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Ouyahia étonne et détonne

16-02-2018 21:07  Amel Benabi

Il était attendu depuis une quinzaine de jours. Son silence assourdissant alors que la rue gronde était peu bizarre pour un Premier ministre sensé rassurer et au besoin, trancher. Beaucoup disait que l’homme est devenu calculateur à un peu plus d’une année de la présidentielle. On lui prête le doux rêve de rencontrer enfin son destin…

D’où, pensent-ils, cette nouvelle posture qui ne sied guère à l’homme réputé pour sa loquacité qui agace parfois. Mais ne voilà –t-il pas que Ahmed Ouyahia est sorti subitement du bois pour asséner ses vérités et brandir son "seif al Hadjadj" contre ceux qui le donnaient pour mort politiquement.

Depuis Biskra où il fêtait ce weekend l’anniversaire de son parti, le RND, Ouyahia a tôt fait d’enfiler le costume du Premier ministre pour, tantôt mettre en garde tantôt avertir.

Il recadrera d’abord son ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, qui depuis Dubai, évoquait l’éventualité de supprimer les subventions de l’essence dès 2019.

"Après des déclarations d’un responsable (Raouya) dans des médias, les marchands de la politique ont sauté sur l’occasion pour accuser l’État de chercher à appauvrir le peuple".

Il n’a certes pas attaqué frontalement le premier argentier du pays ni celui de l’énergie qui est allé dans le même sens s’agissant du maintien des subventions très coûteuses.

Mais Ouyahia a volé au secours de la république "exemplaire et protectrice" qui n’affamera jamais ses enfants.

"Il n’y aura pas de levée des subventions, ni sur l’essence, ni sur le pain, ni sur le lait, ni sur l’électricité ou autres" rectifie le chef du RND.

Oui, mais comment ? Ahmed Ouyahia ne dit rien se contentant comme toujours de hausser le ton et asséner des promesses qu’il n’est pas certain de tenir.

En somme il oppose un discours politique à des perspectives économiques et financières quantifiables.

Les amateurs de la politique, diront qu’il est dans son rôle d’envoyer des ondes positives même dans un climat menaçant.

Cela travaille sa stature "d’homme d’Etat" qu’il veut se tailler pour prétendre au graal… Sur sa même lancée, Ahmed Ouyahia a envoyé une claire mise en garde aux médecins résidents et enseignants en grève depuis trois mois.

"Il est temps que le train de l’anarchie s’arrête» lancera –t-il menaçant. "Barakat (çà suffit !), cette situation ne peut plus durer(…) parce que le train de l’anarchie peut mener à l’irréparable", a-t-il déclaré dans un meeting populaire.

Les enseignants grévistes? Ouyahia ne s’est pas fait prier pour qualifier certains qui dispensent des cours tarifés en cachette de "pirates". Et de prononcer la sentence : "il est temps, au nom de la démocratie et de la liberté d’expression, de dénoncer ces comportements ! ".

Sur la situation financière du pays, Ouyahia certes a tenté de relativiser sa délicatesse, mais ne s’est pas empêché de dire que "l’Algérie vit à crédit ! ". Un programme électoral ? Possible. 



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