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Nouvelle politique économique 2016/2020 : éviter l'erreur stratégique des schémas du passé

15-03-2016 15:49  Pr Abderrahmane Mebtoul

Face aux nouvelles mutations mondiales , il devient impérieux d'inscrire dans la démarche de la nouvelle politique économique, tant la transition énergétique que l'adaptation à la quatrième révolution industrielle supposant une révolution des mentalités de nos dirigeants qui sont prisonniers des anciens schémas dépassés des années 1970 qui risquent d'accélérer la baisse des réserves de change en nette baisse ayant clôturé au 31/12/2015 à 143 milliards de dollars

1.- Les schémas du passé raisonnent sur un modèle de consommation linéaire axée sur les énergies fossiles traditionnelles et c'est une erreur stratégique qui risque de coûter cher à l’Algérie. Le monde se prépare à une transition énergétique entre 2020/2030, comme cela s’est passé du charbon aux hydrocarbures. Il faudrait analyser les investissements dans la recherche développement notamment au niveau des énergies renouvelables et horizon 2030 dans l’hydrogène. Si l’on investit durant la période 2016/2020 dans les nouveaux segments d’énergie , tout en n’oubliant pas les économies d’énergies grâce aux nouvelles technologies, BTPH, transport, industries) d’environ 30%) l’on réduira substantiellement les investissements dans les énergies classiques. . Selon le rapport du FMI présenté à la COP21 récemment à Paris, en 2011, les subventions énergétiques mondiales après impôt, pour 2011 ont été estimées à 2000 milliards de dollars (2,9 % du PIB mondial) à 4900 milliards de dollars (6,5 % du PIB mondial) en 2013 et en 2015, à 5300 milliards de dollars (6,5 % du PIB mondial). Imaginons un transfert de ces subventions vers d’autres sources d’énergie progressivement ce qui bouleversera toute la carte énergétique mondiale, mais impliquant une recomposition du pouvoir énergétique mondial. Imaginons un transfert de ces subventions vers d’autres sources d’énergie progressivement.

Comme rappelé dans plusieurs contributions,(www.algerie1.com ), la baisse d’un dollar en moyenne annuelle occasionnant une perte pour l’Algérie d’environ 600 millions de dollars. A 60 dollars, recettes de Sonatrach de 34 milliards de dollars, et profit net 27 milliards de dollars. A 50 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 21 milliards de dollars. A 40 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 15 milliards de dollars. A 30 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 9 milliards de dollars. A 20 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 3 milliards de dollars. Le seuil de rentabilité pour les gisements de Sonatrach se situe entre 15/20 dollars et pour les nouveaux gisements du fait de l’importance de l’investissement 20/25 dollars. Tous ces scénarios ont un impact sur le fonds de régulation des recettes qui risquent de fondre horizon 2017, les réserves de change horizon 2018/2019,( 143 milliards de dollars au 31/12/2015- un puisement de près de 35 milliards de dollars en 2015) , sur le taux de croissance , sur le taux de chômage et sur la valeur du dinar corrélé à 70% aux réserves de change via les rentrées de Sonatrach qui a été coté le 14 mars 2016 officiellement 109,66 dinars un dollar et 122,615 dinars un euro, un niveau jamais égalé depuis l’indépendance politique qui devrait accélérer l’inflation importée , les taxes douanières s’appliquant au cours du jour du dinar .

2.-. En cas d’un modèle de consommation linéaire à court et moyen terme, en attendant la transition énergétique irréversible, la faiblesse de l’investissement, en cas de reprise forte de l’économie mondiale dont la Chine devrait entraîner une hausse des prix du pétrole et du gaz traditionnel mais qui ne dépassera pas 70/80 dollars entre 2017/2020. En cas d’une croissance faible, le cours devrait fluctuer, en moyenne entre 40/50 dollars, hypothèse retenue par le FMI entre 2016/2020.En cas d’une crise mondiale majeure on ne peut exclure un cours fluctuant entre 20/30 dollars. Les réserves selon les données officielles de gaz de l’Algérie en conseil des Ministres de 2015, suite au rapport du Ministre de l’Energie, sont de 2700 milliards de mètres cubes gazeux et le pétrole 10 milliards de barils, allant au vu des exportations et de la consommation actuelle à l’épuisement horizon 2030. On se focalise actuellement sur le cours du pétrole en Algérie en oubliant le cours du gaz dont la baisse est bien plus importante, représentant 33% des recettes de Sonatrach et les économies d'énergie qui continuent la plus grande réserve, construisant des industries, des routes et des logements sur les méthodes dépassées des années 1970. Or, sur le marché libre le cours a dégringolé de plus de 70% étant coté le 14 mars 2016 à 1, 82 dollars contre le 05 mars 2016 à 1,37 dollars le MBTU et contre 5/6 dollars le MBTU en janvier 2014. A ce cours la rentabilité des investissements dans le gaz, pose problème surtout si les contrats à moyen terme qui expirent vers 2017/2018 ne sont pas reconduits.

Et il y a lieu de retenir une information internationale de taille en janvier 2016 : le Qatar dès le 1er janvier écoulerait du GNL vers l’Inde à 6/7 dollars le MBTU alors que la rentabilité pour l’Algérie se situe 9/10 dinars pour les canalisations et pour le GNL 14/15 dollars. Il faut être réaliste, le tissu productif qu’ils s‘agit de dynamiser, en encourageant toutes les énergies créatrices et levant toutes les contraintes d’environnement, est non concurrentiels, excepté quelques entreprises et du fait du dépérissement de l’artisanat( perte du savoir faire dans les petits métiers) les unités de sous traitance peinent à naître. Si les réformes structurelles sont entamées en 2016, l’on pourrait voir émerger des entreprises compétitives que vers 2020. Les exportations hors hydrocarbures du secteur privé représentent moins de 1% des exportations totales. Il faut être réaliste, le marché un des plus difficiles à pénétrer, contrairement à une idée faussement répandue étant celui de l’Afrique, comme en témoigne les rivalités entre la Chine et les Etats Unis d’Amérique, sans parler d’un certain nombre de pays contrôlés par la France. Il semble bien que certains dirigeants algériens soient déconnectés des nouvelles réalités mondiales, du fait de l’ancienne culture alors que le monde se prépare à la quatrième révolution industrielle, vision mécanique alors que les pays qui avanceront seront de plus en de plus en plus dominés par l’immatérialité.

On est encore à assainir les entreprises publiques comme EL HADJAR et la SNVI qui reviennent chaque fois à la case de départ (des centaines de milliards de centimes engloutis depuis des décennies). On mise sur les anciennes technologies de la sidérurgie, de la mécanique, et le textile alors que tous les pays européens n’arrivent pas à concurrencer l’Asie dont la Chine pour ce dernier segment. Avec cette vison l’Algérie va droit au mur. Pour s’inscrire dans la croissance mondiale, l’Algérie doit d’abord mettre en place un partenariat gagnant /gagnant avec les firmes qui contrôlent le marché mondial, et surtout asseoir une véritable économie de la connaissance, développant le savoir de tous, de l’informatique au travail en équipe, de l’arabe, du français à l’anglais, du primaire au supérieur, de la crèche à la recherche. Elle doit ensuite faciliter la concurrence, la création et la croissance des entreprises, par la mise en place de moyens modernes de financement, la réduction du coût du travail et la simplification des règles de l’emploi. Elle doit favoriser l’épanouissement de nouveaux secteurs clés, dont : l’intelligence artificielle, le numérique, la biotechnologie, les industries de l’environnement, les services à la personne avec le vieillissement de la population. Le monde ne nous attend pas et toute Nation qui n’avance pas recule forcément. Retarder les réformes ne peut que conduire à la désintégration lente, à l’appauvrissement, une perte de confiance en l’avenir puisqu’ avec l’épuisement de la rente des hydrocarbures, l’Algérie n’aura plus les moyens de préparer ces réformes et vivra sous l’emprise de la peur, voyant partout des menaces où les autres voient des chances. Cette croissance exige l’engagement de tous, et pas seulement celui de l’État en organisant les solidarités devant concilier efficacité économique et équité par une participation citoyenne et un dialogue productif permanent supposant la mobilisation de tous les Algériens et donc une autre gouvernance.

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