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Mutations énergétiques mondiales et perspectives d’évolution du cours du pétrole 2018/2030

19-04-2018 19:25  Pr Abderrahmane Mebtoul

 Je tiens d’abord à remercier vivement Mr le Ministre de l’Energie et Monsieur  le PDG de Sonatrach pour cette aimable invitation. Permettez moi de me recueillir à la mémoire de nos martyrs lors du crash d’avion à Boufarik et présente mes condoléances les plus attristées à son Excellence Mr le Président de la République, Ministre de la défense nationale, à Mr le vice ministre de la défense nationale chef d’Etat major de l’ANP et à toutes leurs familles et proches. Cette contribution, à l’occasion  des onzièmes Journées scientifiques et techniques (JSTde Sonatrach à Oran du 16 au 19 avril  2018, sous  le Haut Parrainage de son Excellence,  Monsieur le Président de la République, rentre dans le prolongement  de mes  trois interventions des liens entre sécurité et développement, la première le 12 mai 2015, la première  à l’invitation d Mr le Directeur Général de  la sureté nationale,  à l’école supérieure de police de Châteauneuf Alger ,sur l’évolution du prix du pétrole  face aux mutations mondiales, la seconde  à l’invitation du Ministère de la défense nationale IMPED le 27 mars 2018 sur la sécurité  et le trafic des frontières sous le patronage de Mr le Vice Ministre de la  défense nationale, Chef d’Etat  Major de l’ANP le 27 mars 2018   et la troisième le 01 avril 2018 sur la sécurité alimentaire, de l’eau  et la sécurité énergique à la salle des conventions sous le haut patronage de son Excellence Mr le Président de la République. Sonatrach c’est  l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach, sa gestion et son devenir  posant la problématique de la sécurité nationale. La transition  pouvant être définie comme  le passage d’une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu onéreuse, à une civilisation où l’énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant  pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock, le  développement des énergies flux  inépuisables.  D’une manière générale,  l’énergie est au cœur de la souveraineté des Etats et de leurs politiques de sécurité allant parfois à provoquer des guerres. Les avancées techniques (Gnl-gaz  naturel liquéfié, gaz de schiste, amélioration des performances d’exploitation de gisements d’hydrocarbures, énergies renouvelables) couplées aux  dynamiques économiques modifient les rapports de force à l’échelle mondiale  et  affectent également les recompositions  politiques à l’intérieur des Etats comme à l’échelle des espaces régionaux. Après avoir analysé les principaux déterminants du prix du pétrole, interdépendants, à la hausse ou à la baisse, je recenserai  sept axes directeurs pour la transition énergétique  de l’Algérie.

Les dix facteurs déterminants interdépendants   des cours  du pétrole 2018/2020/2030

Le cours du pétrole a été coté le 19 avril  2018  à   74,11 dollars le Brent et à 68,78 dollars le Wit, encore que 33% des recettes de l’Algérie proviennent du gaz naturel dont  le cours  fluctue entre 2,60 et 2,70 dollars le MBTU  ( en nette  baisse par rapport à avril 2017 ) est déconnecté vis à vis du pétrole. Il existe huit   raisons interdépendantes qui fixeront son cours futur soit à la hausse soit à la baisse

- La première raison, sont les tensions géostratégiques au Moyen Orient notamment en Syrie, notamment avec l'attaque de la coalition USA-France-Grande Bretagne  le discours du président américain vis-à-vis de l'Accord avec l'Iran, certes atténué par la position européenne.que le monde connait un froid inégalé accroissant la demande.

-La deuxième raison, comme vient de le souligner le rapport de janvier 2018 de la Banque mondiale est une reprise de la croissance pour 2018, mais avec une prévision de ralentissement pour 2019 sans réformes, de l'économie mondiale en Europe, USA et notamment de la Chine et de l'Inde, mais devant être attentif aux mutations du mode de croissance. Pour le cas Algérie c'est la décision du gouvernement de relancer la dépense publique, notamment dans le Btph -infrastructures qui a fait que la BM a révisé à la hausse le taux de croissance de l'Algérie, donc une action conjoncturelle fonction des recettes de Sonatrach et de la maîtrise ou pas du financement non conventionnel..

-La troisième raison, est le respect, globalement, du quota des membres de l'Opep décidé en décembre 2016 à Vienne avec des perspectives de reconduction de l'accord, notamment de l'Arabie saoudite qui représente 33% du quota Opep, l'Opep dans sa totalité représentant 33% de la commercialisation mondiale, 67% se faisant hors Opep, l’introduction du pétrole-gaz schistes américain ayant bouleversé toute la carté énergétique mondiale. Selon  les observateurs internationaux, le cours souhaitable ne devrait pas dépasser 70 dollars afin d'éviter l'entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables à un cours supérieur à 60 dollars, inondant ainsi le marché. L'AIE vient de faire savoir en ce mois de janvier 2018, que pour 2018, la production américaine si le cours se maintient supérieur à 60 dollars dépasserait pour la première fois la production de l'Arabie saoudite.

-La quatrième raison, est l'entente hors Opep entre l'Arabie saoudite et la Russie, ces deux pays produisant plus de 10 millions de baril/ jour.

-La cinquième raison, est la situation politique en Arabie saoudite, les Bourses ne voyant pas encore clair de l'action du prince héritier dans la lutte contre la corruption, avec la crainte de tensions politiques internes, mais surtout de la vente de 5% d'actions d'une partie de la grande société Aramco, afin de maintenir l'action à un niveau élevé, vente qui a été reportée.

-La sixième raison, est la tension au Kurdistan, cette zone produisant environ 500 000 barils/jour, la baisse de la production vénézuélienne, les tensions en Libye et au Nigeria

-La septième  raison, est la faiblesse du dollar par rapport à l'euro (1,2367 dollar un euro).

-La huitième raison  est la baisse des stocks américains, une baisse relative de la production US, avec une reprise annoncée durant le premier semestre 2018.

-II-Les sept axes de la transition énergétique  de l’Algérie 2018/2020/2030

1.-Le premier axeconsiste à améliorer l'efficacité énergétique afin d’économiser, en s’appuyant sur les nouvelles techniques, la consommation d'énergie tant au niveau des ménages que du secteur économique. La plus grande réserve de gaz et de pétrole  pour l’Algérie,  ce sont les économies d’énergie pouvant aller à 15/20%. Cela implique  de revoir notamment  les politiques actuelles désuètes de l’habitat et du transport  et un large débat national sur les subventions actuellement non ciblées source de gaspillage et de fuites de produits hors des frontières. Je préconise  au niveau du Premier ministre, en relation avec le ministre des finances, de la création  une Chambre nationale de compensation afin de cibler les subventions destinées aux couches les plus défavorisées et aux secteurs qu’on voudrait encourager d’une manière transitoire. Ceci suppose la mise en place  d’un système d’information en temps réel performant. . Si on reste au niveau des prix subventionnés actuels (à peine entre 5/ 10 % du prix international selon les utilisateurs, ménages ou opérateurs), la consommation intérieure en 2030 sera l’équivalent et plus des exportations actuelles, environ 60 milliards de mètres cubes gazeux. Il est manifestement impossible de continuer à cette allure. Comment ne pas rappeler que chaque année, les entreprises d'extraction d'énergies fossiles du monde entier reçoivent 4740 milliards d'euros de subventions publiques, soit près de 167.000 € par seconde (compteur), soit selon le FMI lors de la COP 21 plus de 5000 milliards de dollars, donc une concurrence déloyale vis-à-vis des autres sources d’énergie.

2.-Le deuxième axeest l’investissement dans l’amont pour les hydrocarbures traditionnels. Il faut être réaliste,  l’Algérie sera   fortement dépendante du cours des hydrocarbures, encore au moins sept à dix années, sous réserve que la production hors hydrocarbures prennent la relève  horizon 2025/2030, nécessitant un nouveau management stratégique 2020/2030  de Sonatrach qui reste avec ses filiales la propriété de l’Etat  à 100%( n’étant nullement question de la privatiser). Il faut reconnaitre le dynamisme de l’actuelle équipe dirigeante  pour y faire face. L’Algérie dont le quota OPEP est de 1,2 millions de barils jour auquel il faut soustraire les 50.000 barils de réduction doit être  attentive au cours du gaz  qui représente plus de 33% des recettes de Sonatrach,  les  contrats à moyen et long terme dans leur majorité  expirant entre 2018/2019. Dans ce cadre,   l'Algérie a décidé d'investir en amont pour de nouvelles découvertes car elle recèle encore d’importantes potentialités. Mais pour la rentabilité de ces gisements tout dépendra du facteur prix au niveau international et du coût d’exploitation. Pour ma part, j’ai précisé, dans plusieurs rapports destinés au gouvernement algérien, que le retour à des cours supérieurs à 100 $ le baril était totalement exclu. Donc la rentabilité devra s’inscrire, pour les grands gisements, entre  35/45 dollars, les gisements moyens  entre 45 et 60 $ et pour les gisements marginaux entre 65 et 75 $.

3.-Le troisième axe, est le développement des énergies renouvelables. Selon l’Agence spatiale allemande (ASA), pour l’Algérie, le potentiel est estimé à 169,440 téra-watts heure/an (TWH/an) pour le solaire thermique, et de 13,9 TWH/an pour le solaire photovoltaïque, ce qui équivaut à environ 60 fois la consommation de l’Europe des 15 (estimée à 3 000 TWh par an). L’énergie solaire journalière dans le désert équivalent- pétrole est estimée à 1,5 baril par km².  L’Algérie selon les  directives de son Excellence Mr le Président de la République s’oriente vers un  Mix énergétique  dont les énergies renouvelables au sein du  bouquet énergétique qui deviennent une priorité nationale. Les responsables du Ministère de l’énergie viennent d’annoncer en ce mois de mars 2018 qu’un total de 27% de la consommation énergétique en Algérie proviendra à l’horizon 2030 des énergies renouvelables, et ce grâce à  la mise en place d’un programme (en cours de réalisation) relatif à la production de 22 000 mégawatts d’énergies propres (solaire, éolienne etc.). Est ce que cet objectif est réalisable sans lever certaines  contraintes institutionnelles pour plus de cohérence  ( ce segment devant relever du Ministère de l’Energie)  socio-économiques et techniques? L’Algérie a tout ce qu'il faut pour développer l'utilisation de l'énergie solaire dans  le cadre d’un partenariat gagnant / gagnant. La ligne qui a été fixée est de développer un partenariat privé national / privé international. A cet effet, plusieurs décrets ont été publiés au niveau du CREG (l'agence de régulation qui dépend du ministère de l’énergie) pour accompagner la mise en œuvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables dans le cadre de  la mise en place d'un Fonds national de maîtrise de l'énergie (FNME). L’évolution du prix du marché sera évidemment déterminante pour pouvoir investir et assurer la rentabilité des investissements. Sur les 22 000 MGW projetés, un peu plus de 500 MGW ont été déjà produits, jusqu’à fin 2017, à partir de 23 centrales photovoltaïques à travers le territoire national, Dans le domaine du transport, un million de véhicules seront convertis à l’horizon 2030 (programme national) à deux sources d’énergies propres qui sont le gaz naturel comprimé (GNC) et Sirghaz (GPLC), en remplacement des carburants polluants. Il a été prévu en 2018, selon l’Aprue, la conversion de 50 000 véhicules aux énergies propres ainsi que 100 000 autres véhicules en 2019. Contrairement aux carburants classiques, le GNC et le GPLC réduisent significativement les émissions de gaz à effet de serre (CO2 et CO) et les émissions polluantes, Je rappelle que ’Algérie a décidé d’appliquer les résolutions  de la COP 21 et de la COP 22 (récemment tenue à Marrakech) concernant le réchauffement climatique ; le ministre de l’énergie nous a donné toutes les garanties à cet égard.

4.-Le quatrième  axe, est l'option du pétrole / gaz de schiste, l’Algérie en étant le 3ème réservoir mondial selon des études internationales. Devant éviter toute désinformation, quant au pétrole et gaz de schiste,,  l’Algérie qui possède la troisième réservoir mondial (près de 20.000 milliards de mètres cubes gazeux selon une étude américaine), selon les directives de  plusieurs conseils de ministres, et  des déclarations du Ministre de l’Energie, les  négociations notamment avec d’importants partenaires étrangers, l’Algérie est  uniquement en phase d’exploration et non d’exploitation.. J’ai eu l’honneur de diriger ce dossier remis au gouvernement en janvier 2015,  en m’appuyant sur l’avis de 27 experts.  Nous avons fortement préconisé d’éviter une position a priori tranchée pour ou contre car il convient de sensibiliser la population et de mener un large débat national. On ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques dans le sud. Mais l’examen de la situation avec les experts, laisse espérer que des nouvelles techniques apparaîtront dans un délai d’environ cinq à sept ans, permettant d’économiser l’eau et de réduire considérablement l’injection de produits chimiques à partir de la fracturation hydraulique.

5.-Le cinquième axe, l'Algérie a décidé de construire sa première centrale nucléaire au-delà de 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d'électricité galopante. Actuellement, des pourparlers sont en cours, mais à relativement long terme compte tenu des problèmes liés à l’exploitation des gisements d’uranium et surtout à la formation.

6.- Le sixième axe ,  est la nécessité de revoir  certains articles de la  loi sur les hydrocarbures de  février   2013. Rappelons que  la loi sur les hydrocarbures en vigueur a introduit un système d’écrémage des superprofits applicable aux bénéficiaires du taux réduit de l’Impôt complémentaire sur le résultat (ICR). Elle a aussi élargi le contrôle fiscal aux compagnies pétrolières étrangères opérant en Algérie, alors qu'auparavant, seul le groupe Sonatrach était considéré comme sujet fiscal, soumis aux obligations de contrôle de sociétés, prévu par le code des impôts algérien. La loi actuelle a également révisé la méthodologie de détermination du taux de la Taxe sur le revenu pétrolier (TRP) qui est, depuis 2013, basée sur la rentabilité du projet au lieu du chiffre d’affaires. Elle a maintenu l’exercice exclusif par Sonatrach de l’activité transport par canalisations des hydrocarbures et des produits pétroliers, comme elle accorde la priorité à la satisfaction des besoins en hydrocarbures liquides et gazeux du marché national, notamment à travers un dispositif obligeant les contractants à céder au prix international une partie de leur production. La loi en vigueur donne la possibilité d’acquittement en nature de la redevance, et a clarifié et précisé certaines missions de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH) et de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft). Or, avec la baisse drastique  du prix du pétrole ayant eu comme effet, en Algérie, la réduction de la dépense publique via la baisse des recettes d’hydrocarbures de plus de 40%, les sociétés étrangères, face à un cours fluctuant entre 50/65 dollars, deviennent plus exigeantes dans le choix des opportunités disponibles à travers le monde, surtout avec les nouvelles découvertes et les nouvelles technologies.  Sonatrach qui compte investir 78 milliards de dollars dans les cinq prochaines années pour développer des projets pétroliers et gaziers a besoin de partenaires internationaux pour mener cet ambitieux plan qui sera axé sur l’exploration, la production, le raffinage et la pétrochimie. Aussi des  modifications s’imposent  afin de faciliter la prise de décision d’investissement aux compagnies pétrolières en leur permettant d’avoir une visibilité pour asseoir des investissements à long terme,  d'améliorer l'attractivité de notre pays en direction des partenaires étrangers, du fait  que la plupart des appels d'offres lancés par l'Algérie pour la recherche et l'exploration pétrolières se sont  avérés infructueux ces    dernières années.  Une réflexion doit donc être engagée dans sa partie fiscale, l’ écrémage progressif au delà de 30  dollars  n’étant plus approprié, le baril n’étant plus de plus de 100 dollars comme en 2013, ainsi que certains volets de la partie financière ,  de façon que l'investisseur et l'Algérie soient gagnant-gagnant. Certains experts préconisent de revenir au partage de la production afin de partager le risque car une   loi  doit s'adapter,  devant  épouser la conjoncture actuelle du monde pétrolier qui n'est pas statique mais dynamique et qui évolue continuellement. Il faut aller dans le détail de la réglementation, pour bien protéger nos intérêts, par la définition de contrats types et pour le contrat d’exploitation, il s’agira d’en affiner le contenu pour mieux gérer les charges variables, parfois difficile à contrôler. Mais, la modification d’une  loi et ceci est valable pour tous les secteurs, est une condition nécessaire  mais  cela ne suffit pas  pour attirer l’investissement ne devant jamais  oublier que Sonatrach évolue dans un environnement contraignant  d’où  l’urgence de profondes réformes structurelles afin de lever  les contraintes d’environnement dont la bureaucratie étouffante, en termes de sécurité des investissements,  le système financier, , système  socio-éducatif, le foncier qui bloquent les initiatives créatrices. Pour ma part en tant qu’expert, je préconise que Sonatrach (pas question de privatisation , propriété de l’Etat à 100% ainsi que ses  filiales ) revienne à ses métiers de base  et que s’il n’est pas question de toucher à la règle des 49/51% pour les  grands gisements, pour les nouveaux projets de canalisations  dont le  taux de profit est en moyenne inférieur de 30% par rapport à l’amont, et pour les petits gisements, se pose la règle des 49/51%, où l’on pourrait imaginer une minorité de blocage de 30%.

7.- Le septième axe,  est d’améliorer le management de Sonatrach. Sur le plan des résultats financiers, il s’agira   dans la gouvernance de Sonatrach de discerner  au vu du résultat but d’exploitation,  ce qui est imputable à une bonne gestion interne et ce qui est imputable aux aléas internationaux qui sont déterminants, existant des liens dialectiques entre une bonne organisation et la réduction des couts pour être concurrentiel.  Il s'agira donc d'élaborer un modèle de simulation donnant plusieurs variantes en fonction des paramètres et variables -fonction de contraintes qu'il s'agira d'éliminer pour éviter des effets pervers, gérer étant prévoir surtout pour cette entreprise stratégique pour le pays. La démarche devra être de type itératif. Elle consistera à itérer les séquences en plusieurs étapes : fixer les objectifs d'amélioration des performances reliés à chaque fonction où à chaque système de gestion, selon une démarche descendante et en vérifier le réalisme ( ratios, contexte) ; -évaluer l'ordre de grandeur des impacts attendus (gains, qualité, délais, coût...) selon une démarche ascendante ; -évaluer les moyens et les délais nécessaires (ordre de grandeur) et enfin vérifier qu'à chaque objectif fixé peuvent être associés des indicateurs de performance faciles à mettre en œuvre. Cette simulation permettra la mise en place de deux ou trois scénarios d'amélioration des performances de Sonatrach tenant compte de l'évolution erratique tant du cours du dollar, de l'euro que du cours du pétrole et du gaz , permettant d' identifier chaque action, décrire le contenu, évaluer les moyens, les délais, les coûts associés à l'action, vérifier le niveau de gain attendu éventuel, rédiger une fiche descriptive de chaque action accompagnée d'un tableau récapitulatif des moyens, coûts et gains attendus et enfin établir un tableau récapitulatif des indicateurs de performance à prévoir.

Conclusion :  s’adapter à la nouvelle  transition énergétique

Pour l‘Algérie,  une hausse d'un dollar en moyenne annuelle procure entre 500-600 millions de dollars supplémentaires à l'Algérie soit à 60 dollars à 6 milliards de dollars/an en référence à la loi de finances établie à 50 dollars et 12 milliards de dollars si le cours  en moyenne annuelle se maintient à 70 dollars permettant de limiter le financement non conventionnel.  Encore comme rappelé précédemment que 33% des recettes de l’Algérie proviennent du gaz naturel. Cependant,  il faut éviter à tout prix de vivre de l'illusion de la rente éternelle et penser en urgence, pour des raisons de sécurité nationale à un nouveau modèle de consommation énergétique (mix énergétique dont l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables dont le coût a diminué de plus de 50%) et surtout à une stratégie de développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, supposant de profondes réformes structurelles, le statu quo et l'immobilisme conduisant forcément à la cessation de paiement horizon 2020 - 2022.

 Aussi, c’est  une erreur stratégique de raisonner sur le modèle de consommation énergétique linéaire du passé. C’est dans ce cadre que doit être mis en œuvre, pour l’Algérie,  un programme national cohérent  de la transition énergétique posant la problématique de sa sécurité énergétique  maîtrisée s’insérant dans le cadre global d’une transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Cela suppose de revoir l’actuel  modèle de consommation énergétique, posant la problématique des subventions dans le domaine énergétique,  et de lever toutes les contraintes bureaucratiques d’environnement qui freinent l’expansion de l’entreprise publique ou privée  créatrice de valeur ajoutée et son fondement l’économie de la connaissance. Le rapport offre/ demande à court terme, la structuration de la croissance de l’économie mondiale  et la nouvelle configuration énergétique mondiale qui se dessinent 2017/2030, avec de nouvelles énergies alternatives concurrentes, seront à l’avenir les déterminants tant du cours du pétrole que celui du gaz naturel.  L’énergie est au cœur  du développement et de la sécurité nationale.  C’est dans ce cadre  qu’il s ‘agit à la fois de revoir la loi des hydrocarbures de février 2013  et d’imaginer un nouveau management stratégique de Sonatrach pour s’adapter à ces importantes  mutations, le monde  devant  connaitre une profonde  mutation énergétique entre 2020/2030 /2040 auquel l’Algérie ne saurait y échapper mais qui concernent tant le domaine militaire, sécuritaire, social, culturel , étant à l’aube de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur l’innovation permanente et les industries écologiques

Ainsi, un changement  de cap s’impose afin démentir les prévisions de la banque mondiale dans son récent rapport  du 16 avril  2018  ou  il  est affirmé au sujet de l’utilisation par l’Algérie du financement non conventionnel, la qualifiant de « très préoccupante » et annonçant que « le pays se dirige vers une crise financière ».La  croissance du PIB devrait s’établir à 3,5 % en 2018, puis ralentir les années suivantes. Les économistes de la Banque Mondiale tablent  sur une croissance à 2% en 2019 et 1,3% en 2020, la qualifiant  de «  croissance « anémique ». En raison du recours à la planche à billets l’inflation en termes réels  s’établira à 7,5% en 2018, puis 8,1% en 2019 et 9% en 2020, .prévoyant  une aggravation du double déficit en 2018 en raison du maintien du niveau de dépenses publiques à un niveau élevé non compensé par une hausse des recettes,  le déficit budgétaire devant  atteindre en 2018  11,4 % du PIB, puis diminuer grâce à un rééquilibrage des finances publiques au cours de la période 2019-2020 (5,2% en 2019, puis 1,9% en 2020). Outre les  conflits récents avec nos principaux partenaires notamment l’Union européenne, selon la Banque mondiale le  régime de licence n’a pas permis de limiter le volume des importations ayant un impact sur le niveau des réserves  de change  ,17 mois d’importations à la fin de 2017 et   que cinq mois d’importation d’ici 2020. De cette situation en raison de  la croissance léthargique du secteur hors hydrocarbures, le taux de chômage a atteint 11,7% en septembre 2017 et pourrait dépasser 13% en 2018. Ainsi selon la BM s’annoncent pour l’Algérie de vives tensions budgétaires« car dans le cadre budgétaire actuel (2018-2020), adopté dans la loi de finances de 2018, les dépenses publiques resteront très élevées et ne seront pas contrebalancées par l’augmentation des recettes publiques qui pourrait résulter de la remontée escomptée des cours et de la production du  pétrole » du fait que directement et indirectement Sonatrach  procure 97/98% des recettes en devises, le dérapage du dinar tant par rapport à l’euro qu’au dollar pour combler le déficit budgétaire ayant une limite, étant une solution conjoncturelles ( épargne forcée)  d’où l’importance de profondes réformes structurelles et changer la trajectoire de la politique économique l’adaptant aux nouvelles mutations mondiales. [email protected]

Intervention  le 19 avril 2018  Professeur des universités, expert international  Dr Abderrahmane MEBTOUL  Directeur d ‘Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1980-1990/1995-2000/2008- Sous  le Haut Parrainage de son Excellence,  Monsieur le Président de la République des 11èmes journées du JST  de Sonatrach à Oran du 16 au 19 avril 2018. 


ANNEXE

Prévisions  du FMI  et  de la  banque mondiale  avril 218

Beaucoup d'inflation et croissance de dette publique!

 

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