur désaccord avec le SG par intérim, sont sûrement missionnés.
Beaucoup d’entre eux, étaient d’ailleurs présent à la Coupole pour le rassemblement du FLN que leur parti à officiellement boycotté. Mieux encore, Noria Hafsi s’est permis de tacler violemment Ouyahia en se demandant pourquoi le RND n’est pas présent à un rassemblement de soutien au président (sic).
De fait, c’est (la mauvaise) l’histoire qui se renouvelle pour l’actuel directeur du cabinet du président de la république.
L’art de tomber de haut…
Un petit mouvement de contestation, puis des communiqués publics de dénonciation et enfin un mouvement de dressement. On voit mal comment Ouyahia échapperait à cette redoutable machine à broyer qui l’a pourtant éjecté du système plusieurs fois. Il a certes montré patte blanche au sujet de Chakib Khelil qu’il a propulsé au rang de «compétence mondiale». Il a aussi cassé de l’opposition avec une telle virulence qu’il ferait pâlir d’envie Saâdani.
Mais cela lui suffira-t-il de sauver sa tête quant un pan entier de ceux qui se disent «proches du président», l’ont mise à prix ? L’expérience enseigne que rarement Ouyahia a échappé à une fronde au sein de son parti même à la tête de l’exécutif. N’ayant aucune attache avec l’opposition, l’homme ne manifeste aucune résistance quand il sait d’où vient le coup.
Il est vrai que son communiqué du jour est teinté d’un peu de courage quant Ouyahia écrit qu’ «aucun groupuscule, aucune minorité n’imposera son diktat au sein du RND». Une réponse cinglante à Hafsi et Cie qui réclament le report du Congrès. Mais rien ne dit qu’Ahmed Ouyahia adoptera le même ton si jamais le ton justement monte dans les structures dirigeantes du RND.
Pourquoi cet homme politique qu'on dit chevronné ne tire-t-il pas les leçons de ses échecs répétés à être souvent le dindon de la farce politique ? Est-il une nouvelle fois à la veille de son dégagement sans gloire de son parti ? Tout le laisse croire, à moins d'un sauvetage de dernière minute.