Le Chef du MSP, Abderrazak Makri, est décidément unamateur de la politique. Après la gifle du chef d’état-major de l’armée, AhmedGaid Salah, qui lui a vertement signifié que l’ANP n’a «aucune tutelle»,il a tenté aujourd’hui de retourner maladroitement une situation à son profit dans un souci tout aussi tordu detransformer une défaite cuisante en victoire éclatante. Du grand écart !
En effet, dans un message diffusé sur le site web de son parti, AbderrazakMakri étonne son monde en déclarant sa flamme à l’armée et son chef et annonceson soutien à la déclaration de Gaid-Salah, ainsi qu’à «son esprit» porteur àses yeux «d’une valeur éthique qui va dans le sens de l’intérêt national».
Dansson exégèse à l’accent curieux, Makri est allé jusqu’à souhaiter que la mise aupoint de Gaid Salah puisse constituer «une rupture définitive avec lespratiques des anciennes époques où l’intervention (de l’institution militaire,ndlr) était claire, affichée et connue de tous». De fil en aiguille, le chefdu parti islamiste à l’origine de la proposition de voir l’armée Makriaccompagner une «transition démocratique», soutient bizarrement que sonparti n’est «nullement» visé par la réponse du chef d’état-major de l’ANP, aumotif qu’il n’a pas appelé à l’intervention de l’armée.
Pourtant le message du chef de l’armée estnet et sans bavure quant à son destinataire : «C’est étrange et illogique qu’à l’approche de chaque élection,certaines personnes et parties qui, au lieu d’œuvrer pour gagner la confiancedu peuple algérien en s’occupant de leurs préoccupations, s’éloignent du bonsens politique» a-t-il tonné dans on intervention diffusée par latélévision nationale.
Ou encore dans cet autre passage où il dit clairement quel’ANP n’a d’ordre à recevoir de personne mis à part le président de larépublique qui est légalement le ministre de la Défense et le chef suprême desarmées. «Il n’est d’autre tuteur pour l’ANP que les orientations duprésident de la République», appuie Gaid Salah.
Seul le président de la république…
Mais Abderrazak Makri qui excelle apparemment dans l’artde détourner le sens des déclarations, pense que la clarification du chefd’état major s’adresse plutôt au parti FLN et son SG, Djamel Ould Abbès pour,selon lui, écorner son excès de zèle.
Or, il est pour le moins difficile deprendre pour argent comptant ces conclusions hasardeuses de Makri dans sa vaine tentative de sauver la faceaprès s’être fait corrigé brutalement par Gaid Salah. «Mais malgré tout, ily a des gens qui se permettent de se présenter en tutelle de l’ANP et comme sonporte-parole parlant en son nom, oubliant ou faisant mine d’oublier que l’ANPest une armée du peuple algérien et une armée algérienne avec tout ce que cebon qualité renferme comme sens historique profond et hautes et nobles valeurs(…) », rappelle pourtant Gaid Salah.
Et d’enfoncer le clou : «Toutle monde doit savoir qu’il n’y a aucune tutelle sur l’ANP digne héritière del’ALN. Elle reçoit ses directives du moudjahid son Excellence le président dela République, le chef des forces armées et ministre de la Défense nationale». Ilest clair politiquement que le chef d’état major de l’armée a dressé un barrageà Makri et tous ceux qui partagent son initiative quant à l’impossibilité devoir l’ANP se ranger dans un autre camp que celui du président de la républiquequi en est sa seule tutelle.
Toutes ces explications et ces extrapolationsd’Abderrazak Makri relèvent d’unefiction politique destinée à cacher l’échec retentissant d’une initiativecurieuse qui aura polarisé le débat politique jusqu’à cet «ordre du jour» signéGaid Salah qui a sifflé la fin de la recréation.