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Madani Mezrag sort ses griffes

05-10-2015 13:41  Rafik Benasseur

C’est peut être la première fois que le président de la république est défié aussi clairement sur la place publique. Et par qui ? Par un ex chef terroriste ! Madani Mezrag, ancien émir de «l’armée» islamique du salut (AIS) qui a encore du sang sur les mains, ose un défi inédit vis-à-vis du président de la république, chef suprême de l’armée. N’ayant pas goûté la ligne rouge que lui a fixée le président s’agissant de sa volonté de créer un parti politique, Mezrag vient de tirer un coup de sommation.

Sur le plateau de la chaine islamiste El Watan TV, l’ex chef terroriste a tenu un discours musclé où il n’a ménagé personne y compris le président de la république «coupable» d’avoir enterré son rêve de lancer un parti. Il commence d’abord par prétendre que le «Le Président est dans un état qui ne lui permet pas de prendre des décisions». Autrement dit, il se met dans la peau d’un médecin et décide que Bouteflika est malade.

Ensuite, Mezrag affirme que Bouteflika «s’était déjà trompé sur notre compte en 2009 dans un discours à Oran...et notre réponse a été très forte et aujourd’hui le Président refait la même chose».

Lignes rouges franchies

Première contradiction, puisque le président s‘était trompé en 2009, pourquoi Mezrag pense aujourd’hui que sa décision d’interdire son parti est dicté par sa maladie ? Pourquoi n' y voit-il pas un signe de cohérence dans le discours du président à savoir qu’il n’est pas question de laisser Mezrag créer un parti ? L’ex chef terroriste doute tout de suite après, en entretenant le flou sur celui qui aurait soi-disant soufflé le discours à Bouteflika. «Quelle que soit la partie ou le conseiller qui est derrière, il nous oblige de lui répondre avec virulence».

Mezrag est donc passé d’une prétendue incapacité du président à prendre une telle décision, à celle de penser qu’il se soit trompé en 2009 et 2015 en toute connaissance de cause. Preuve en est qu’il le menace juste après comme suit : «On va lui rappeler notre réponse de 2009, et s’il ne revoie pas sa position, il va entendre de moi ce qu’il n’a jamais entendu auparavant».

Outrage

Voilà le genre de propos qui mènent directement vers la prison. On ne menace pas le président de la république comme cela, même si on ne partage pas son point de vue. A fortiori quand on est un ancien chef terroriste qui a pris des armes contre l’Etat. C’est un défi inédit que Madani Mezrag vient de lancer au président de la république dont, implicitement, il ne reconnait ni l’autorité ni la légitimité.

On est face à un cas de «rébellion» politique. Ceci d’autant plus que Mezrag pousse l’outrecuidance jusqu’à lâcher : «Celui qui va me donner des ordres n’est pas encore né ! ». C’est là une allusion claire au discours du président à l’occasion de la célébration du 10ème anniversaire de la réconciliation nationale dans lequel il l’a invité à ne pas remuer le couteau dans la plaie.

Il est curieux de connaitre la réaction des autorités après cette énième embardée de l’ex chef terroriste reçu comme une «personnalité nationale» à la présidence par le directeur de cabinet Ahmed Ouyahia, qui manifestement, dans cette invitation a outrepassé son rôle.



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