L’OPEP va-elle faire baisser ou augmenter les prix ?
N’oublions pas que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ( OPEP) détient 80% des réserves mondiales de pétrole mais ne représente que 35% de la production mondiale. Des pays comme la Russie et les USA (non OPEP) produisent ensemble deux fois plus que l'Arabie Saoudite.
- Les marchés sont influencés par les événements géopolitiques au sein et entre les pays de l'OPEP parce qu'ils ont, historiquement, abouti à une réduction de la production pétrolière.
- Mais maintenant les données ont changé en 2016 puisque trois importants pays de l’OPEP (Libye, Irak), ont été en guerre civile et l’Iran qui a été empêchée par l’ONU pendant longtemps d’exporter son pétrole, veulent redresser leur économie en augmentant davantage les ventes de leurs ressources pétrolières.
- Un accord sur le gel de la production augmenterait les prix à 60 dollars/baril, ne sera pas bénéfique pour l’Algérie dans la mesure où si on réduit la production, on perdra en prix du fait que l’Algérie ne dispose que d’une minime production en pétrole comparativement aux autres membres de l’OPEP. Le poids de la production en Algérie est minime devant le poids des autres membres de l’OPEP.
- Pour étudier l’évolution des prix dans le secteur de l’énergie, on doit s’en tenir aux fondamentaux en plus des enjeux géostratégiques, le cours du pétrole ayant subi certes une légère remontée et été coté le 13 avril 2016 le WIT américain à 41,62 dollars le baril et le Brent à 44,24 dollars mais avec un cours euro/dollar de 1,138 dollar un euro.
- N’oublions pas que le Fonds monétaire international (FMI) dans son dernier rapport du 12 avril 2016, a révisé à la baisse les perspectives de croissance de l’économie mondiale de 3,1 à 3,2% pour 2016 contre une prévision de 3,4% et de 3,5% en 2017. Ainsi les besoins mondiaux en Energie seront pratiquement en baisse en 2017.
- L’Arabie Saoudite, dont la capacité de production est de 12 millions de barils par jour soit 1907847.6 m3, est confrontée actuellement à une grave crise économique.
- En face, à la faveur de l’accord sur le nucléaire et la levée d’une partie des sanctions internationales en janvier dernier, l’Iran a augmenté sa production à presque 4 millions de barils par jour contre 2,7 avant l’accord de 2015, et compte atteindre 4,3 millions de barils par jour, soit son niveau avant embargo.
- Le cœur du sujet, c’est donc le nouveau quota iranien. L’autre partie du problème, et qui pèse le plus, c’est cette surabondance du brut sur le marché et les stocks américains qui avoisinent actuellement les 511 millions de barils.
- L'OPEP ne sera probablement pas capable de conclure un accord pour limiter la production de pétrole à Alger la semaine prochaine parce que les autres membres veulent défendre leur part de marché. De par leur passé, les marchés sont influencés par les événements géopolitiques au sein et entre les pays de l'OPEP parce qu'ils ont, historiquement, abouti à une réduction de la production pétrolière.
- La Libye a annoncé jeudi la reprise imminente des exportations après un retour au calme dans la région du Croissant pétrolier tandis qu'au Nigeria, des analystes attendent la reprise d'une production plus importante après une vague de sabotages.
- Le sur-approvisionnement du marché mondial du pétrole risque de devenir encore plus important, d’ou un surcroît d'offre par rapport à la demande.
- Selon l’EIA, les stocks américains de brut ont chuté de 6,2 millions de barils la semaine dernière.
- Les membres de l'OPEP se préparent ainsi à discuter de geler la production si la surabondance de l'offre persistera.
- La réunion intervient après que l'Agence internationale de l'énergie a déclaré que la surproduction mondiale va durer plus longtemps et que la croissance de la demande ralentit.
- La société de services pétroliers Baker Hughes va publier incessamment de nouveaux chiffres de l'activité du forage aux Etats-Unis. S'ils font état d'une onzième hausse en douze semaines, cela élèverait les craintes à propos de la surabondance.
- Les besoins mondiaux d’hydrocarbures se chiffrent approximativement à 100 millions de barils par jour.
L’Arabie Saoudite, le plus grand producteur de pétrole au sein de l'OPEP et le plus grand exportateur de pétrole au monde, a toujours eu la plus grande capacité de réserve. L'Arabie Saoudite a généralement gardé plus de 1,5 à 2 millions de barils par jour de capacité de réserve à portée de main pour la gestion du marché.
Compte tenu de l'importance du marché de l'OPEP, les événements qui entraînent une perte potentielle actuelle ou future des approvisionnements en pétrole peuvent produire des réactions fortes des prix du pétrole.
Le royaume saoudien est réticent à limiter la production. Le ministre saoudien de l'énergie Khalid Al-Falih, après avoir promis la coopération avec son homologue russe Alexander Novak le 5 septembre, a nié qu'il y avait un besoin actuel de plafonner la production, en disant "les marchés sont orientés dans la bonne direction’’
L'excédent mondial du pétrole va durer plus longtemps que précédemment jusqu'à la fin de 2017, jusqu'à ce que la croissance de la demande ralentisse et que la production se révèle souple, a déclaré le 13 septembre 2016, l'Agence internationale de l’énergie (AIE), qui prédit que le marché commencerait le retour à l’équilibre.
Selon le ministre algérien de l’Energie Mr Noureddine Bouterfa qui a déclaré mardi à la radio nationale que l’OPEP peut transformer sa réunion informelle à Alger en une session formelle en fonction de discussions avant ou pendant la réunion. Les producteurs ont besoin de réduire l’approvisionnement en brut global de 1 million de barils par jour pour rééquilibrer le marché,
Son homologue des Emirats Arabes Unis, ministre de l'Energie Suhail Al Mazrouei, a déclaré aux journalistes dans l'émirat de Fujairah ce mercredi que les producteurs de l’OPEP ne devraient pas prendre une décision hâtive et la réunion à Alger est pour la consultation, pas unesession officielle de l'OPEP.
Le président iranien Hassan Rouhani a déclaré le 6 septembre qu'il est encore "vital" pour le pays pour compenser ce qu’il a perdu au cours des années de sanctions. Cela signifie augmenter la production "légèrement" à plus de 4 millions de barils par jour, contre 3,8 millions actuellement, avant de rejoindre les discussions sur un plafond, selon Mohsen Ghamsari, directeur des affaires internationales à National Iranian Oil Co.
Le Secrétaire général Mohammed Barkindo d’OPEP a affirmé que les pourparlers sont pour la consultation plutôt que la prise de décision. Pourtant, la réunion prévue a fait grimper les prix du pétrole le mois dernier alors que l'Arabie saoudite, l'Iran, l’Irak, la Libye et le Nigeria poursuivent les mêmes objectifs : Produire de plus en plus.
Ainsi, si la réunion se termine comme à Doha (en avril 2016) sans accord, le prix du pétrole pourrait baisser davantage. Le malheur de l’Algérie est que depuis 2014, devenu autonome grâce à ses gisements non conventionnels de Gaz de schiste, le client américain qui représentait entre 30 et 35 % des recettes de la Sonatrach a disparu.
Ainsi, il est tout à fait clair a travers de ce qui précède qu’un accord serait improbable pour geler la production de pétrole aux niveaux actuels pour l'année prochaine 2017.
Par le Professeur ABDELLAOUI Boubekeur
Consultant en Energie et expert indépendant