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Mohamed Djellab annonce la fin des soins gratuits dans les hôpitaux publics

20-01-2015 21:52  Mourad Arbani

C’est une annonce à charge politique et émotionnelle forte que le ministre des finances a fait lors de son audition mardi par la commission des finances du Conseil de la Nation. C’est la fin de la gratuité des soins dans les hôpitaux publics, l’une des vaches sacrées de l’époque du socialisme.

Une nouvelle démarche est en cours d'élaboration au niveau du gouvernement visant à donner "un aspect économique et commercial" au service public au lieu de "l'aspect social" qui "alourdit la charge du Trésor public en raison de l'importance des subventions" destinées aux transferts sociaux lesquels, selon lui, représentent 30% du PIB annuellement, a résumé le ministre.

"A l'avenir, le citoyen paiera ce qu'il doit payer dans un hôpital public (en contrepartie de ses soins). Chacun doit assumer ses responsabilités", a t-il expliqué en assurant néanmoins que l'Etat veillera à ce que les subventions "soient réservées progressivement aux couches défavorisées".

"Rationaliser l'intervention sociale du gouvernement"

"Nous n'allons pas abandonner ces couches (défavorisées), mais nous devons les préparer à l'insertion économique (...). Comment distinguer entre celui qui peut et celui qui ne peut pas payer les prestations au niveau des hôpitaux ? Ce genre de mécanismes, en vigueur dans les pays où les prestations sociales de l’Etat sont bien encadrées juridiquement, n’existent pas dans notre pays, même s’il va bien falloir les inventer.

Il viendra le jour où nous devrions rationaliser l'intervention sociale du gouvernement", a ajouté le ministre des finances qui évoque la mise en place  d’un nouveau modèle de croissance fondé sur le financement de l'économie par le marché.

A travers ce nouveau modèle, "nous allons sortir graduellement du financement par le Trésor pour nous diriger vers le financement par le marché", a-t-il affirmé, en précisant que cette nouvelle démarche concernera tous les secteurs d'activité.

"Toutes les entreprises économiques publiques vont financer leurs investissements (lorsqu'ils sont importants) à travers le marché obligataire", a soutenu M. Djellab rappelant l'entrée en bourse prochaine de huit entreprises publiques.

Dans ce contexte, le ministre a fait savoir que son département ministériel travaillait sur un nouveau dispositif visant à réformer la Bourse d'Alger pour lui permettre d'attirer plus d'opérateurs.

Évoquant la baisse des cours du pétrole et le dispositif prévu par le gouvernement pour faire face à ses répercussions, M. Djellab a précisé que ces mesures entraient dans le cadre d'une politique de rationalisation des dépenses publiques et qu'il ne s'agit aucunement d'une politique d'austérité.

Le gel du recrutement ne concerne pas l'éducation et de la santé

Selon lui, tous les scénarios sont prévus, et ce, quelle que soit l'ampleur de la baisse des prix de pétrole. Concernant le gel de recrutement dans la fonction publique en 2015, M. Djellab a expliqué que cette mesure ne concernait pas tous les secteurs tels ceux de l'éducation et de la santé.

Concernant la rationalisation des importations décidée par le Conseil restreint en décembre dernier, M. Djellab a considéré que les dispositifs réglementaires ne pouvaient pas, eux seuls, cadrer le marché et que la concurrence devrait jouer son rôle.

Par ailleurs, le ministre a indiqué que le gouvernement avait donné son aval pour allouer un montant de 22.100 milliards de DA au plan quinquennal 2015-2019.  Interrogé par l'APS, en marge de cette séance d'audition, sur les détails des dispositifs prévus par le gouvernement en cas d'une éventuelle chute des prix du brut en deçà des 40 dollars, le ministre a répondu: "Nous avons tous les scénarios et toutes les projections. Face à tout niveau des prix du brut sur le marché, nous lui avons fait des projections".

Interrogé également si une loi de finances complémentaire était prévue pour réajuster notamment le niveau des dépenses publiques, M. Djellab a souligné qu'aucune décision n'était prise pour le moment à ce sujet, assurant que la loi de finances 2015 permet, déjà, un contrôle suffisant des dépenses et des recettes.



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