Maitre Mokrane Ait Larbi, observateur avisé du « théâtre » politique algérien, a évoqué dans un entretien au journal Liberté la « paralysie » des institutions politiques, conséquence de la maladie du président Bouteflika, qui va boucler le 17 avril, la première année de son quatrième mandat. Il a également parlé des procès Sonatrach 1 (en sa qualité d’avocat dans le collectif de défense) et de celui de l’autoroute Est/Ouest.
Et sans vouloir apporter de jugement sur les capacités physique du président, question relevant des médecins, il admet néanmoins que malgré sa maladie, il (le président) ne veut pas lâcher le pouvoir, par crainte d’une éventuelle vengeance de ses amis avant ses adversaires ». Mais ajoute l’avocat« le Président pourrait envisager des élections avant la fin de son mandat dès que les conditions d’assurer la continuité par un candidat accepté par les différents groupes du pouvoir sont réunies.
Au sujet de la révision de la constitution, qui revient ces jours-ci au devant de l’actualité (un avant projet serait déposé sur les bureaux des président de Conseil de la nation et de l’APN), l’avocat croit savoir que « le projet sera soumis au Parlement pour adoption, en application de l’article 176 de la Constitution qui permet au Président, sur avis motivé du Conseil constitutionnel, de promulguer la Loi portant révision constitutionnelle, sans la soumettre à référendum populaire, si elle a obtenu les 3/4 des voix des membres des deux chambres du Parlement ».
Si le président venait à opter pour cette voie, qui suppose néanmoins des amendements cosmétiques, pas de surprise en vue, tant le Conseil constitutionnel et les deux chambres du parlement lui sont acquis, rappelle Ait Larbi qui pense que même un référendum , tel que revendiqué par l’opposition ne changera pas grand-chose à la donne. Concernant l’impact de la maladie sur le fonctionnement des institutions, en partant du fait que la constititon de 1996, de 2002 et de 2008 confèrent des pouvoirs exorbitants au président de la république, en vertu notamment des deux articles 77 et 78, il convient que le jeu institutionnel est grippé.
Conséquence de cette situation, à la fois inédite, mais surtout porteuse de danger, c’est le fait que, note l’ex sénateur démissionnaire « les décisions politiques (…) ne sont pas prises par des cercles qui n’ont pas vocation à le faire mais elles sont dictées par des groupes d’intérêts privés pour lesquels la situation est propice à déposséder les institutions de leur pouvoir et à détourner les projets vers l’enrichissement personnel.
Certains chefs d’entreprise sont arrivés à dicter publiquement aux pouvoirs publics la politique économique du pays ». Allusion à l’homme d’affaires Ali Haddad ? Pour ce qui est des procès Sonatrach 1 et celui de l’autoroute est/Ouest, l’avocat des « procès durs » comme on le surnomme, partage l’avis général en ce sens que les vrais coupables ne sont pas dans le banc des accusés. « Dans ce genre d’affaires, le pouvoir politique ne cherche pas les vrais coupables; la police et la justice font le reste.
Le parquet aujourd’hui n’est pas en mesure de poursuivre les hauts responsables cités dans les dossiers. L’application de la loi pénale nécessite l’indépendance de la justice et de la police judiciaire, et la libération des magistrats du parquet de la tutelle exercée par le Pouvoir politique par la voix du ministère de la justice, notamment en matière de poursuites », explique –t-il.