La démission du député Ali Laskri et membre de l’instanceprésidentielle, aura confirmé ce que les militants, les sympathisants et lesobservateurs politiques craignaient : Que le Front des forces socialistes(FFS) ne puisse pas survivre à son fondateur charismatique, feu HocineAit Ahmed.
Il faut bien admettre que les choses tournent mal pour le plusvieux parti de l’opposition plus que jamais orphelin de son zaim qui ramenaitle parti au rivage quand des vents contraires le faisaient chavirer. Endécidant de jeter l’éponge, Ali Laskri qu’Ait Ahmed appelait affreusement «DdaAli», a discrédité un peu plus le fonctionnement opaque du parti et sonpositionnement sur l’échiquier politique.
Le FFS qui était jadis une école d’apprentissage de la militancepolitique et de la résistance, n’est plus qu’un appareil sujet aux intrigues decour et aux coups bas. Régulièrement, des cadres de valeur sont sacrifiés surl’autel des ambitions démesurées de certains arrivistes qui veulent faire mainbasse sur cet îlot de résistance politique à la normalisation ambiante.
Ali Laskri a été par deux fois Premier secrétaire du parti et membre de l’instance présidentielle et àce titre, sa démission s’apparente à un séisme organique. Il était d’usage qu’àchaque fois qu’un cadre du FFS décide de jeter l’éponge, on lui collel’étiquète de vouloir arrimer le parti aux cercles du pouvoir. Si ce stratagèmea fonctionné quelques temps, on ne peut plus tromper tous les militants et toutle temps.
La liquidation de Rachid Hallet il y a un peu plus d’une annéede cette même instance, puis la démission de la députée Saïda Ichalamène, sontdes signes d’une crise structurelle dans ce parti. La bombe couvait depuis desannées dans ses instances et le décès de son illustre fondateur n’a fait que retarderson explosion sur la place publique.
Un mal pour un bien
C’est dire que ce pavé jeté par Laskri dans la mare est peutêtre un mal pour un bien. Le FFS qui est une école de formation politique avocation à revenir à ce qui a été son alpha et son oméga. Un exemple derectitude morale et d’engagement désintéressé pour les idéaux démocratique. Etnon point une formidable machine à broyer des cadres qui ont mouillé leurschemises.
Que voit-on quand on jette un regard froid sur les péripéties duFFS ces dix dernières années ? Un champ de ruines. Un cimetière où reposentdes dizaines de cadres qui ont fait les beaux jours du parti d’Ait Ahmed dansdes conditions politiques et sécuritaires exécrables. Où sont les AhmedDjeddai, Mustapha Bouhadef, Rachid Hallet, Hemdani, Karim Tabbou, Said Khelil,Djamel Zenati, Dalila Taleb, Malek Sadali, Samir Bouakouir et bien d’autres ?
Tout ce beau monde qui a maintenu en vie et donné de la voix àce parti durant la décennie noire, est passée à la trappe. Les coups bas etautres machinations ont eu raison de leur volonté de revoir le fonctionnementd’un parti qui a fini par épouser lesstandards archaïques en vogue en Algérie.
De parti qui compte, le FFS est devenu une formation quelconquequi n’inspire plus le même respect qu’avant, incapable de trouver des partenaires politique pourpartager son projet de « consensus national ».
Aussitôt le capital sympathie d’Ait Ahmed épuisé, deux annéesaprès sa mort, le parti a sombré logiquement dans la léthargie avec despremiers secrétaires sans envergure et sans charisme, comme Mohamed Nebbou ouencore Mohamed Djilani.
Rassemblement
Aujourd’hui, la direction actuelle ou ce qui reste encore, estbien obligée de convoquer un congrès extraordinaire pour élire une nouvelleinstance présidentielle conformément aux statuts du parti. Mais est-ce vraimentla solution aux maux sérieux du FFS ?
Le bon sens voudrait que l’équipe en place pense à sauver leparti en ouvrant la porte au retour de ses cadres qui l’ont quitté pour uneraison ou une autre. C’est un congrès de rassemblement et de réconciliationqu’il faudrait organiser pour ressouder le parti et lui redonner une âme pourun nouveau départ.
Les Djeddai, Hallet, Bouhadef et autres Khelil Tabou doiventrevenir. Tout le monde a sa place dans ce grand front dont l’ambitionoriginelle est de constituer une véritable alternative démocratique. L’Algérie a tant besoin d’un grand parti crédible qui puisse rappeler à l’ordre le pouvoir en ces temps d’incertitudes.
Etce parti ne peut être que le FFS qui pourrait servir de locomotive à uneopposition constructive fondée sur l'engagement de lutter pour le triomphe de laliberté, de la démocratie et du respect des droits de l’homme. Le FFS est tenudésormais de donner du sens à son crédo «vérité et crédibilité». Il y vade sa survie politique. Le prochain congrès est un tournant décisif qu’il vafalloir bien négocier.