Des militants des droits de l'homme au Maroc ont appelé, mardi, à la remise en liberté des détenus du mouvement de protestation "Hirak Errifi" dans la région du Rif.
En effet, des militants maghrébins viennent de lancer une initiative pour amener le Maroc à traiter avec "sagesse" les revendications légitimes du Rif et à libérer les détenus, mettant l'accent sur la nécessaire intervention du Roi pour dénoncer le recours, dimanche dernier, des autorités à des éléments étrangers pour disperser un mouvement de soutien à "Hirak Errif", au moment où le mouvement de protestation pacifique se poursuit dans la ville d'El Hoceima.
Des militants des droits de l'Homme comme Latifa El Bouhcini et Adnane El Djajouli ont appelé, via les réseaux sociaux notamment facebook, tous les acteurs, intellectuels, artistes et citoyens à signer une pétition appelant l'Etat marocain à faire preuve de "sagesse" dans le traitement de la situation, a indiqué le journal "Raï El Yaoum".
La pétition appelle à impliquer toutes les parties politiques et civiles y compris les leaders de "Hirak Errif" au lieu d'adopter "l'approche sécuritaire répressive", à prendre en charge les revendications socio-économiques des citoyens et à faire intervenir les différents mécanismes de médiation stipulés dans la Constitution ainsi que les organisations indépendantes des droits de l'Homme en vue de trouver des solutions efficientes et durables aux revendications légitimes.
L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) ainsi que le Forum des droits de l'Homme du nord du Maroc ont dénoncé la campagne de répression menée dimanche soir à Tanger (nord) par les autorités marocaines contre une manifestation organisée dans le cadre de la solidarité avec les protestations organisées par la population de la région du Rif, lit-on dans un communiqué conjoint rapporté par le journal "Raï El Yaoum".
Selon une source proche des militants des droits de l'homme, l'action de solidarité a été la cible " d'une attaque menée par un groupe de personnes, des repris de justice pour la plupart", ayant été transportés à bord de grands véhicules et soutenus par des éléments de l'administration locale, ce qui a entraîné des blessures aux membres de l'association marocaine.
En outre, les éléments de sûreté ont également répliqué à la marche " d'une manière brutale et barbare", selon la même source qui fait état de blessures de nombre d'activistes, dont le président du Forum marocain des droits de l'homme (FMDH), M. Abdelwahab Tadmuri .
"Hirak" déterminé à poursuivre les protestions pacifiques jusqu'à la satisfaction de toutes ses revendications socio-économiques
Dans le sillage du développement des événements, Nabil Ahamjik, l'un des leaders de "Hirak errif" à al-Hoceïma, a affirmé que la campagne d'arrestations qu'a connue la région d'al-Hoceïma et ses environs, suite aux événements du 26 mai, " n'est pas en lien avec l'application de la loi, mais relève plutôt d'une tentative de museler la mouvance populaire Hirak que connait la région avec l'arrestation et l'emprisonnement illégal de ses activistes en vue de mettre un terme aux protestations".
M. Ahamjik a posté sur son compte facebook ce message : " Après que le procureur général de la cour d'appel a émis un mandat d'arrêt à l'encontre de Nasser Zafzafi en vue d'une enquête pour entrave à la prière dans une mosquée, cette approche sera vouée à l'échec, car les crises ne se règlent pas par la violence mais par la voie pacifique".
"Il est inacceptable que l'Etat poursuive l'humiliation de son peuple, c'en est trop", a indiqué le leader avant de souligner que " la solution avait été auparavant posée par les militants, à savoir la prise en charge des revendications, et ce, en dépit du retardement dans leur mise en œuvre.
Solidarité européenne
Des villes européennes ont connu plusieurs manifestations de solidarité et de soutien au mouvement populaire dans le Rif, plus particulièrement quand l'Etat marocain a procédé à une série d'interpellations contre des militants, tandis que des pays occidentaux comme les Pays Bas et la Belgique ont manifesté leur inquiétude de voir le conflit se propager à d'autres villes et appelé les imams à éviter à s'exprimer sur le sujet du Rif.