L'ambassadeur d'Algérie au Cameroun, Merzak Bedjaoui, a dit tout haut ce que pensent les décideurs algériens en général et les diplomates en particulier.
En effet, le diplomate algérien, qui était l’invité du Café politique du club des journalistes politiques du Cameroun, a, avec beaucoup de franchise, dénoncé l’ordre mondial gouvernant ainsi que la politique de la France qui a agressé militairement la Libye ce qui a engendré une déstabilisation de la région et une extension du terrorisme.
"Si la guerre en Libye n’avait pas eu lieu, Boko Haram n’aurait pas existé" a soutenu le diplomate algérien. Autrement dit, c'est l'intervention militaire occidentale et française en particulier de Nicolas Sarkozy qui a donné naissance au groupe extrémiste Boko Haram.
Parlant de l'Algérie et de sa lutte contre ce phénomène, l'ambassadeur souligne que "L’Algérie a fermement combattu le terrorisme à travers la déradicalisation. Elle est très importante. L’Algérie a eu une attitude claire dès le début. Certains pouvoirs étrangers ont mis la pression sur l’Algérie, mais elle a refusé d’effectuer tout paiement" (de rançons NDLR).
Pour Merzak Bedjaoui, ce sont ces différentes rançons versées qui financent l’expansion du terrorisme, la raison pour laquelle l'Algérie a suggéré à l’ONU de criminaliser le paiement desdites rançons ajoute le diplomate.
Revenant sur la politique de la France en Afrique, l'ambassadeur soutient que l'ancienne puissance coloniale met tout en œuvre pour maintenir le continent, en particulier l’Algérie, sous son joug colonial. «Ça n’a jamais été simple. L’Algérie n’a pas besoin de ce pays (la France, NDLR); c’est ce pays qui a besoin de l’Algérie."
Interrogé sur les problèmes de santé de chefs d’États africains relayés par les médias occidentaux, Merzak Bedjaoui martèle qu'on "ne dirige pas un pays avec les pieds, mais avec sa tête". N’écoutez pas ce qui est propagé à grands renforts par les pays étrangers. En Allemagne, le ministre de l’Économie est sur un fauteuil roulant ; aux États-Unis, Roosevelt qui a fait quatre mandats avait des soucis de santé, il en est de même de l’ancien Président d’un pays dont je ne vais pas citer le nom ici. À notre sens, Jacques Chirac a fait deux mandats et "menti" sur sa santé. Mais quand c’est chez nous, ils montrent que c’est un drame" a-t-il fait valoir.
Dans le même ordre d’idées, il soutient que l’ordre mondial en place n’est pas propice au développement des pays africains. «L’Algérie a proposé un nouvel ordre international parce qu'il ne faut pas se leurrer il y a un ordre international qui autorise ou pas le développement. Le prix du pétrole est fixé ailleurs. Dès lors, comment maîtriser le budget ?», se demande t-il.
L'Algérie, poursuit l'ambassadeur Merzak Bedjaoui, a échappé au "diktat" des bailleurs de fonds. "L’Algérie avait une dette de 44 milliards de dollars, au taux d’intérêt de 17%. Elle a remboursé par anticipation 116 milliards de dollars. Cela n’a pas été facile, car les pays prêteurs refusaient d’être remboursés. Mais, cela a permis à l’Algérie d’accumuler des réserves de change suffisantes qui évitent au pays de s’endetter sur le marché international."