Et si les rapports très négatifs sur le climat des affaires (Doingbusiness) en Algérie « pondus » par la Banque Mondiale et d’autresinstitutions internationales n’étaient pas au dessus de tout soupçon ? Beaucoup d’observateurs émettaient desérieuses réserves sur les fondements de ces rapports aussi négatifs les unsaprès les autres.
L’Algérie qui dispose d’atouts économiques non négligeablesest régulièrement placée en queue des classements à côté des pays les pluspauvres et les plus arriérés du monde. C’est quand même curieux de mettre parexemple notre pays juste devant des pays en guerre comme l’Irak, la Libye, leMali voire le Yémen !
La démission, jeudi, de l’économiste en chef de la Banque mondiale(BM), Paul Romer, de son poste après la polémique suscitée par ses révélationsfracassantes sur le classement Doing Business, est largement reprise par lapresse aux Etats-Unis, rend tout à fait légitimes ces interrogations sur lacrédibilité des ces classements, qui n’ont apparemment rien de sérieux.
C’est même des instruments politiques et géopolitiques dont usentet abusent les grandes puissances qui contrôlent les institutionsmultilatérales, pour faire pression sur des pays qui ne sont pas sous leursinfluences. Tout n’est pas rose en Algérie en matière de climat ders affaireset de facilité de l’investissement. Mais tout de même.
Dans le dernier Doing Business pour l’année 2018, elle pointe à la166eme position sur un total de 190pays ! Ce classement est pour le moins bizarre alors que même que desentreprises occidentales opèrent en Algérie depuis des années.
Pis encore, s’il est vrai que l’’arsenal législatif algérien doives’adapter aux normes modernes, il y a quand même des avancées incontestables enterme de facilitations et de garanties offertes aux investisseurs. Pourtant,Notre pays a perdu dix places par rapport au classement de l’année 2017. A ne rien comprendre !
La BM discréditée
Du coup la démission de cetéconomiste de la Banque Mondiale, en signe de protestation contre laméthodologie et la rédaction des rapports produits par cette institutionfinancière internationale, jette une grave suspicion sur leur crédibilité. PaulRomer a même accusé la Banque Mondiale d’avoir modifié «injustement» lesindicateurs de son rapport annuel sur le climat des affaires dans le monde pourdes «motivations politiques».
Dans un entretien accordé le 12 janvier au Wall Street Journal, l’économistea admis que les changements de la méthodologie du rapport Doing Business,opérés ces dernières années, ont été motivés par des «considérations politiques»,citant le cas du Chili dont la notation a été volontairement abaissée depuisl’arrivée au pouvoir de la socialiste Michelle Bachelet en 2014.
En clair, les notations se font en fonction de la proximité dersrégimes en place dans certains pays avec les grandes puissances qui contrôleles institutions multilatérales. Ainsi, le Chili qui avait enregistré depuis2010 une progression constante dans le Doing Business, a vu son classementchuter de la 34e place en 2014 à la 57e en 2017. La raison ? L’introductiond’un indicateur sur les délais de paiement des impôts par les entreprises, qui a coûté cher à cepays en matière d’attractivité économique.
Du coup, on envoie un mauvais signal au investisseurs étrangersalors que le Chili est un pays très solvable qui affiche de bons indicateurséconomiques. «Je veux m’excuser personnellement auprès du Chili et desautres pays qui auraient pu être affectés par ces changements», a indiquéPaul Romer au Wall Street Journal.
Paul Romer, qui s’est exprimé jeudi après sa démission, a indiquésur son blog que la Banque mondiale, appelée à opérer dans le domaine de ladiplomatie, faisait l’objet d’une tension «inévitable» résultant desdifficultés de concilier les objectifs diplomatiques et les exigences de larecherche scientifique.
Voilà un vrai pavé jeté dans la mare des instruments d’évaluationdes économies nationales qui sont finalement loin d’être honnêtes. Et quand onvoit que l’Algérie collectionne des mauvaises notes dans pratiquement tous lesdomaines, on se demande si elle ne subit ce travail de sape «scientifique» decertains lobbies qui favorisent des pays «poulains» dont la diplomatie estcalquée sur celle des grandes puissances.